NICOLE PELLETIER:
"Vous imaginez les enfants d'aujourd'hui? À quelle vitesse ils vivent? J'ai la certitude qu'il s'agit de mutants.
J'en ai eu la preuve un jour où je me suis arrêtée devant un dessin animé leur étant destiné. Je n'y comprenais absolument rien. En 45 secondes j'ai vu défiler une multitude de personnages qui ne semblaient s'adresser à personne, et des faisceaux de lumière et des lieux se bousculant aux 5 secondes, déconstruisant des murs, en vomissant d'autres et des cris et des machins déchiquetés. J'ai dit aux enfants: "Mais qu'est-ce c'est, bordel? Y a quelq'chose à comprendre?"
Alors un peu découragés de ma petitesse d'esprit, ils m'ont dépeint la situation initiale, l'élément perturbateur, la décision de turbo-machin d'éliminer sans procès la moindre trace de l'ennemi qui avait évidemment compromis la survie de la planète, les conséquences pour tout un peuple… et ils n'avaient que 10 et 12 ans! J'ai eu peur d'être déjà passée de l'autre côté de la réalité à laquelle j'appartenais!
Bref, ça va un peu trop vite à mon goût…"
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RICHARD LAPOINTE:
"Saviez-vous qu'il y a des effets à toujours vouloir aller plus vite ? Un de ses effets, c'est la dépendance.
Prenez votre IBook. Qu'auriez-vous fait s'il avait refusé de démarrer? Sans doute, la rage vous aurez dicté de lui flanquer des coups de marteau comme vous avez voulu le faire pour les 35 secondes d'attente que votre modem câble vous a fait subir. Par contre, cette solution n'aurait rien arrangé puisque vous avez besoin de votre IBook pour des recherches dans l'Internet.
Toujours est-il qu'après plusieurs essais (et quelques jurons québécois), le IBook ne veut pas démarré. Vous décidez d'appeler votre réparateur d'ordinateur pour votre faire dire de l'apporter pour qu'il puisse le diagnostiquer le problème. En raccrochant, vous le maudissez parce que ce n'était vraiment pas le bon moment qu'il vous lâche. En le prenant pour aller le porter chez le docteur, un flash vous passe par la tête: Richard Martineau gagne l'or pour le lancer du disque. Euh! C'était plutôt un IBook.
Rendu chez le docteur, il vous dit que le bloc d'alimentation doit être changé. Il faut le commander et l'installer. Cela devrait prendre entre 7 et 10 jours. Et vous recommencez à maudire ce cher IBook qui, aujourd'hui, vous complique la vie.
Bref, déjà une demi journée de perdu et vous n'avez toujours pas commencé le travail pour lequel vous vouliez démarrer votre IBook. Que vous reste-t-il à faire? Vous trouvez un autre ordinateur ou encore aller à la bibliothèque nationale pour faire vos recherches. Et c'est dans votre malheur que vous redécouvrez comment c'était plaisant de faire des recherches à la B.N. De plus, technologie oblige, la recherche qui vous prenait une demi journée, vous prend maintenant quelques minutes."
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NELSON LAMOUREUX:
"Je me souviens il y a plusieurs années, une amie plus agée me disait qu'elle se souvenait (avec nostalgie peut-être bien qu'elle ne l'ait jamais précisé) de l'époque où, si tu voulais un arbre sur ton terrain, tu plantais une petite graine et, patiemment, tu t'en occupais, longtemps, et tu regardais cette petite graine prendre cinq, dix quinze et vingt ans à devenir l'arbre que tu voulais sur ton terrain.
Et elle d'ajouter ensuite qu'aujourd'hui (aujourd'hui à l'époque, il y a déjà plusieurs années, on s'entend), si tu veux un arbre, tu appelles la pépinière et le lendemain, tu as un arbre grand comme ta maison là, devant ta maison. Plus besoin de planter ta petite graine et de t'en occuper patiemment pendant vingt ans.
Ell me disait tout ça et j'ai toujours gardé cette pensée depuis. Je crois que non seulement le temps s'accélère, mais à mesure que ça se produit, les gens deviennent de plus en plus impatient. C'est un mélange explosif! Le temps s'accélère et la patience diminue. Quand trouvera-t-on le temps et la patience de se parler pour se comprendre? Peut-être éviterions-nous bien des conflits…"
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CHARLES BASENGA KIYANDA:
"Je lisais récemment un livre fort intéressant: "In Praise of Slow: How a Worldwide Movement Is Challenging the Cult of Speed" de Carl Honore.
La thèse de l'auteur? Chaque chose à la bonne vitesse. La technologie nous a permis d'accélerer plusieurs activités de notre vie, mais certaines choses se savourent mieux lentement. L'auteur passe en revue plusieurs mouvements qui proposent de pratiquer certaines activités plus lentement:
-slow food
-city slow
-slow sex
-tempo giusto (ou tempo juste, des musiciens qui jouent des pièces musicales plus lentement, prétextant que nous avons tendance a jouer les pièces, surtout classiques, plus rapidement que ce que le compositeur avait en tête)
La conclusion de l'auteur est qu'il est bon de relaxer et de pratiquer certaines activités plus lentement, sans toutefois tomber dans l'excès et de marcher a pas de tortue 24h sur 24 en n'accomplissant plus rien.
Quelques liens que j'ai trouvé rapidement qui pourraient vous
intéresser:
Simple Living
Slowdown Now
Vous n'êtes pas seul. Ceci dit, j'habite maintenant dans le Midwest américain et je vous suggèrerais de venir y faire un tour. J'ai arrêté de compter le nombre de fois où l'on m'a suggéré de marcher moins vite. Apparemment, y'a jamais le feu, ici!"