MARIE-JOSÉE MORIN:
"Je suis enseignante au collégial et quand je regarde certains de mes étudiants, j'ai peur, peur de la non-responsabilité dans laquelle ils baignent.
Je me fais reprocher – et je ne blague pas – que des questions d'examens portent sur la matière vue un jour où cet étudiant était absent. Je me fais dire que ce n'est pas leur faute s'ils ne peuvent se présenter à l'examen, ils travaillent pour payer leur gros char.
Un étudiant a des comportements harcelant envers un prof et lui saute au cou, c'est le prof qui est convoqué devant la direction. Il a supposément de la difficulté de gestion de classe et de communication.
Une fille se fait agresser sexuellement par un autre étudiant, c'est elle qui change d'école ; lui est réintégré quelques semaines plus tard.
Un étudiant plagie, c'est pas de sa faute, le travail était trop long et puis, prendre du matériel sur Internet, ce n'est pas vraiment plagier! Etc.
Si la justice commence à prendre la même tendance, j'ai peur. S'il n'y a jamais de conséquence à nos actes, à nos choix, quand vais-je me restreindre? Quand vais-je penser avant d'agir?
Une société basée sur la réponse immédiate à mes besoins et désirs, sans jamais prendre en compte l'impact sur les autres, il me semble que ce n'est pas dans ce type d'environnement que j'ai envie que mon enfant grandisse."
J’ai fait de la correction de devoirs pour un cours à l’université, et je constate exactement la même chose. Les étudiants copient, nous mentent en pleine face, trouvent toujours des excuses. J’ai même eu un étudiant qui se plaignait que son frère allait dans une autre université et que c’était bien plus facile là-bas… J’ai tenté de lui expliquer que les notes ce n’est pas tout, que le but est de posséder la matière de façon à ce qu’il puisse prendre des cours plus avancés et appliquer ses connaissances sur le marché du travail. Rien à faire, MONSIEUR veut des A, point à la ligne et c’est à nous de lui donner, ce n’est pas à lui de se le mériter! On voit ce que ça donne l’enfant-roi: des jeunes imbus d’eux-mêmes, qui se pensent meilleurs qu’ils ne le sont (leur maman leur a tellement dit souvent qu’ils étaient les meilleurs…) et qui se surprennent en arrivant dans la vraie vie de devoir faire face à des difficultés, des contraintes et des frustrations. On dit toujours que l’on apprend de nos erreurs. Mais puisqu’ils ne font JAMAIS d’erreur (parce que ce n’est JAMAIS leur faute), quels genre d’adultes ces jeunes-là vont devenir? Moi aussi, vraiment, ça me fait peur.
C’est bien beau blâmer les enfants, mais il faudrait également revoir la façon dont les adultes agissent. Exemple flagrant s’il en est un : Cette semaine, un jeune d’environ 11 ans de mon quartier a décidé de briser à gros coups de pieds une partie de la clôture de ma voisine. Résultat, 3 plaches cassées en deux et un poteau de soutien rendu croche en entraînant une partie du reste de la clôture. J’appel le parent de cet enfant pour lui expliquer la situation, mais également pour l’aviser que si je voyais son enfant détruire notre environnement à nouveau, j’appellerais la police pour vandalisme. Je lui mentionne en passant que la voisine lui demande de remplacer les morceaux cassés. Dans le fond, il est responsable de son enfant, non? Et bien, sa réaction? Hors de question que je remplace quoi que ce soit. Vous n’avez qu’à porter plainte. Morale de cette histoire, il enseigne à son enfant de ne pas être responsable de ses faits et gestes. Ma voisine devra donc, si elle décide de le faire, porter plainte auprès des petites créances, pour se faire rembourser l’équivalent d’une soixantaine de dollars en perdant une journée de salaire! Ça sera bien beau dans quelques années chiâler après cet enfant au comportement irresponsable, mais il faudra tout de même se rappeler qu’il y a quelqu’un qui lui aura enseigner ce comportement.