Réaction au texte MUNICH: SPIELBERG AU BANC DES ACCUSÉS (10 janvier). Attention: ce texte révèle certains punchs du film. À ne lire que si vous l'avez déjà vu…
HUGO GINGRAS:
"Après avoir vu Munich, je ne crois pas que le message de Spielberg va jusqu'à prétendre qu'il n'y a pas de différence entre le terrorisme et le contre-terrorisme, tel que le sous-entend l'auteur de "Vengeance" George Jonas.
S'il est vrai que la scène finale, où Avner discute avec son ancier supérieur du Mossad de la futilité de sa mission et du fait qu'il ne reprendra plus jamais du service, peut nous laisser aux premiers abords sous l'impression d'un plaidoyer contre la résistance au terrorisme, il n'en reste pas moins qu'avec un peu de recul, on ne peut en venir à croire que le héros de l'histoire ait fini par éprouver quelque sympathie pour ces terroristes ni à remettre en question la justesse de sa cause.
En fait il s'interrogeait plutôt sur la façon dont son gouvernement a choisi de riposter à ce massacre insensé. On n'a qu'à repenser d'ailleurs à la façon dramatique avec laquelle Spielberg a recréé à la fin du film le dénouement
du siège de Munich en alternant ces scènes d'horreur avec le visage torturé d'Avner revoyant ces images dans sa tête pendant qu'il fait l'amour à sa femme…
Personnellement, je crois plutôt que Spielberg a tenté de nous montrer de façon spectaculaire à quel point l'on peut faire fausse route en adoptant les mêmes tactiques que celles des terroristes afin de les confronter (ce qu'Avner se trouve à expérimenter en traquant sans merci les noms figurant sur sa liste, allant même jusqu'à tuer sans l'ombre d'un remord l'agente qui a éliminé l'un des membres de son escouade en la traquant jusqu'en Hollande), ce qui ne fait qu'engendrer un cercle sans fin de violence.
En bref, il s'est retrouvé à tuer des gens sans se poser de question à savoir s'il existait de véritables preuves de leur implication dans le complot de Munich, ce qui se trouve en contradiction directe avec les fondements mêmes d'une société démocratique, dite civilisée. D'où
son questionnement au bout de cette aventure, qui n'a fini que par le laisser complètement paranoïaque et craignant constamment pour la sécurité de sa famille.
Et la morale de Spielberg: le vengeance est la voie facile à emprunter pour lutter contre le terrorisme, mais elle ne mène absolument à rien à long terme."