BloguesRichard Martineau

R-E-S-P-E-C-T

Avez-vous lu le texte de Christian Rioux publié dans Le Devoir cette semaine (Le Cirque)?

C'était SA-VOU-REUX.

En voici un extrait

À bord de l'avion qui me ramenait de Montréal, je me disais que ce n'est peut-être pas un hasard si le Cirque du Soleil est devenu, avec les années, le symbole par excellence du génie québécois. Je reviens en effet de deux mois au Québec comme on revient d'un spectacle de cirque, encore étourdi des étonnants numéros d'acrobatie auxquels j'ai assisté.

Il faut dire que mon été avait commencé avec les Outgames, échec sportif et commercial s'il en est. Le premier était écrit dans les nuages depuis longtemps. Les Outgames, auxquels manquait désespérément un nom français, auraient en effet pu revendiquer celui de «jeux pour les nuls». Quant au second, il suffisait pour le prévoir de suivre le cours du dollar américain et de savoir qu'un événement semblable s'était tenu à Chicago un peu plus tôt.

Mais les bons sentiments sont aveugles.

Le Québec est un des rares pays du monde où les gouvernements ont cinq millions de dollars à consacrer à un événement qui organise des compétitions de poilus et de danse en ligne. Que ne ferait-on pas pour passer pour le pays le plus «ouvert» du monde! C'est devenu une obsession.

Je ne sais plus combien de fois j'ai entendu parler d'«ouverture» pendant ces deux mois.

Chaque fois, le mot était prononcé avec un petit air de satisfaction convenu. Pourtant, en fait d'«ouverture», les Outgames n'auront fait que ridiculiser la cause des homosexuels en les faisant passer pour des «beaufs» finis. Et en réduisant la grande culture homosexuelle – celle des Genet, Wilde, Capote et Yourcenar – à un désolant exercice de propagande et de vulgarité.

Christian Rioux a tout à fait raison.

C'est fou comme on veut avoir l'air cool, au Québec. Ouvert, tolérant.

On a tellement besoin d'être aimé! On veut tellement être l'ami de tous et chacun! On a tellement besoin de l'assentiment des autres!

On traite les minorités comme des enfants. Tout ce que les membres des minorités disent est parole d'Évangile… Ce sont des p'tits anges qu'il faut bichonner, sinon ils vont se casser en mille morceaux. Il faut leur parler en bébé, dire que tout ce qu'ils font est beau, génial, superbe, fantastique…

Surtout, il ne faut jamais les critiquer!

Car vous savez, c'est faible, une minorité, c'est délicat, c'est pas capable de prendre les critiques. C'est tout p'tit et ça veut vivre…

On se dit ouvert, tolérant. Mais dans le fond, on est condescendant. On regarde les autres de haut, on les traite comme s'ils étaient des bambins… (voir l'entrée précédente)

Notre ouvertures est une tolérance de boutique, destinée à nous réconforter, à nous donner une bonne image de nous-même… Car la véritable ouverture, le véritable respect des autres passe d'abord et avant tout par la franchise.

Je te critique CAR je te respecte.

Si je ne te critique pas, c'est que je ne te respecte pas.

Ça me fait penser au magazine culturel de la télé de Radio-Canada. "On ne fera pas de critique", se sont empressés de dire ses créateurs quand ils ont présenté l'émission.

Pourquoi? Parce que la culture québécoise est trop faible pour essuyer des critiques? Parce que si l'on dit qu'un film est mauvais, son réalisateur ne s'en remettra pas? Voyons donc! Quand on dit ça, on accorde trop d'importance aux critiques et on sous-estime les créateurs…

Un peu plus de respect pour nos artistes… Et un peu plus de respect pour nos minorités…