Une belle ruelle de Monréal… |
J'ai reçu un beau texte en réaction à ma chronique intitulée LES ENFANTS DE SODOME ET GOMORRHE. L'auteur s'appelle Jean-Marc Vandemeulebroecke. Un hommage à la ville qui plaira aux urbains comme moi!
"Il faut vivre en banlieue pour élever des enfants? Pas sûr…
Il y a 12 ans j'habitais le Village. J'avais à peu près tout ce que je voulais à l'intérieur d'un carré de 2 coins de rue, incluant mon travail.
Ma blonde tomnbe enceinte, génial! Mais voilà, la blonde a toujours habité Brossard et "on ne peut pas élever l'enfant en ville; surtout pas dans l'Village, voyons!!" Alors, on part vers Brossard. Maintenant, je dois voyager pendant 1 heure pour le travail et l'école, je prends l'auto pour aller chercher un pain ou du lait (même si j'avais voulu marcher, j'en aurais pour 40 minutes!) Bref, je ronge mon frein et je m'ennuie d'un bon déjeuner au Club Sandwich.
Fast forward 2 ans, on se sépare et je retourne en ville sur le Plateau. Là je rencontre la femme de ma vie. Elle tombe enceinte, génial! Mais voilà. afin d'être plus près de sa famille, on déménage à Laval; de toute façon, on n'élève pas des enfants su'l'Plateau, n'est-ce pas?!? Alors on magasine, et on déménage dans une coquette maison canadienne qui longe le boulevard Ste-Rose.
Malheur, le boulevard est aussi passant que la rue De Lorimier, mais avec une moto Harley au 3 minutes et 3 circuits d'autobus! Après huit jours, oui oui 8 dodos, on décide de vendre la maison et de retourner … en ville.
Nous sommes toujours en ville, dans Villeray en fait, et nous ne quitterions pas ce coin pour tout l'or du monde. Je vais jouer au hockey dans la ruelle avec mes garçons, ma fille saute à corde derrière la maison, les enfants jouent à cachette, à la tag, ils font des dessins, bref la même chose que les enfants de la banlieue.
Je ne dénigre pas la vie de banlieue, ni ceux qui y habitent, mais j'ai connu la Rive-sud et la Rive-nord et mon chez moi est maintenant dans le 514. Là où mon pain est à 2 minutes à pied, mon travail à 5 arrêts de métro, où les amis de mes enfants sont portugais, arméniens, chinois et quebecois et où ils auront mangé plus de shish-taouks que de Big-Macs.
Merci la ville."
Il n’y a pas si longtemps je diabolisais, moi aussi, la ville. J’ai eu la chance de grandir sur la ferme familiale. Comme vous, Monsieur Martinau, je n’échangerais pas mon enfance non plus, et ce, pour rien au monde.
Tout comme les blondes de monsieur Jean-Marc Vandemeulebroecke, je ne m’imaginais pas du tout « élever » un enfant (je n’en ai pas encore) à la ville. J’imagine que les gens qui ont de bons souvenirs de leur enfance souhaitent un peu donner la même chose à leurs enfants.
Au fil des ans, mon opinion a changé. J’ai déménagé d’un bled de 1000 habitant vers un autre beaucoup plus grand, Montréal. J’ai rencontré plusieurs personnes qui ont vécu leur enfance dans cette métropole et ils n’en sont pas devenus pour autant des délinquants. (Comme vous l’avez déjà vous-même mentionné). À Montréal, j ai développé mes papilles gustatives avec des restaurants offrant des menues de tout les coins de la planète, j’ai développé mon esprit critique en confrontant mes opinions avec des gens de toute origine et enfin, je crois avoir appris à être un citoyen beaucoup plus ouvert sur le monde.
Avec mon travail, il me sera impossible de retourner à la campagne, mais aujourd’hui, je ne crois plus cela impossible, élever un enfant dans une ville. Et en terminant, de toute façon, les jeunes enfants ont cette faculté de rendre magique tout ce qu’ils touchent, que ce soit dans une ruelle, en banlieue, ou en campagne alors on s’en fait peut être trop pour rien.
