Cette semaine, à la radio, j'ai interviewé Claude Morin, professeur à l'Université de Montréal (pas le péquiste…), qui me disait à quel point Fidel Castro est un grand homme.
"Un visionnaire", m'a-t-il dit.
Bien tiens…
Journalistes en prison, dissidents harcelés, homosexuels incarcérés, gens qui ont peur de parler contre Fidel dans les rues de crainte d'être "stoolés", économie en faillite…
Méchant visionnaire.
C'est fou comme on donne des "free rides" aux dictateurs de gauche.
Ils sont de gauche, donc ils doivent être bons, non? Ils doivent être visionnaires!
Et puis si leur peuple est dans la merde, c'est à cause des méchants Américains, on sait bien.
Je dogme, tu dogmes, il dogme…
M.Fidel ÉTAIT un visionnaire (comme mon petit papa). Je sais très bien qu’il avait vu venir les américains détruire, à pas de géant, la planète… Il voulait dire à son peuple que le capitalisme n’était pas si symbole de liberté et d’un avenir meilleur pour l’individu. Et moi, fille d’un père qui m’a transmit de très belles valeurs (militer, se rendre utile, s’aimer et aider les autres, prendre la vie du bon côté et le transmettre), suis aussi visionnaire. Il faudrait changer l’économie.. Prendre un peu de communisme et de socialisme, réduire le capitalisme. Car ce qui est urgent est de sauver l’humanité et ainsi, la planète… Ni Fidel, ni Jack Layton et ni moi ne pouvons rien… L’ambition de l’homme sera toujours, et je crois même qu’il en est le destin de la terre; s’auto-détruire. Holala, je m’égare, mais bon, je tenais à écrire quand même! Merci M.Martineau d’écrire au gens ce que, souvent, je ressens. Car j’adore votre plume, qui me fais penser à celle de Nathalie Petrowsky. Merci!
Bien sûr que la dictature de Fidel Castro, comme toute dictature doit être condamnée. Mais ce qui est notoire c’est qu’il a très peu d’analyses sérieuses (académiques ou journalistiques) des régimes de gauches. Ne pas chercher à étudier une expérience sociale humaine parce qu’elle est de gauche ne nous avantage en rien. Le « communisme » cubain et soviétique, bien que hautement répréhensible a tout de même mené à une importante modernisation des sociétés ou elles se sont produites. Or il y a très peu d’études sérieuses sur ces bénéfices. On condamne bien les USA pour leurs égarements (l’élection de Georges W. Bush n’est elle pas démocratiquement discutable?) mais on vante constamment les aspects positifs de ce système. Pourquoi en irait-il autrement du régime cubain? La dictature de Fidel est certes condamnable mais le niveau d’éducation, le nombre de médecins etc. issus de ce système est certainement à comparer aux états qui ont subit le « protectorat » américain.
Il est vrai que le régime de Castro est dictatorial et répressif. Par contre sur la question des droits des gais et lesbiennes il y a une évolution, lente mais continue. Dans la revue La Voix du Village, qui ne peut sûrement pas être taxée d’officine de propagande castriste, il y a eu un article cette année où on disait que Cuba est un des pays les plus tolérants et les plus ouverts pour les droits des gais et lesbiennes en Amérique Latine.La répression existe toujours mais elle n’est pas du même niveau que dans les années 60 et 70. D’ailleurs un film cubain a été tourné en 1993 sur l’homosexualité, Fraise et Chocolat, et ce film a été librement diffusé à Cuba, malgré le fait que l’on y dénonçait la répression qui avait cours dans les années 70. De toute façon il n’y a pas que Cuba qui a réprimé les droits des gais et lesbiennes en Amérique Latine. Le Nicaragua par exemple depuis le retour de la droite catholique au pouvoir en 1990.Mais les autres pays sont moins intéressants pour Richard Martineau, car ils ne sont pas dirigés par de « méchants communistes ».
La situation à Cuba est loin d’être idéale, tout le monde s’entendra pour le dire.
Cela dit, on peut la comparer avec les situation des deux autres grands pays des Antilles: La République Dominicaine et Haïti.
Cuba, La République Dominicaine et Haïti ont les mêmes conditions climatiques dures, les mêmes peuples fondateurs, le même genre de terres cultivables, les mêmes ressources ou à peu près… Ce qui les différencie, c’est leurs régimes politiques. Une république communiste, une démocratie et une dictature.
Allez faire un tour du côté de l’ONU et des statistiques de l’Indice de Développement Humain, pour voir.
Haïti se situe avec les pays les plus pauvres d’Orient et d’Afrique, et la République Dominicaine ne brille pas beaucoup plus. Cuba est dans les 50 premières positions, sur plus de 200 pays et territoires.
Évidemment, pour procurer les soins essentiels de base à son peuple (qui a une excellente espérance de vie, presqu’aussi bonne que celle de l’Occident), Fidel a écrasé leurs droits humains et leurs libertés individuelles.
Comme Mussolini en son temps (qui était loin d’être un ange lui aussi), il a remis son pays sur les rails…
Évidemment, il demeure qu’il a violé des droits humains et tué bien des innocents… Mais on peut certainement dire qu’il a amélioré le sort de sa population d’un certain point de vue. Il ne reste plus qu’à souhaiter qu’un autre visionnaire, d’un autre genre cette-fois, redonnera leur liberté aux Cubains après la mort de Fidel, en concervant les acquis que celui-ci leur a apporté.
Si la vie à Cuba est si intéressante, pourquoi est-ce que tant de Cubains cherchent à fuir leur pays pour se rendre aux États-Unis (là où règne l’enfer du capitalisme inhumain)?
http://en.wikipedia.org/wiki/Cuba
20 000 légalement par année depuis 1994 (grâce à un accord entre les États-Unis et Cuba), 2000 qui tentent leur chance par mer, et près de 7500 par la frontière Mexicaine.
1 million depuis 1959.
« Human Rights Watch has criticized the Cuban restrictions on emigration and its alleged keeping of children as « hostages » in order to prevent defection by Cubans traveling abroad »
Si la vie est si belle à Cuba, pourquoi est-ce que le gouvernement cubain trouve nécessaire de retenir de force ses propres habitants?
Lorsque tous les journalistes (pas juste les gauchistes) seront libres d’aller interroger qui ils veulent à Cuba, sans surveillance gouvernementale, j’ai bien hâte de voir ce qui va arriver aux belles statistiques sur la vie à Cuba.