BloguesRichard Martineau

L’affaire Brigitte Serre

JEAN-MARC LIZOTTE:

"Bonjour M. Martineau, juste un mot pour vous dire combien je trouve pathétique de voir comment les médias essaient de rendre sympathiques des meurtriers en interviewant leurs parents.

Ces derniers ont une part de responsabilité dans les actions de leurs enfants alors qu'on arrête donc de les victimiser! Après tout, il y a une jeune femme qui est morte dans cette histoire, non?"
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Les parents sont-ils toujours responsables des actes de leurs enfants? C'est un peu facile de dire: c'est la faute à la mère, c'est la faute au père… Les jeunes adultes sont responsables de leurs propres gestes, ce n'est pas toujours la faute de leurs parents, de la société, de la télé, du cinéma, de la pub, du voisin d'à côté…

Moi, ce qui m'énerve, c'est quand on dit que l'assassin de la jeune Serre est un enfant du divorce, qu'il avait du mal à accepter d'être abandonné par son père, que ça lui a fait très mal, blablabla.
Comme si TOUS les enfants de parents divorcés tournaient mal! Comme si un fait expliquait l'autre, comme s'il y avait nécessairement un lien de cause à effet…
ÇA, ça me tape!

Désolé, mais plus je vieillis, plus je me rends compte que c'est difficile d'expliquer de tels gestes. Le chanteur Boule noire (Georges Thurston) a habité dans plus de 30 foyers d'accueil quand il était jeune, est-il devenu un meurtrier pour autant?
Rien n'explique ni ne justifie un meurtre aussi crapuleux.

Comme je l'ai écrit il y a quelques semaines dans VOIR:

"Pourquoi deux personnes qui sont passés par le même genre d'expériences et qui ont grandi dans le même genre d'environnement peuvent-ils avoir deux destins différents?

Prenez les pédophiles, par exemple.
On sait que la plupart des gens qui agressent des enfants ont déjà été agressés dans leur enfance. Mais ça ne veut pas dire que l'un mène directement à l'autre! Certaines victimes refusent de devenir des bourreaux à leur tour.
Qu'est-ce qui fait que certaines personnes croulent sous le poids de leur passé, et pas d'autres?

Pourquoi certaines personnes répètent-elles exactement les mêmes patterns qu'elles ont connus dans leur enfance, alors que d'autres, au contraire, réussissent à mettre un terme au cycle de violence?

Certaines personnes seraient-elles plus fortes? Plus solides? Plus déterminées?

On dit qu'il faut comprendre les criminels, comprendre d'où ils viennent et ce qu'ils ont vécu, au lieu de les juger aveuglément. Je veux bien. Reste que ce ne sont pas tous les pauvres qui sombrent dans la criminalité, que ce ne sont pas tous les enfants violés qui deviennent pédophiles, que ce ne sont pas tous les agressés qui deviennent agresseurs.
Comment expliquer ce fait?"