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Le kirpan, encore

LINE MAUREL:

"Je suis outrée de savoir que la Cour suprême du Canada permet le port du kirpan dans nos écoles. Le débat est faussé. Il ne s'agit pas de liberté religieuse car personne n'interdit le port de ce poignard à la maison de ceux qui désirent le porter, c'est-à-dire en privé. De grâce, un peu de rigueur et revenons à l'essentiel. Il s'agit de porter le débat au niveau où il doit être: l'école, au Québec, est une institution que nous avons voulu et voulons laïque. Et nous sommes bafoués car on ne respecte pas notre volonté de laïcité de nos institutions québécoises.

Le kirpan est un couteau, emblême religieux ou pas. Si mon fils de 14 ans portait sur lui un couteau à son école, il serait renvoyé et je serai d'accord avec cette décision de renvoi. Le jugement si peu éclairé de nos «juges en chef» lance un message contradictoire.

Alors que les écoles font tout leur possible depuis plusieurs années pour promouvoir le «pacifique», quelques individus (sept, si je ne m'abuse) viennent de balayer tout ce travail dirigé contre la violence.

Un poignard est un poignard et d'autoriser son port donne un signal bien paradoxal à nos enfants. En tant que parent, comment vais-je expliquer cela à mes enfants? Je serai peut-être obligée de leur dire qu'au Québec, aujourd'hui, si une quelconque religion exige et autorise quelque chose que nous ne voulons pas, et bien tout le reste de la société n'aura qu'à s'y plier ! Et cela avec la «bénédiction» de la plus «haute» cour….

De plus, les juges de cette cour envoient, indirectement, un bien piètre et dangereux message à ceux qui arrivent au Canada et au Québec. Quand les immigrants décident de venir ici, il serait bon de leur dire ce qu'ils vont y trouver, c'est-à-dire une société où la laïcité prime. Une société qui a fait des choix et qui est prête à les accueillir s'ils respectent ces choix.

A-t-on déjà entendu parler du «contrat social» qui lie l'individu à la majorité? La religion d'accord, mais, au Québec, nous avons déjà décidé qu'elle n'a pas sa place à l'école. Jusqu'où iront nos imminents juges dans leur manifestation de «tolérance»? Vont-ils permettre à tous et à chacun d'imposer leurs croyances aux autres? Vont-ils en accepter les conséquences? Bientôt, cela se nommera anarchie.

En tant que parent, je suis préoccupée par la décision de cette cour et j'espère que nous n'en resterons pas là. Avons-nous la possibilité de faire valoir notre indignation et notre inquiétude ou bien avons-nous que le droit de nous taire?"