BloguesRichard Martineau

À chacun sa lecture

La catastrophe du 11 septembre 2001 est un véritable test de Rorschach historique-politique. Les gens y voient ce qu'ils veulent bien y voir. Chacun analyse ce crime à la lumière de ses propres fantasmes, de ses propres préoccupations.

Il y a la lecture tragique: comme le Titanic, les tours du World Trade Center symbolisaient une certaine idée du progrès, et elles ont croulé sous le poids de leur propre prétention. C'est le mythe d'Icare, revu et corrigé.

La lecture marxiste: les Américains n'ont eu que ce qu'ils méritaient. Qui sème le vent récolte la tempête.

La lecture athée: la religion est l'opium du peuple, et la destruction des tours prouve par A + B qu'il n'y a rien de plus dangereux qu'un dévot aveuglé par sa foi. Le monde ne se portera bien que le jour où l'Homme se débarrassera enfin de l'idée de Dieu.

La lecture libérale: les États-Unis incarnent les plus belles valeurs qui soient: la tolérance, la liberté, l'égalité. Et c'est pour cela que le pays est la cible des fanatiques.

La lecture économique: l'événement est le résultat d'une alliance néfaste entre le pouvoir américain, les géants de l'industrie pétrolifère et les princes de l'or noir. Vous voulez trouver les responsables? Follow the money.

La lecture humaniste: des millions de personnes meurent chaque jour, et CNN s'en contrefiche. Pour chaque Américain mort dans l'effondrement des tours, combien de victimes du sida, de la famine, des guerres civiles?

La lecture paranoïaque: George W. Bush savait fort bien que les tours seraient frappées ce matin fatidique. Mais il n'a rien fait, car il voulait profiter de l'événement pour envahir militairement le Proche-Orient. Comme Roosevelt a fait avec Pearl Harbor.

La lecture antisémite: tous les Juifs qui travaillaient dans les tours avaient été avertis de ne pas se présenter au travail.

Bref, 9-11 est une véritable auberge espagnole, un buffet all you can eat.

Et vous, c'est quoi, votre lecture?