Un autre mot sur United 93…
Dans Munich, son dernier (et sous-estimé) long métrage, Steven Spielberg rappelle un événement douloureux: l'assassinat de 12 athlètes israéliens par un commando terroriste palestinien.
Mais il ne rouvre pas cette plaie pour rien. Oui, les images du massacre sont à la limite du tolérable. Mais le film ne s'arrête pas là. Si Spielberg reconstitue ce tragique événement, c'est pour nous amener ailleurs, pour nous faire réfléchir sur la notion de vengeance, pour nous encourager à nous poser des questions…
Or, dans United 93, il n'y a rien. Aucune critique, aucun point de vue. Ce film n'est qu'un spectacle. Le spectacle de la violence, de la douleur, de la souffrance.
À mon humble avis, United 93 n'est pas plus différent que SAW ou HOSTEL, deux films d'horreur extrêmes qui nous montrent des gens innocents en train de se faire torturer. C'est la même chose. En plus crasse, je dirais, car ici, le réalisateur a des "prétentions".
Cela dit, je lis toutes les critiques publiées sur le film, et j'ai l'impression d'être le seul cinéphile à penser de la sorte. Il semble que personne ne trouve ce film immoral, indécent, inutile…
Tout le monde trouve le film efficace.
Efficace, oui… mais pour quoi? Pour dire quoi? Pour dénoncer quoi?
C'est comme si je faisais un film sur Nathalie Simard, et que tout ce que je montrait, c'est le viol en temps réel. Ça servirait à quoi? Ça dirait quoi sur quoi?
On sait ce qui s'est passé à bord du vol 93 de la United Airlines: des terroristes ont pris le contrôle de l'avion, les passagers se sont rebellés, et l'avion s'est écrasé. Ai-je besoin de voir le tout en détails?
Je m'excuse, mais pour moi, ce film, c'est de la pornographie.
Le réalisateur Denis Villeneuve, qui prépare un film sur les événements de Polytechnique, devrait aller voir United 93.
Pour savoir ce qu'il ne faut pas faire…
Voici donc venu le temps des films sur le 11 septembre…
Quelque chose me dit que ce n’est pas le dernier…
Je pense à Elephant de Gus Van Sant, »l’un des plus saisissants portraits cinématographiques de l’adolescence contemporaine » . Je sais on peut aimer ou détester. Mais voilà donc un film qui ne présente ni critique, ni point de vue et pas de spectacle. C’est peut-être pourquoi certains l’ont si mal reçu. Enfin, c’est un traitement singulier que j’aimerais voir appliquer sur le prochain film de Villeneuve. Je n’ai vraiment pas le goût d’une explication de pop psycho sur Lépine ou d’une brave fille courageuse qui prend tous les péchés des mâles sur ses épaules pendant qu’une gang de gars se croisent les bras. J’espère qu’on ira plus loin qu’un autres »hommage » aux victimes.
As-tu vu Aurore?
Ta description d’un potentiel film sur Nathalie Simard est à peu près exactement le film de Luc Dionne, à part que la ptite Aurore est pas violée mais battue à répétiton. Aucun propos, aucun art là-dedans, juste un désir pornographique de montrer la souffrance…
« On sait ce qui s’est passé à bord du vol 93 de la United Airlines ».
non, on ne sait pas. http://www.reopen911.org
« Je m’excuse, mais pour moi, ce film, c’est de la pornographie. »
Pornographie : représentation explicite de l’acte sexuel par divers moyens techniques et artistiques, représentation le plus souvent diffusée auprès d’un public dont elle est destinée à provoquer l’excitation sexuelle.
Je ne vois donc pas le rapport, à part le sempiternel jugement de valeur plateau-branchouille.
Je crois que le film en préparation concernant le drame de Polytechnique devrait avoir un volet qui traite des travaux des étudiantes. Étaient-elles en train de faire des découvertes scientifiques importantes qui auraient changé quelque chose dans notre quotidien ? Si oui, ce serait très puissant : on montrerait là non seulement l’horreur, mais également la mort de plusieurs nobles projets avortés.
Qui sait ? Peut-être cela ferait-il réfléchir des gens de pouvoir qui permettent l’assassinat durant les guerres de futurs génies indispensables à notre mieux-être de demain …
Sinon, au moins, on pourrait apprendre quelque chose pour nous faire évoluer scientifiquement.
Ainsi, je pense que les familles pourraient ressentir une fierté, au lieu de seulement revivre un cauchemar horrible.
Personnellement, je n’ai pas vu le film et je n’ai pas l’intention de le voir non plus. Je ne peux donc pas en faire une critique cinématographique.
Cependant, là où je n’approuve pas ce genre de film, c’est quand je pense aux conséquences que cela peut avoir sur les familles des victimes et tous les gens qui ont été traumatisés par les événements du 11 septembre… et ils sont très nombreux! Ce film (et je dirais aussi sa bande-annonce) véhicule le danger de réveiller leur traumatisme (au sens psychologique du terme).
On se questionne, dans le milieu des intervenants de crise, sur les bienfaits du debriefing (vous savez ces interventions qui sont faites par des intervenant suite à un drame pour aider les victimes à s’en sortir). On s’est rendu compte que si le debriefing était fait de façon à ce que des victimes se sentent obligées de parler ou à participer et d’ainsi entendre à nouveau le récit de leur traumatisme, cela pouvait avoir des conséquences néfastes sur leur santé mentale.
Je ne veux pas me faire trop longue et je ne sais si je vous donne suffisamment d’info pour que vous saisissiez l’enjeu. Cependant, en bref, ce que je dis, c’est que ce genre de film peut avoir comme impact d’augmenter la probabilité que les personnes traumatisées par les événements du 11 septembre développent ou aient du mal à se sortir d’un problème de santé mentale que l’on appelle: le syndrome de stress post-traumatique (ce dont – par exemple – les soldats qui reviennent de la guerre souffrent souvent).
Je trouve que la façon dont on traite actuellement les événements du 11 septembre fragilise la santé mentale de million d’Américains. C’est là où moi je me sens mal à l’aise…