Attachez votre tuque, le week-end du Grand Prix de Montréal bat son plein!
Et qui dit Grand Prix, dit Eurotrash.
Vous ne connaissez pas l'Eurotrash?
Alors ne perdez pas de temps et lisez ce texte…
Ce qui est étonnant avec l'eurotrash, c'est qu'il transforme la bouse en or.
Prenez les films de cul, par exemple. Dans les années 70, les gens qui allaient voir les films de cul américains (Deep Throat, The Devil in Miss Jones) étaient considérés comme des pervers. Mais ceux qui attendaient en ligne pour se taper le dernier Francis Leroi (Emmanuelle l'antivierge, Je suis à prendre ou Les Tentations de Marianne) passaient pour des gens de goût. Pourtant, c'étaient les mêmes fesses et les mêmes queues! Mais le passeport européen conférait à ces pitoyables navets un je-ne-sais-quoi de sophistication…
Eh bien, c'est la même chose avec le Grand Prix. Parce que ça vient d'Europe, parce que l'événement fait le bonheur des Allemands et des Italiens, soudainement, il est de bon ton de parler de chars. La culture de body shop (carrosseries reluisantes et babes en monokini) devient politiquement correcte.
Vous parlez de votre Toyota en calant une Miller et en regardant les filles, avenue du Mont-Royal: vous êtes vulgaire. Vous parlez de votre Ferrari en sirotant une Becks et en reluquant les passantes, rue Crescent: vous êtes cool.
Pourquoi? Parce que la vulgarité est toujours plus acceptable lorsqu'elle a un vernis européen. Lorsqu'elle porte des sandales Gucci et un sac Vuitton.
L’European kitsch… j’avais déjà lu ce texte, mais… on dirait qu’il y a des affaires qu’il fait bon relire ;o)
Ça me fait penser… je suis en train aussi de relire un livre de Frédéric Beigbeder, L’amour dure trois ans. Beigbeder est un de mes auteurs préférés, par son grand cynisme et son ton mordant qui vise très souvent juste.
Le lien avec ce texte sur le Grand Prix, c’est quand dans le livre il décrit ses sorties [ou plutôt celles du narrateur…] dans les bars… en fait, c’est un gros colon qui se saoule, sniffe de la coke, et se tape n’importe quelle poule qu’il rencontre… « quand on lui enlève l’étiquette de designer ». Si on ne lui enlève pas, on le prend pour un Dieu. Le gars Jet-Set qui entre avant tout le monde, qui se tape qui il veut, qui « dîne avec Jean-Georges »…
Ça me fait penser à l’osti de mode Lounge… Rue Saint-Laurent power… pitounes [et « pitons »] qui font le line-up à 2h25 du matin dans l’espoir de quinze minutes de « en boîte branchée »…
Where is ze fun????
Voici un autre bon exemple de nos contradictions… Une soirée bien arrosée entre amis bourgeois ( je précise ici arrosée de très bonnes bouteilles de vin, de scotch et autre boisson coûteuse) est sûrement mieux perçue qu’une soirée bien arrosée entre amis de classe moyenne (arrosée de vin à prix abordable, de bières commerciales et autres boisson peu coûteuse)… Les bourgeois pactés seront considérés comme des gens de goût qui décompressent de tout leur stress et s’amusent entre amis en buvant un élixir de joie (Ils ne sont jamais saouls eux… juste un peu rondelet)… tandis que la classe moyenne se remet de sa semaine de travail et de son pauvre sort en se « pactant la fraise » entre « chums » et fait dur en buvant une bleue devant la télé… Les uns sont juste un peu « joyeux » et ont abusés de la bonne chair… tandis que les autres sont « ben saouls » et ne savent pas se tenir… Elle est où la différence me direz-vous? C’est comme pour le grand prix… Tu peux fumer un cigare à côté de ta Ferrari en regardant passer une fille et en la sifflant et tu seras « Hot » et la fille te sourira en plus… Essaie la même chose à côté de ta Tercel avec une cigarette au bec et tu verras que la fille ne sourira pas du tout… Ha!… l’attrait de l’argent et du pouvoir… En attendant, même si je peux me permettre quelques bonnes bouteilles de vin avec des amis et aussi partir sur une galère en ayant bu quelques bonnes « Bleues ou Molson Ex » à prix abordable, je préfère regarder le Grand Prix de loin parce que le flashing et la futilité ne sont toujours que de passage… Les vrais amis eux, sont là pour toujours même si tu n’as parfois qu’une bonne vieille bière tablette à leur offrir!
Juste un exemple qui montre que ce qui est « Euro » n’est pas
nécéssairement supérieur à ce qui est Américain,
…
May 25 2006,
Who says California wines don’t age?
(SF Chronicle)
The French do. Repeatedly.
Yet Gaul is biting its tongue today after California smoked France Wednesday in
a cross-continental tasting of wines that have matured in cellars for three
decades. The California Cabernet Sauvignon-based wines placed first through
fifth, followed by four wines from France’s hallowed Bordeaux region and then
another California Cab.
Sacre bleu!
Make that red, white and blue.
The occasion marked the 30th anniversary of « The Judgment of Paris, » a tasting
by French and British judges that pitted California against Bordeaux Cabernet
Sauvignons on May 24, 1976. [.]
…
Pour les pas bilingues, en bref le 25 Mai 2006
au « Jugement de Paris » (qui est une tradition depuis 1976) les Cabernets Sauvignons
de CALIFORNIE ont remporté les cinq premières places devant quatre Cabernets
Sauvignons FRANÇAIS! ( et NON les juges n’étaient pas Américains, mais Européens… )
Les « Euro-snob » qui lèvent le nez devant les vins Américains ne savent même pas
de quoi ils parlent!
Ils voient un grand nom Européen difficile à prononcer sur l’étiquette d’une
bouteille et ils deviennent tous GAGA!!!
Et ils sont souvent les premiers à traiter les Américains de prétentieux et
d’ignorants…alors que c’est leur propre ignorance
les fait admirer des produits Européens ( ou des méthodes Européennes ) qui sont
la plupart du temps de qualité égale, parfois de qualité supérieure, mais aussi,
plus souvent qu’ils ne sont prêts à l’admettre…de qualité inférieure!
Cette obsession « Euro » ressemble à du fétichisme;
si le produit ne porte pas une jolie petite étiquette Européenne ils ne bandent pas…
Leurs blondes, les « Euro-snobinettes » souffrent de l’équivalent féminin, mais il
ne me reste qu’une dizaine de caractères…
Dire qu’il y en a que ça impressionne.
Petite chanson a fredonné avec l’air de
» C’est la danse des canards. »
C’est la danse des crétins
Qui se balancent le bas des reins
Et foin foin foin
C’est la danse des crétins
Bien bronzé que ce gratin
Et foin foin foin
C’est le danse des crétins
Très gonflés que sont leurs seins
Et foin foin foin.
Ils me font bien rire.
Hum! Je ne peux plus m’enlever cet air de la tête.
Un autre exemple du snobisme envers ce qui est européen par rapport à ce qui est nord-américain. En première page du Devoir de la semaine dernière, on voyait une grande photo d’une séquence de jeu de la coupe du monde de soccer. A quand remonte la dernière fois ou le Devoir a présenté à la Une une photo d’une partie de hockey ?