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Half Nelson

 

Avec Half Nelson, un petit film indépendant, la souris a accouché non pas d'une montagne (il ne faut pas exagérer), mais d'une bonne colline.

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Half Nelson est ce qu'on appelle un film de profs, comme Les Choristes ou Dead Poets Society. Vous savez : le jeune prof tripant qui va enseigner dans une école pauvre et qui réussit, par des méthodes ô combien originales, à sensibiliser les jeunes aux bienfaits de la culture avec un grand C.

Mais cette fois-ci, il y a une différence : le prof est toxicomane. Il sniffe de la coke et fume du crack. Et un jour, il est pris en flagrant délit par une de ses jeunes étudiantes.

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Half Nelson pourrait être un petit téléfilm "à cause" qui passe l'après-midi à Canal Vie. La mère alcoolique, le prof toxicomane, la police gaie, le politicien travesti.

Mais heureusement, ce n'est pas le cas. Il n'y a pas de morale, dans Half Nelson, pas de leçon, pas de petite conclusion cucu, genre: "C'est pas beau, prendre de la drogue."

Le réalisateur observe ses personnages sans les juger. Le film est d'ailleurs tourné comme un documentaire : caméra à l'épaule, très peu de moyens, on regarde toujours les personnages de loin, comme si on les épiait. Ça ressemble beaucoup aux films des frères Dardenne, comme Le Fils ou L'enfant.

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Mais avec ses petits moyens, Half Nelson suscite plus d'émotion en cinq minutes que The Black Dahlia en deux heures. Il faut dire que les acteurs sont extraordinaires.

Ryan Gosling, qui joue le prof coké, est le meilleur comédien de sa génération (il crevait l'écran dans The Believer, l'un des meilleurs films américains des dernières années, qui racontait la descente aux enfers d'un jeune juif qui militait dans un groupe néo-nazi).

Contrairement à Josh Arnett, le héros du film de Brian De Palma, un acteur tellement drabe qu'il ferait passer Keanu Reeves pour un croisement entre Fabrice Luchini et Paul Buissonneau, Gosling est charismatique, même quand il ne fait rien.

Half Nelson n'a pas la prétention d'être un grand film. Mais c'est ce qui fait son charme. Quand au cinéma, plus les attentes sont élevées, plus la déception est grande.