Il n'y a pas sujet plus difficile, plus délicat à traiter que le suicide.
Rappelons-nous ce qu'on a pu lire au lendemain du suicide du journaliste Gaétan Girouard, qui s'est enlevé la vie en pleine force de l'âge. On a vanté – à juste titre – sa courtoisie, son talent, sa dévotion. Mais on a aussi dit, parlant de son suicide:
«C'est son choix, il faut le respecter.»
Cette phrase a été prononcée à plusieurs reprises, par des collègues comme par des membres de sa famille. Normal: quand on est confronté à un drame aussi inexplicable, aussi gratuit, aussi dévastateur qu'un suicide (surtout lorsque la victime a trente-trois ans), on tente par tous les moyens d'y insuffler un sens. On se dit que c'était un choix, une décision. Que tout cela avait une finalité, un but.
Mais en répétant cette affirmation, même si c'est pour garder la tête hors de l'eau le temps de faire son deuil, ne risque-t-on pas, à long terme, de faire plus de mal que de bien?
L'Américaine Sue Chance est psychiatre. En 1984, son fils unique s'est enlevé la vie. En 1996, elle a écrit un livre sur les leçons qu'elle a tirées de cette expérience: Stronger Than Death: When Suicide Touches Your Life.
Pour elle, pas de doute: le suicide est tout, sauf un choix à respecter.
«Le suicide, écrit-elle, est une très mauvaise façon de résoudre un problème. Il arrive souvent que les proches d'une personne qui vient de s'enlever la vie prennent sa défense à leurs propres dépens. Ils louangent ses vertus – sa sensibilité, son intelligence, son tempérament artistique, etc. Ils font comme si cette personne était spéciale. Or, je suis désolée de parler aussi crûment, mais nous avons tous des problèmes. Nous traversons tous des crises. Tout le monde reçoit des flèches, dans la vie. Quand ça nous arrive, nous nous arrêtons, nous soignons nos blessures et nous poursuivons notre route. Les personnes qui se suicident refusent de faire ça. Ça ne veut pas dire qu'elles sont spéciales – ça veut dire qu'elles sont malades.»
«Cessons de nous raconter des histoires: les vraies victimes, dans les cas de suicides, sont les survivants, ceux qui se sentent responsables, qui souffrent et qui ont été abandonnés. Ce n'est pas notre famille qui a poussé mon fils au suicide, ni notre façon de vivre ou son environnement: c'est lui. La question à poser, lorsque quelqu'un s'enlève la vie, n'est pas: «Qu'avons-nous fait de mal?», mais bien: «Pourquoi cette personne n'est pas allée chercher de l'aide?» Le suicide, c'est un échec, un signe d'impuissance, une faillite. Une incapacité à grandir et à se développer. Nous ne rendons service à personne lorsque nous refusons de regarder ces vérités en face.»
On retrouve essentiellement le même discours sur le site Internet de Carrefour Intervention Suicide, un organisme basé à Sherbrooke.
«Plusieurs études approfondies et concordantes montrent que près de 90 % des personnes qui mettent un terme à leur vie souffrent d'un trouble psychique au moment de passer à l'acte, écrit James Alexander. S'il faut bien admettre qu'il puisse exister des «suicides-bilans», la grande majorité des actes d'autodestruction ont pour origine un état psychique pathologique qui ne permet pas à la personne de prendre à ce moment-là une décision libre et rationnelle concernant sa vie, ni d'évaluer son avenir avec suffisamment d'objectivité.»
«Souvent, on refuse de parler franchement du suicide parce qu'on ne veut pas donner l'impression d'attaquer la personne qui s'est enlevé la vie, conclut Sue Chance. Or, il faut en parler, c'est important! Les survivants n'ont pas seulement le droit d'exprimer leur peine et leur culpabilité. Ils ont aussi le droit d'exprimer leur colère. Ils ont aussi le droit de dire: «Non, je ne le comprends pas, et je ne l'accepte pas.»»
Les gars qui se barricadent dans leur maison et qui déciment leur famille avant de s'enlever la vie souffrent aussi de dépression grave. Mais est-ce que ça nous viendrait à l'idée de dire: «C'était leur choix, il faut l'accepter?»
Idem, il me semble, pour les suicides «traditionnels». Un père de famille qui se suicide fait du mal à sa femme et à ses enfants. Il peut même les blesser pour la vie.
