Courriel de Béatrice André
La couverture médiatique de cette tragédie me donne profondément envie de vomir. Les chaînes de télé seraient prêtes à nous montrer les cadavres des victimes en gros plan si elles le pouvaient dans le seul but d'être les premières sur le scoop. Aucun respect pour ceux qui sont réellement touchés par ce drame.
En première page du Journal de Montréal, on peut lire : La tuerie : 30 pages, 45 photos. 45 PHOTOS ! Ce n'est même plus du sensationnalisme déguisé en journalisme, c'est de la récupération ! Profiter de la détresse des victimes et de leurs familles, profiter de la panique et de la déprime de ceux qui ont regardé les images en boucle pendant des heures pour gonfler son chiffre d'affaires. C'est tout bonnement dégueulasse !
La presse à sensation ne date pas d’hier( allo-police ou photo-police, take your pick!). Mais ce qui était à l’époque le pain et le beurre des journaux cheaps, est devenu l’affaire de la presse en générale. Avec l’arrivée des réseaux d’information continue et de l’internet, on dirait que les journaux et les réseaux ont tellement peur de se faire damer le pion qu’ils sont prêt à presque n’importe quoi pour être les premiers à sortir LA NOUVELLE!Dans le déluge (délire?) médiatique, que retient-on de tout ça? Le père Péladeau avait raison, la meilleure recette pour vendre de la copie, c’est le sang, le cul et le sport…
Et c’est la même chose partout, aux U.S.A. (on le voit à tout les jours avec CNN) ou en Europe (la mort de Lady DI). Le Québec ne fait que suivre cette spirale du sensationnalisme qui se nourrit de notre curiosité morbide! Est-ce que finalement on ne nous donne pas que ce qu’on demande, dans cette ère ou nous ne sommes plus que des consommateurs et de moins en moins des citoyens?
« Est-ce que finalement on ne nous donne pas que ce qu’on demande, dans cette ère ou nous ne sommes plus que des consommateurs et de moins en moins des citoyens? »
Pourquoi la presse devrait-elle être plus responsable que le public?
Bien sûr c’est horrible. Bien sûr c’est dégoûtant. Mais je me demande… qui parmi tous ceux qui manifestent leur dégoût se sont abstenus d’ouvrir le journal, ont changé de poste PAR CONVICTION CITOYENNE?
Comme le dit le commentaire précédent, on nous donne ce qu’on demande. Il s’agit de demander autre chose.
Ça me rappelle un texte que M. Martineau avait cité et qui parlait de Macdo. On disait que le problème chez Macdo, c’était pas le menu, mais les choix qu’on fait sur le menu. Quand les gens commanderont pu de Big Macs, y aura pu de Big Macs.
M. Côté dans le commentaire précédent parlait de consommateurs… la presse et les médias sont quoi sinon un produit de consommation? Bien sûr, ils « devraient » être autre chose… dans le monde des Câlinours, ils le seraient peut-être.
Presque tout le monde critique le fait que tout le monde en parle (dans les médias).
Les médias font de leur auto-justification une figure obligée, en s’excusant d’en parler mais sans se priver de critiquer les gens qui critiquent les médias d’en parler.
Et vous lisez ces lignes…
Ce n’est pas tant que les médias en parlent le problème. Avant-hier, ils ont craché des dizaines de scénarios différents: 4 morts, plusieurs blessés, oups maintenant 3 morts et 3 tireurs, oups astheure on va dire 1 mort et 2 tireurs et plusieurs blessés, etc. C’est quoi ÇA sinon que de vouloir garder les cotes d’écoutes au maximum? Quand tu ne connais pas les circonstances, tu racontes pas des histoires, tu FERMES TA GUEULE.
Ensuite, le journal de Montréal, pour les voyeurs, a été fantastique. Mon ami, qui est abonné à plus ou moins 10 journaux différents autant francophones qu’anglophones, m’a montré clairement l’exagération du journal de Montréal. C’est pas de la liberté de libellé ça, c’est du voyeurisme lugubre. Les journalistes du JDM étaient littérallement dans les jambes des policiers pour prendre des photos choc; dans les images télévisées, tu en vois un à un moment donné étirer son bras entre deux secouristes qui donnaient les premiers soins à une jeune fille blessée pour prendre une photo avec la vue au-dessu de la civière: TASSE-TOI BORDEL!!! Les policiers essaient de faire leur job et eux se foutent dans les pattes pour prendre des photos! P A T H É T I Q U E!
Je pense qu’on a des questions à se poser sur le culte du spectaculaire…
On a beau vouloir s’abstenir d’ouvrir le journal ou ne pas regarder la télé, que ce soit par conviction citoyenne ou par simple dégoût, on n’y échappe pas pour autant.
En ce qui me concerne, je n’ai pas plus allumé la télé que je le fais généralement (c’est-à-dire jamais), je n’ai lu aucun quotidien le lendemain du drame, mais le sensationnalisme des médias se fait présent partout : au restaurant où la télé qui diffuse normalement des émissions sportives est soudainement restée bloquée sur LCN, invitant les clients à manger en ayant le regard fixé sur l’écran. Là où je prends mon café le matin et où je patiente en jetant un oeil sur les unes des journaux.
C’est là qu’encore aujourd’hui, j’ai pu constater à quel point le Journal de Montréal est plus vautour que je ne le pensais… On y a annonce 16 pages sur le drame avec des titres d’un sensationnalisme gerbant.
– Les derniers instants du tueur
– Psychologie du tueur
– Megadeth scandalisé !
Je suis entièrement d’accord.
