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Le mythe du bon sauvage

Et si le mythe de l'Indien écolo qui aime et protège la nature était un mythe inventé par l'homme blanc?

C'est ce qu'avance Philippe Jacquin, professeur d'anthropologie américaine à l'université de Lyon-II.

L'Indien " écologiste " est une invention de l'homme blanc. Prenant le contre-pied de ce mythe, les chercheurs américains montrent aujourd'hui que les Indiens furent de terribles prédateurs pour la nature.

Un mythe qui se fissure pourtant à la lecture des travaux récents, et notamment de l'ouvrage de Shepard Krech. Cet anthropologue américain, spécialiste de l'histoire amérindienne, montre en effet que, contrairement aux idées reçues, la présence des Indiens eut un impact souvent nocif sur l'environnement.

Le thème traditionnel de l'indigène errant dans une nature vierge, démuni de tout savoir-faire et de toute technologie, mérite d'être revu.

Lorsqu'au XVIe siècle, les explorateurs européens débarquèrent sur le continent américain, ils crurent découvrir un nouvel Éden. La population indienne (entre 4 et 7 millions d'habitants) était dispersée sur un espace immense, sans commune mesure avec les royaumes du Vieux Continent. Des régions entières du littoral étaient encore inhabitées, donnant l'illusion d'un monde à peine effleuré par la main de l'homme.

Or cette nature magnifiée avait déjà subi de profondes transformations au cours des siècles. Le type d'agriculture pratiqué par certaines tribus indiennes avait en effet provoqué d'importantes modifications écologiques.

Ainsi, au XIIIe-XIVe siècle, les Hohokans, vivant dans les régions arides de l'actuel Arizona, avaient élaboré un vaste système de canalisation pour irriguer leurs champs de maïs.
Ce faisant, ils déversaient de l'eau fortement saline sur les terres, appauvrissant les sols déjà menacés par de terribles sécheresses.

Au bout d'un siècle de ces pratiques agricoles, les Hohokans furent obligés d'abandonner leur territoire.