Je ne sais pas pourquoi, mais la fin du texte de M. Vandemeulebroecke — « Je ne dénigre pas la banlieue, ni ceux qui y habitent, mais… » — me fait un peu penser au fameux « J’suis pas raciste, mais… »).
Plus sérieusement, il m’a fait carrément sursauter en écrivant que puisqu’il vit maintenant dans le 514, « ses enfants auront mangé plus de shish-taouks que de Big-Macs ».
Vous serez sans doute surpris d’apprendre M. Vandemeulebroecke que contrairement à la croyance répandue parmi bon nombre de bien-pensants, la banlieue n’est pas nécessairement synonyme de Big Mac. Je le sais, parce que j’habite la banlieue depuis toujours, ô horreur!, et bien qu’un MacDonald se trouve à 10 minutes de marche de chez-nous, nous n’y amenons nos enfants qu’une ou deux fois par année (quand ils sont chanceux!)… et, croyez-le ou non, ils ne se font même pas prier pour manger des shish-taouks. Eh oui… Je le sais, c’est sans doute difficile à croire, mais c’est la vérité, je vous l’assure.
Comme quoi certains parents du 450 ont un peu de jugement eux-aussi…
Moi et ma blonde habitions en ville depuis 4 ans ensemble, lorsque nous en avons eu ras le bol et avons décidé d’aller voir ailleurs. Outremont en face du théâtre: démontage des équipements de scène à 1h du matin, puis nettoyage des trottoirs avant l’ouverture des commerces à 6h du matin. Rosemont sur Saint-Joseph: une bouche d’égoût tordue signifie que chaque voiture ou autobus qui passe devant la maison fait « clonk-clonk ». Un vrai supplice. Nous avons décidé de déménager à Rimouski parce que l’air est bon, il y a une université, l’économie va bien, y’a des activités culturelles en masse (festival de blues, musées, théâtre, salle de concert, orchestre symphonique), des bons restos (sushis, tapas, cuisine du terroir) et des épiceries fines. Réaction de nos amis? « Déménager en région? Et votre qualité de vie? Et le froiiiid? » Certains nous ont fait l’apologie de Boucherville ou de Laval, qui sont semble-t-il les deux seuls endroits sur Terre où il soit possible d’élever des enfants « en sécurité et avec la qualité de vie ». Vive les pylones, les bungalows à perte de vue et la vie standard. Alors qu’à Rimouski, il n’y a pas de bouchons de circulation, pas de smog, pas de criminalité et les CPE ne débordent pas. En plus, on y trouve des étudiants africains dans les cafés, donc nous ne sommes pas trop dépaysés. Le Québec devrait miser sur ses grandes villes de région; ça aiderait à désengorger notre grosse pieuvre montréalaise.
Je ne sais pas pourquoi, mais la fin du texte de M. Vandemeulebroecke — « Je ne dénigre pas la banlieue, ni ceux qui y habitent, mais… » — me fait un penser au fameux « J’suis pas raciste, mais… »).
Plus sérieusement, il m’a carrément fait sursauter en écrivant que puisqu’il vit maintenant dans le 514, « ses enfants auront mangé plus de shish-taouks que de Big-Macs ».
En effet, je tiens à préciser que contrairement à la croyance répandue parmi bon nombre de bien-pensants, la banlieue n’est pas nécessairement synonyme de Big Mac. Je le sais, parce que j’habite la banlieue depuis toujours, ô horreur!, et bien qu’un MacDonald se trouve à 10 minutes de marche de chez-nous, nous n’y amenons nos enfants qu’une ou deux fois par année (quand ils sont chanceux!)… et, croyez-le ou non, ils ne se font même pas prier pour manger des shish-taouks. Eh oui! Je le sais que c’est sans doute difficile à croire, mais c’est la vérité, je vous l’assure.
Comme quoi certains parents du 450 ont un peu de jugement eux-aussi.