BloguesRichard Martineau

C’est super

Cette semaine, j'ai osé critiquer le fait que certains rappeurs abaissent les femmes dans leurs chansons, les traitant de "plotes", de pitounes, disant qu'ils allaient les "fourrer", les "percer"…

J'ai dit que je ne trouvais rien de drôle à cela, que je ne comprenais pas le "deuxième" degré, que pour moi, tout ça sentait la haine à plein nez…

Oulala, je ne vous dis pas la merde que j'ai reçue!

"Vous ne comprenez rien au rap, vous êtes un mononcle…"

C'est cela, oui, je m'énerve pour rien. Des rappeurs crachent sur les filles, et je devrais leur lever mon chapeau.

Désolé, mais… non.

Non seulement je ne trouve pas ça drôle, mais je trouve ça de très, très mauvais goût.

Au Québec, on ne peut plus s'offusquer de rien. Le moindre doute, le moindre bémol, et paf! on vous traite de puritain.

Plus moyen de défendre un point de vue moral sans passer pour un moralisateur et un donneur de leçons. On a tellement peur des prêtres qu'on ressort le spectre de la Grande Noirceur dès que quelqu'un, quelque part, ose prononcer le mot "valeurs".

Sous prétexte d'être cool, ouvert et décoincé, il faudrait accepter n'importe quoi.

Des jeunes filles de huit ans portent des t-shirts bedaine? Bah, toutes les jeunes veulent s'habiller comme les grandes, c'est connu!

Une compagnie de vêtements utilise une imagerie inspirée de la porno infantile pour vendre des camisoles? Bah, le sexe n'a jamais fait de mal à personne, voyons!

Des humoristes font un tour de téléphone avec Karla Homolka? Mais c'est inoffensif, c'est drôle, ça ne fait mal à personne!

On diffuse des niaiseries à la télé publique? Allez, il ne faut pas être élitiste, la télé, ça appartient à tout le monde!

Les Témoins de Jéhovah refusent les transfusions sanguines? Mais on peut croire à ce qu'on veut, c'est un droit fondamental!

Bref, tout est génial, tout est parfait. Tout est super.

Ceux qui osent poser des questions sont des casseux de partys et des suceux de balustres qui rêvent de revenir aux années 50.

Comme c'est souvent le cas au Québec, on est passé d'un extrême à un autre. Du parent super-autoritaire qui sortait sa ceinture à la moindre peccadille au parent ultra-cool qui hausse les épaules chaque fois que son fils met le feu à sa chambre.

Avant, on s'énervait pour rien, alors qu'aujourd'hui, il n'y a plus rien qui nous énerve.

Or, entre le "Je n'accepte rien" des années 50 et le "J'accepte tout" des années 2000, il devrait y avoir de la place pour une alternative, non?

Il y a une différence entre porter un jugement moral et faire la morale. Tout comme il y a une différence entre respecter le peuple et être populiste.

Malheureusement, cette différence, on ne la voit plus.

J'imagine que c'est super…