PIERRE MASSUE:
"Bonsoir M. Martineau. Comme vous, j'ai sauté au plafond en lisant la chronique de M. André Pratte. C'est un formidable chef-d'oeuvre de bassesse journalistique. Mais que voulez-vous, l'objectivité des uns s'étonne toujours de la chronique des autres habituellement réservée au journal publié dans une République de Bananes.
Comment un chroniqueur expérimenté comme M. Pratte peut-il s'abaisser jusqu'à renier l'essence même de sa condition de journaliste?
Ne vous étonnez pas. TOUT JOURNALISTE DE LA PRESSE a fait sa profession de foi envers le fédéralisme canadien. Et à preuve, je vous invite à lire ou relire le chapitre 11 du livre de Dave Greber, Paul Desmarais: un homme et son empire.
Ainsi, aux pages 205 à 210, il est CLAIREMENT expliqué que TOUS les journalistes engagés à LA PRESSE doivent souscrire à la convention du quotidien, convention MINIMALEMENT tacite entre la salle de rédaction et la direction.
Le premier article de cette convention (voir page 209) se lit comme suit: LE JOURNAL LA PRESSE CROIT EN UN QUÉBEC FORT AU SEIN D'UNE CONFÉDÉRATION CANADIENNE SUFFISAMMENT SOUPLE POUR SATISFAIRE AUX ASPIRATIONS LÉGITIMES DES CANADIENS DE LANGUE ET DE CULTURE FRANÇAISES. Tous les chroniqueurs, rédacteurs, journalistes sont passés au tamis, filtrés par cette approche rhodésienne de la nouvelle. Ainsi, ils souscrivent TOUS à cette politique, et s'ils s'y objectent, la rédaction voit à effectuer les corrections d'usage avant l'heure de tombée. Point final.
La Presse est à la solde de l'unité canadienne et ses plumes ardentes, l'avant-garde de l'unité canadienne. C'était la volonté de M. Desmarais d'imposer cette convention et croyez-moi, il a bien réussi.
Tous les journalistes de La Presse ont pour obligation, si ce n'est de faire la promotion du fédéralisme, à tout le moins, de ne pas lui nuire. Quitte à publier des chroniques qui ne réussissent qu'à insulter les esprits libres à la recherche d'une opinion éclairée."