Des choix à respecter? Je ne le pense pas: plutôt des actes violents à dénoncer, à regretter et à combattre de toutes nos forces.
Le suicide a toujours existé.
Dans le monde de la religion Catholique v’la pas si longtemps, lorsque que quelqu’un se suicidait son
cadavre était jugé en cour devant la justice de l’église,
à défaut de vivants à percécuter.
Aujourd’hui la vie est très individualisée et la plupart
des gens ce fou de son prochain parce que nous nous sommes changé en consomateurs.
Le « jeter après usage » colle tellement à notre peau dans
notre inconscience et le seul remède est l’amour, un mot
simple mais comment difficile à appliquer.
La multinationalisation de la planète est un problème,
parce qu’elle déshumanise les pays industrialisés. Certain
villages d’afrique ne connaissent pas le suicide, pourquoi?
Leur valeurs sont simples, l’amour de la famille, des
enfants, de la comunauté et l’amour de tout ce qui vie.
Tout le village élève leur enfants. Peut on en dire autant de nos villages au Québec?
Ma vie appartient seulement a moi et je en disposer comme bon me semble!Save me ,save yourself!!
J’ai deux remarques concernant votre article sur le suicide :
1. Quel est l’élément personnel qui vous a incité à rédiger sur ce sujet ? On ne choisit pas ses sujets au hasard. Il y a donc eu une résonnance dans votre esprit à la lecture d’un acte suicidaire, non ?
2. Je trouve que la psychiatre dont vous parlez et dont vous relatez les écrits sur le sujet suite au suicide de son fils n’a en fait pas compris grand chose.
La seule chose que j’ai retenu, c’est qu’elle veut à tout prix se dédouaner de toute responsabilité dans cet acte. Par contre, je n’y trouve aucune analyse intelligente de la situation.
Le « très superficiel » de mon titre reflète en fait sa réaction, non pas votre article..
3. petit commentaire de ma part sur le suicide : la personne qui se suicide retourne contre elle-même l’agressivité qui l’habite. Le suicidé est un meurtrier en puissance : pour ne pas tuer la ou les personnes contre lesquelles est dirigée sa rancoeur, elle se tue elle-même. Alors qui voulait donc tuer le fils de cette psychiatre ? Sa mère ? Possible..
Je vous appuie totalement. Le suicide est un acte violent commis par une personne qui avait besoin d’aide. C’est tout sauf une solution, tout sauf un choix. Présenter le suicide autrement que comme un acte de détresse, c’est envoyer un très dangeureux message à tous ceux d’entre nous qui sont plus fragiles.
Scott Peck débutait son livre par «La vie est difficile». L’admettre au départ évite bien des déceptions. Elle est difficile mais pas impossible. Vivre, c’est rechercher constamment des solutions à des problèmes. Et ces solutions nous apportent des satisfactions parfois superficielles, parfois profondes qui nous en apprennent sur nous et sur les autres.
La vie est difficile, mais elle n’en est pas moins belle!
C’est un sujet intéressant. D’un côté, il semble logique de vouloir empêcher tous les suicides et de lutter contre.
D’un autre côté, comme le disait un intervenant précédent : notre vie nous appartient. On n’a pas demandé à vivre alors comment pourrait-on refuser ce choix de mourir à quelqu’un? Au niveau philosophique il semble qu’il y ait un débat intéressant à faire là. Pour quelqu’un de jeune, heureux, en santé, de la classe moyenne, je trouve difficile de concevoir que quelqu’un soit désespéré au point de vouloir mourir mais JE NE SUIS PAS DANS LA PEAU DES AUTRES. Alors comment juger que cette personne était simplement « pas saine d’esprit »? C’est un peu facile non?
Et le suicide dans le cas de maladie incurable? à quel point la vie ne vaut plus la peine d’être vécue? Pourquoi un médecin accepterait de débrancher au point X et pas au point Y?
Je suis la première à croire que le suicide est une solution permanente à un problème temporaire mais je refuse de voir uniquement dans la personne suicidaire une personne malade. Le suicide n’est pas un problème médical selon moi mais bien plus un problème existenciel.
Cette idée que les suicidés sont « malades » va avec l’air du temps. Tout est médicalisé de nos jours : les pédophiles ne sont plus des criminels se sont des « malades », par exemple. Avant on voyait le diable dans tous les problèmes : aujourd’hui on voit des maladies… c’est une question de mode, simplement.
Quand votre expert dit que « 90% des gens qui se suicident souffrent de troubles psychiques » il faudrait définir trouble psychique!