Ce journalisme sensationnalisste à outrance est dégueulasse.
Mais combien sommes nous à avoir cette opinion. Bien peu j’en ai peur.
Aujourd’hui le journal de montreal vendra des milliers de copies avec ses 30 pages et ses 45 photos, au bon peuple qui s’y vautrera dans un plaisir coupable de voyeurisme cheap. Et nous seront seulement quelques dizaine à trouver ça décourageant.
Je n’en veux pas aux médias. Ils sont en business. Si ils impriment et vendent de la merde, c’est que les gens en redemandent.
Les gens ne veulent pas être informés, ils veulent être divertis.
C’est dans ces moments-là que je favorise grandement l’avenir du journalisme vers internet. Depuis quelques années déjà, j’ai perdu cette habitude de regarder le bulletin de nouvelle télévisé, je vais plutôt me renseigner sur internet où l’on a la possibilité de choisir nous même les titres intéressants…on filtre l’information nous même plutôt que de s’assoir sur notre divan pour se faire servir un bulletin de nouvelle de deux heures sur le même putin d’évènement, et ce, avec un ramassis de remplissage idiot et totalement impertinant. Des heures de couverture que la tivi à faite des évènements, combien d’entre-elles étaient vraiment pertinantes…je serais presque tenté de dire aucune…
Mercredi soir, j’ai décidé que je voulais plus rien entendre . Indigestion d’information. Je vais attendre quelques heures ou quelques jours avant de revenir sur le sujet, lorsque tout sera plus calme et que des gens vraiment pertinants commente l’évènement.
J’ose même pas imaginer ce qu’il serait arriver si le type se serait pas fait descendre, on l’aurait peut-être eu en entrevue en direct sur TVA: « Monsieur, pourquoi avez vous commis se geste? Avez-vous besoin d’aide? »
Sick and pervert.
Je ne sais pas ce qui c’est passé dans la tête de l’auteur de la tuerie mais une chose est sûre: Si son objectif était de vouloir être reconnu partout, et bien les médias lui ont fait le travail et le tout, livré sur un plateau d’argent.
Et cela laisse songeur quant aux autres personnes avec le même ordre d’idées qui voient ce genre vedettariat. Va-t-on assister à une autre vague de tueries par des gens en mal de reconnaissance(si c’est l’objectif) comme ce qui s’est passé après Columbine?
Au moins, certains médias agissant en vautours vont sûrement se racheter en partant des fondations pour les victimes/personnes en problème dont l’argent proviendra directement de la vente de leur contenu sur l’événement. Ha non, oubliez ça.
Mme André,
Je partage votre nausée, mais il n’est pas nouveau que le journal dont vous parlez joue avec le sang et l’écrapoux pour se donner de la substance. Annonces de chars, de TV, de laveuses, de forfaits de cellulaires, articles sur des sujets insolites, baseball, football, golf, hockey… Il est hélas, avec La Presse, un reflet assez fidèle de notre société.
Il existe cependant des journalistes qui font un travail honnête… Avez-vous songer à porter plutôt votre attention sur Le Devoir ou Le Monde ?
Le mieux qu’on puisse faire avec le journal dont vous parlez, c’est de l’ignorer car je le soupçonne de se nourrir du bruit et de l’éclat de notre vomissure…
Les photographes de scènes de catastrophes finissent probablement par développer une carapace, comme c’est sûrement le cas pour les bouchers, les chirurgiens. Au début de leurs carrières sûrement que ces images horribles de corps mutilés doivent leur donner l’envie de mourir. On s’habitue à la beauté mais ausi à la laideur. Avec le temps certains d’entre eux poussent vraiment l’indécence trop loin. Ces photos peuvent être utiles pour les coronaires, les enquêteurs mais quel est l’intérêt pour la population de voir sur la première page de leurs quotidiens l’horreur en gros plan. Cet évènement malheureux nous a donné par contre l’occasion de voir des jeunes québécois exprimer leurs émotions de façon bien articulés. La conclusion tirée par M. Martineau sur la piètre qualité d’expression de nos jeunes québécois l’a peut-être été trop vite. Cet évènement a été couvert par la presse internationale et l’échantillon des jeunes qui ont eu à s’exprimer ne peut que nous remplir de fierté.
L’envie de vomir et non de mourir.
Oui, heureusement, il existe des journaux autres que le Journal de Montréal et la Presse qui ne jouent pas à ce jeu macabre de la récupération. Mais ce ne sont malheureusement pas eux qui sont la source première de l’information pour la majorité des Québécois.
Ce qu’on a vécu ces derniers jours risque non seulement de se reproduire, mais d’aller encore plus loin les prochaines fois. Les médias ne cesseront très certainement pas ces pratiques d’eux-mêmes. Peut-être serait-il bon qu’une loi ou des directives fixées par le gouvernement les mettent sévèrement à l’amende lorsqu’ils dépassent les limites de la décence. Mais ça, c’est de la pure utopie…
J’ajouterais aux commentaires de Béatrice que les limites de la décence pour les uns n’est pas nécéssairement les limites pour les autres.
Pensez juste au sexe. Certains comportements banals pour certains sont de la perversité pour d’autres.
Alors oui, je suis d’accord avec elle pour dire que c’est de la pure utopie. Et tant mieux, on a assez de lois et règlements comme ça.
Vaut mieux dix mauvaises ententes qu’un bon rêglement…
Et que dire des 150 tetons qui se sont postés avec leur caméra dans la cour des parents à essayer de filmer à travers la porte patio? Tout à coup que la compétiteur pognait LA première réaction de la mère, on niaise pas avec ça!