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Lettre ouverte

Citations de l'auteur français François Cavanna, tirées de son livre "Lettre ouverte aux culs-bénits" (1994).
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"Une religion dite "universelle" n'est qu'une secte qui a réussi commercialement parlant."

"Une religion établie n'est qu'une magie devenue "respectable"."

"C'est bien connu: dans les périodes d'inquiétude générale, l'animal humain perd les pédales, rejette – plus encore qu'à l'accoutumée – les arguments de sa raison et plonge à corps perdu dans les tentations de l'irrationnel rassurant et exaltant. La crédulité s'engraisse sur le désarroi comme la mouche verte sur la charogne."

"L'athée qui irait proclamant que l'inexistence de Dieu est démontrée serait en contradiction avec lui-même: il ferait acte de foi, cette foi fût-elle négative. En effet, ayant admis que la question même de l'existence d'un Dieu se situe hors du domaine des questions "permises" et n'a donc pas à être posée puisqu'on ne pourrait y répondre, dans un sens ou dans l'autre, que par des affirmations indémontrables, il la pose quand même et y répond péremptoirement.
"Non"  est tout aussi téméraire que "Oui". L'athée cohérent se garde bien d'accepter la discussion sur ce terrain. Une fois pour toutes, il ignore Dieu et le problème de son existence, il se conduit en tout sans tenir compte de ces chimères."

"Dieu est à la mode. Raison de plus pour le laisser aux abrutis qui la suivent."

"Ce qu'on a appelé "liberté de conscience", au long de l'Histoire, c'est la liberté, pour les insatisfaits du culte officiel massivement majoritaire dans un certain pays, de pratiquer une religion différente, généralement simple version légèrement déviante du culte officiel, à proprement parler : une hérésie.
Il n'a jamais été question de liberté de conscience pour les non-croyants. Quand le protestantisme version Calvin se fut imposé à Genève comme religion dominante, le simple soupçon d'athéisme vous conduisait au bûcher plus sûrement que la persistance dans la religion catholique, devenue à son tour "hérésie".
Aujourd'hui encore, surtout hors de France, ne pas croire en une version quelconque de Dieu est proprement impensable. L'athée est regardé avec une certaine répugnance, comme une espèce de monstruosité, d'ébauche humaine inachevée à qui il manque une faculté essentielle."

"Si vraiment ce monde où nous sommes a été créé, créé par quelqu'un qu'il est convenu d'appeler Dieu, alors tout se passe comme si ce personnage doué du pouvoir de créer (par définition) était un arriéré mental incohérent et brouillon, un impulsif à tendances sadiques, un caractériel infantile…
En somme, un enfant dieu débile et dangereux qu'on aurait isolé dans un coin lointain d'univers pour qu'il fiche la paix au monde en faisant joujou sur son tas de sable à arracher les pattes des mouches. Les mouches, c'est nous."

"Toutes les religions ont une explication de la "création" du monde, tous les livres sacrés commencent par là. Pas une seule religion n'a soupçonné quelle est la véritable forme de la Terre, la nature du ciel et des étoiles, les lois de la gravitation, les rapports entre la Terre, la Lune, le Soleil et les planètes, la constitution du corps humain, le rôle des micro-organismes dans les maladies, etc. Tous les livres saints, dès qu'ils se mêlent d'expliquer ce monde créé par le dieu qu'ils exaltent, déconnent à perdre haleine.
Tout se passe comme si les livres "sacrés", fondements intouchables de la foi, étaient les ouvres d'ignorants fumeux et prétentieux, d'illuminés en état d'excitation, de monomaniaques en proie à une idée fixe et n'en sachant pas plus sur la nature des choses que ce qu'en savaient les bonnes gens de leur époque."

"Au commencement était le Verbe, dit le supposé Évangile du supposé Jean. Le Verbe, c'est à dire la parole, mais vous aviez compris. C'est-à-dire aussi le baratin, pour le cas où vous n'auriez compris que jusqu'à un certain point. Quel aveu!"

"Dites voir, s'ils l'avaient empalé, leur Jésus-Christ, où les porteraient-ils, les stigmates, les élus de Dieu ?"

"Cette histoire d'âme, entité invisible, invérifiable et tellement flatteuse pour celui à qui l'on en concède une, est une invention formidable. Elle n'est pas la seule, toute religion est bâtie sur un système d'affirmations du même genre, impossible à démontrer et donc irréfutables, tout à la fois consolatrice et terrifiantes, mais, là, on est obligé d'admirer. Affirmer à une espèce animale, en l'occurrence la nôtre, qu'elle n'est qu'en apparence semblable aux autres par son aspect et la matière dont elle est faite, mais qu'elle possède, elle, une chose essentielle et sublime, immortelle de surcroît (vas y voir !), que les autres créatures de chair et de sang n'ont pas, que cette entité invisible est son véritable "moi" qui survivra à tout, le reste n'étant que vase provisoire, vile dépouille vouée à la putréfaction, et que cette "étincelle divine" la rend non seulement supérieure à toute espèce vivante, mais surtout différente en essence car procédant de la nature même de Dieu, ce qui lui donne droit de vie et de mort sur tout ce qui vit, quelle trouvaille ! C'est là le bon vieux coup de la race élue."

"La grande trouvaille des inventeurs du christianisme: "Dieu est amour!"
Et alors? Qu'est-ce que ça change?
Tu peux toujours prêcher aux hommes un dieu d'amour, ils se serviront de lui pour sanctifier leurs crapuleries et leurs crimes "pour la bonne cause" ainsi que les massacres de masse, curés bénisseurs en tête.
Dieu, on lui fait dire ce qu'on veut. C'est d'ailleurs à ça que ça sert."

"Conseils pour la route:
Pars de zéro.
Mets tout à plat.
Rejette toute tradition.
Méprise tout rituel
Ne respecte aucun tabou.
Tiens tout symbole pour ce qu'il est : du vent
Pisse sur le sacré.
N'écoute aucune parole "révélée".
Fuis ceux qui ont la vérité par la foi.
Crache à la gueule des charlatans du "merveilleux".
Ris de tout, pleure de tout, mais selon ton humeur.
Éduque ta raison, tu n'as rien d'autre.
N'admets pour provisoirement acceptable que ce que ta raison estime dûment démontré.
Laisse de côté les questions sans réponse.
Fuis la métaphysique.
Ne te conduis pas en fonction d'une morale transcendante.
Mais que ta morale soit faite des règles nécessaires à la vie de chacun dans une société harmonieuse et fraternelle.
… Sauf, bien sûr, si les hommes noirs prennent le pouvoir et rallument les bûchers. Dans ce cas, mon fils, fais semblant !"
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Merci à ROBERT MORIN pour m'avoir envoyé ces citations.