Bref, oui, luttons de toutes nos forces contre le suicide, mais cessons ces jugements faciles voulant que tous les suicidés soient simplement des malades en manque de prozac!
Pas facile de vivre avec le suicide d’un proche… Maladie? Sûrement, dans la plupart des cas. D’ou l’incapacité à régler ce genre de problème tout seul, et comme les ressources sont très maigres, il est difficile de s’en sortir. Vous voulez obtenir un rendez-vous en psychiâtrie? À moins d’une urgence grave, vous en avez au moins pour 3 à 4 mois avant d’avoir un rendez-vous…, ce qui vous laisse seul sur la dalle avec vos idées noires. Les proches, ces aidants naturels comme on les appelle dans bien des ministères, sont souvent dépassés et n’ont aucune formation qui leur permettrait d’intervenir efficacement. Chose certaine, la personne suicidaire, la plupart du temps, n’a plus aucun recul face à sa détresse, et ne pense aucunement aux torts qu’il ou elle va causer à ses proches.
Et comment aider les « survivants » qui ont perdu un être cher? Par exemple, comment aider un enfant de 11 ans, qui est penché sur la tombe de son père, à faire face à cette tragédie? Comment lui expliquer ce que nous ne comprenons pas nous-mêmes?
Contrairement à une fracture ou un cancer, ce mal est strictement intérieur, et ne paraît aucunement, ce qui nous empêche souvent de le repérer et d’intervenir à temps. Mais il est tout aussi réel.
Il y a plusieurs pistes de recherche, mais la première repose sur la communication entre personnes, proches intervenants, spécialistes. La médication? Appropriée dans certains cas, mais elle ne pourra pas tout changer, parce qu’elle contrôle surtout les symptômes et non les causes du mal de vivre.
Le suicide ne semble pas être un choix mais plutôt une absence de choix. Trouble psychique ou non, c’est la souffrance qui à la base de ce geste, doublée d’une incapacité à se mobiliser dans une démarche d’aide qui redonne espoir.
Appelez-moi « insensible »; j’ai toujours trouvé que les gens qui se suicidaient étaient des lâches. C’était pour moi comme prendre une route facile pour éviter ses problèmes au lieu d’y faire face et d’espérer les résoudre un jour.
Appelez-moi « sans coeur »; j’ai toujours trouvé que les gens qui commetaient le suicide étaient des égoistes. Leur douleur est-elle comparable à celle qu »ils crééent par leur acte? Pensent-ils aux parents et amis qu’il quittent derrière eux? Leur problème est-il si grand qu’il éclipse ceux des autres?
J’ai travaillé avec un homme qui s’est suicidé. Il a laissé derrière lui une femme et cinq enfants. Je l’ai trouvé lâche et égoiste.
Mais biensur, qui suis-je pour juger?
Parmi les 2000 hommes qui se suicident au Québec a tout les ans, plusieurs ont un dénominateur commun, la dame veut quitter le monsieur. C’était le cas de Gaétan Girouard, ce semblerait être le cas du député bloquiste, ce fut le cas d’un des mes amis.
N’étant pas un « lologue » ou un expert en la matière, il m’apparait évident que ces hommes semblent incapable de vivre cette situation qu’ils considèrent comme un échec.
Ce n’est pas S.O.S.suicide qui va les aider dans leur désespoir, ils sont en CRISE, et malheureusement il n’y a pas de centre de crise pour Hommes au Québec, concernant ce genre de situation. Les seules centre pour Hommes sont concernant «la violence ou la toxicomanie».
Mais il y a des centres de crise pour les femmes, et le Conseil du Statue de la Femme s’assure du financement. Car après le suicide du conjoint, la conjointe a la possibilitée de consulter a ce centre de crise, comme ce fut la cas pour la conjointe de mon ami.
On peut étudier le suicide et ses causes, mais il semble qu’on ne veut pas ou on n’est pas pret a admettre que le Désespoir est la cause principale chez les hommes. Pourtant on détient la médaille de bronze des suicides au monde, une petite province de plus de sept millions de population est en troisème place parmi les pays les plus industrialisé. Tout ce qu’on constate c’est les résultats du suicide et le mal que ça cause aux familles, mais on semble éviter d’aller en profondeur pour faire cesser ou du moins diminuer les suicides au Québec. Pensez-y, a la fin de 2006, il y aura encore plus de 2000 suicides au Québec.