BloguesRichard Martineau

Superman Returns

 

Après être passé dans les mains de plusieurs grosses vedettes (Tim Burton, Nicolas Cage, Kevin Smith et Brett Ratner, pour ne nommer que ceux-là), le nouveau Superman prend enfin l'affiche sur nos écrans. Ça fait tellement longtemps que le projet d'un nouveau Superman circule dans les coulisses de Hollywood que même les plus grands fans de l'Homme d'acier avaient fini par perdre espoir. On chuchote qu'avant même que le premier coup de manivelle n'ait été donné, il y a quelques mois, le film avait déjà coûté 65 millions de dollars, seulement en développement! C'est certainement un record du genre.

Au grand soulagement des adeptes de la célèbre bédé de Jerry Siegel et Joe Shuster, c'est nul autre que Bryan Singer, le réalisateur des deux premiers X-Men, qui a finalement hérité de la lourde tâche de ressusciter l'une des franchises les plus populaires de l'Histoire du cinéma. A-t-il réussi son pari?

Oui et non.

Visuellement, le nouveau Superman est éblouissant. À côté de cette orgie de cascades et d'effets spéciaux, le film original de Richard Donner ressemble à un home movie tourné en super 8. La scène où Superman empêche un avion de s'écraser sur un stade de base-ball rempli à craquer est un morceau d'anthologie. Les images digitales sont encore plus réalistes – et plus percutantes – que celles créées par Peter Jackson pour son remake de King Kong, c'est peu dire.

Malheureusement, si Bryan Singer nous en met plein la vue, et si Brandon Routh réussit parfaitement à se glisser dans les collants du regretté Christopher Reeve (il a le même sourire et le même regard), le scénario, lui, nous laisse sur notre faim. X-Men était plus qu'une simple adaptation d'une bédé à succès : c'était une réflexion stimulante sur la différence, le racisme et l'intolérance. Mais Superman Returns ne transcende jamais son matériel. Le film n'ouvre sur rien d'autre, il n'y a aucune métaphore, aucun symbolisme, aucune réflexion sur l'impérialisme américain. Pourtant, le sujet s'y prêtait à merveille : comme son pays d'adoption dont il porte fièrement les couleurs, Superman est le sauveteur du monde. On le critique autant qu'on le vénère.

Contrairement à Batman ou à Spiderman (qui, dans le deuxième volet, avait même décidé d'accrocher pour de bon son costume), Superman ne doute pas. Ce n'est pas un héros existentiel, il n'a aucune intériorité. Il agit, point. Résultat : Superman Returns est un excellent film d'action. Mais pour la profondeur, on repassera.