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Trois enterrements, de Tommy Lee Jones – Critique

De Robert Redford à Sylvester Stallone en passant par George Clooney, Sean Penn et Clint Eastwood, on ne compte plus le nombre d'acteurs américains qui ont réalisé des films.

Tommy Lee Jones est le dernier à avoir tenté l'aventure avec TROIS ENTERREMENTS, son premier long métrage pour le cinéma.

Tommy Lee Jones joue le rôle d'un cow-boy solitaire et vieillissant, qui se prend d'amitié pour un jeune mexicain. Mais un jour, son ami est assassiné par un garde-frontière particulièrement zélé. Fou de douleur, Tommy Lee Jones kidnappe le flic et l'oblige à traverser la frontière américaine avec lui pour aller enterrer le cadavre de son copain au Mexique.

TROIS ENTERREMENTS est un road movie surréaliste qui met en scène un cow-boy dépressif, un policier hyper macho et un cadavre. Pour empêcher le cadavre de son ami de pourrir pendant ce long voyage initiatique, Tommy Lee Jones le recouvre de sel et le remplit d'antigel. Dans une scène particulièrement dégoûtante, il immole même la tête du cadavre pour éloigner les fourmis et les vers.

TROIS ENTERREMENTS est le premier long métrage réalisé par Tommy Lee Jones, et c'est un coup de maître, un chef-d'oeuvre qui a remporté deux prix au Festival de Cannes (meilleure interprétation pour Jones et meilleur scénario pour Guillermo Arriaga, scénariste d'Amores Perros et de 21 grams). C'est un superbe poème visuel sur la mort, la vieillesse et le désarroi des hommes.

En effet, les hommes, dans ce film, sont des figures tragiques. Ils défendent une frontière que tout le monde traverse, ils sont mariés à des femmes qui les trompent, ils s'accrochent à une vision de la masculinité qui est complètement dépassée.

Le personnage de Tommy Lee Jones a tout perdu. Il n'a pas de femme, il n'a pas d'enfants, il n'a pas vraiment de boulot. Tout ce qui lui reste, c'est le cadavre de son ami, et il s'accroche à ce cadavre comme si c'était une bouée de sauvetage.

Visuellement, TROIS ENTERREMENTS est l'un des plus beaux films que j'ai vus. Les images du Texas et du Mexique sont magnifiques. C'est un film lent, envoûtant, qui sent le maïs, le guacamole et le chili con carne.

C'est une ballade extrêmement émouvante au cour de l'Amérique, une Amérique paumée, perdue, qui s'accroche désespérément à des mythes qui ne veulent plus rien dire. Des mythes complètement dépassés, qui pourrissent littéralement devant nos yeux.

Le rêve américain, dit Tommy Lee Jones, est un cadavre. Et au lieu de faire comme s'il se portait bien, il faudrait peut-être regarder la réalité en face et l'enterrer.