STÉPHANE LESSARD:
"C'est drôle comment une simple question peut mettre en évidence les incohérences d'une société. Bien sûr que le vocable «salaire» heurte notre oreille de sociaux-démocrates de salon, mais disons que ça se situe au même niveau que la différence entre «subvention» et «crédits d'impôt» pour une entreprise.
Alors, explique-moi pourquoi des parents doivent payer pour un service dont ils ne veulent pas se prévaloir? À mon avis, la question n'est pas ici de parler de salaire mais de droit de retrait avec compensation!!!
Bizarre de voir les péquistes sans cesse nous assommer avec leur maudite universalité alors qu'ils sont les premiers à brailler au fédéral pour se retirer avec pleine compensation, souvent sous prétexte que c'est leur champ de compétence.
Eh, bien j'ai du nouveau pour eux: les enfants, c'est le champ de compétence des parents, pas de l'État. Ils sont nombreux à vouloir se séparer du modèle soviétique péquiste pour, entres autres, ne plus être à la merci des «alliés naturels que sont les syndicats» et surtout faire se transmettre leurs valeurs.
Oui, oui tu sais les valeurs? Ce qui fait que tu développe une appartenance et que tes enfants n'ont pas l'air d'étrangers quand ils te parlent ou qu'ils bouffent à ta table? C'est de cela dont on parle ici.
C'est aussi une question de moyens dans une province où 25 % des gens paient pour 100 % de la population, où des années de sociale-démocratie à crédit ont laissé une traînée toxique pour la jeunesse et la pérennité des Québécois. Il est plus que temps que, collectivement, nous prenions conscience des limites de nos moyens plutôt que de, collectivement, diluer nos moyens."
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JÉRÔME CHOUINARD:
"En réponse à ceux qui disent que les enfants c'est un choix personnel et que les parents devraient être les seuls à assumer leur 'choix de vie', voici une idée ridicule que je viens d'avoir. Juste pour le plaisir de la discussion, je vous la soumets.
C'est un choix de vie que d'avoir des enfants. C'est aussi un choix de vie de ne pas en avoir. Il y a des exceptions: certains couples en veulent mais n'y arrivent pas. Mais mettons de côté cette triste réalité pour l'instant.
La survie du régime de pension canadien dépend de la proportion contribuables/bénéficiaires. Idem pour le système de santé. En moyenne, plus on est vieux et plus on coûte cher à la société. Le système s'effondrera s'il n'y a pas assez de payeurs d'impôts pour supporter le système. C'est malheureux à dire, mais nous n'avons pas de contrat avec le gouvernement.
Ce n'est pas parce que l'on paye nos impôts aujourd'hui que ça nous garantit que nous aurons les mêmes services et avantages à notre retraite que les retraités d'aujourd'hui. La société se porte bien s'il y a une relève. Et ce n'est pas le gouvernement qui met au monde des enfants, c'est les membres de la société.
Donc, voici ma question farfelue: Si vous êtes favorable à ce que le gouvernement ne favorise plus la natalité et ne fournisse plus d'aide à la famille, seriez-vous aussi favorable à ce qu'on pénalise les retraités qui, par 'choix de vie', n'ont pas engendré de petits contribuables pendant leur vie active?
Par exemple, aucun enfant: 50% de la pension Un enfant: 75% de la pension. Deux enfants: pleine pension.
Qu'en pensez-vous?"
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ISABELLE BÉGIN:
"Bon, on est reparti. Encore une fois, les gens qui ont des enfants sont donc méritants et nobles, et ceux qui n'en ont pas sont donc égoïstes.
Je suis désolé, mais je ne connais personne qui fait des enfants "pour la société". Les gens font des enfants pour eux, parce qu'ils aiment les enfants et que c'est le genre de vie qu'ils désirent. C'est égoïste aussi, et il n'y a rien de mal là-dedans!
C'est quoi ce judéo-christianisme? Il faut souffrir pour mériter le ciel?
D'autre part, dire que les gens sans enfants ne paient rien pour les enfants des autres, c'est faux. Et surtout, dire que les gens sans enfants ne VEULENT rien payer, c'est encore faux. Je n'ai pas d'enfant, mais je suis d'accord avec le système de garderie à 7$, je souhaite plus d'investissements dans les écoles et je suis favorable aux mesures fiscales qui permettent aux parents de payer moins d'impôts. Je paie pour tous les services que les parents et les enfants reçoivent, je paierai jusqu'à la fin de mes jours et je suis très confortable avec ça.
Je paie des cadeaux aux mariages de tout le monde, aux showers, naissances, etc., des choses que je ne vivrai peut être jamais. Et c'est bien correct comme ça, c'est important pour moi de participer au bonheur des gens que j'aime, l'idée n'est pas de recevoir quoi que ce soit en retour.
Mais le débat, c'est où se situe la limite! Est-ce que je dois aussi payer pour les cours de patinage artistique et de violon, les robes de graduation, et les sorties du samedi au McDo tant qu'à y être? C'est important, des cours de violon, mais est-ce que le gouvernement devrait payer ça? Les loisirs sont essentiels dans la vie d'un enfant, est-ce que le gouvernement devrait envoyer 3 jouets par enfants à Noël?
Avoir un parent à la maison, c'est évident que c'est bien, mais c'est loin d'être essentiel. On peut très bien avoir eu une enfance extraordinaire sans avoir eu un parent à la maison 24 heures sur 24. Si, malgré tout vous décidez de rester à la maison avec vos enfants, c'est un choix que VOUS faites et VOUS devez en assumer les conséquences.
Mais est-ce que l'État devrait payer les gens pour qu'ils restent à la maison avec leurs enfants, chose qui, encore une fois, n'est absolument pas essentiel pour le développement de l'enfant, alors qu'on a de la difficulté à acheter des dictionnaires dans les écoles? Voyons donc! Faut revenir sur Terre!
Je serais bien plus d'accord, moi, avec plus de mesures fiscales ou un congé de maternité/paternité plus long. Dans certains pays d'Europe, par exemple, les parents peuvent rester plus longtemps à la maison après la naissance de leur enfant. Peut-être que la solution est là?
Mais avoir un SALAIRE pour rester à la maison, c'est ridicule! Avant de recevoir n'importe quel salaire, il faut envoyer un CV et passer des entrevues. Puis, quelqu'un détermine si on a les qualifications pour le poste. Notre salaire est, en principe, le reflet de ces qualifications et de notre expérience. Et si on est incompétent, on peut se faire mettre à la porte!
Est-ce que ces parents accepteraient de se faire évaluer par le gouvernement pour s'assurer qu'ils ont la compétence pour élever leurs enfants et rester à la maison? J'en doute fort! Or, si les mères/pères à la maison demandent un SALAIRE de la part du gouvernement, je crois que celui-ci serait dans son droit d'exiger un minimum de qualifications, d'évaluer le travail qui est fait et de "mettre à la porte" les mauvais parents!
C'est bien beau de proposer des trucs pareils, mais il faut pousser la logique jusqu'au bout. Avoir un salaire, ça veut dire avoir un patron…"