Une conversation passionnante entre Patrice Robitaille et le critique Normand Provencher, qui a été écorché par l'acteur de Cheech lors de la récente édition de Tout le monde en parle.
PATRICE ROBITAILLE: Je n'ai aucun problème avec la critique, j'te jure, j'aime même ça, paye-toi la traite si tu veux te la payer, débâtis-nous, mais des fois, j'ai besoin que ce soit plus argumenté, comme si t'avais donné trois ou quatre impressions un peu punchées, j'ai eu l'impression que t'as voulu faire un effet. Moi je m'en câlisse que t'aies écrit que j'étais « style testostérone avec des sacres », je te le jure, c'est même pas personnel, j'ai eu le feeling que tu y est allé pour que le monde dise : «As-tu lu Provencher, il les passe au cash». Pour le style et l'effet.
Honnêtement, c’est la première fois que je vois un artiste critiquer un critique comme du monde. Comme dans n’importe quoi d’autre, il y a des critiques bien faites et il y a des critiques mal faites; et comme n’importe quel autre travail, les critiques ont besoin d’un point de vue extérieur pour savoir où s’améliorer. Les artistes devraient être en mesure de leur donner ce genre de « feedback » mais ils sont généralement trop émotif pour dire quoi que ce soit de constructif. Les critiques finissent par croire que leur article étaient correct et que l’artiste n’a pas aimé parce qu’elle était négative. M. Robitaille a été capable de garder son calme et de dire ce qui selon lui clochait avec le travail de M. Provencher.
Sincèrement (suis-je seul?), toute cette histoire m’a laissé totalement impavide. L’auto-adulation de la jungle artistique, de ses critiques, de ses observateurs, de ses agents, et tutti quanti commence à sérieusement me taper sur les nerfs.
Je crois que nous n’avons pas besoin de critiques pour nous dire quoi aller voir ou ne pas voir. Je crois que nous n’avons pas besoin des films de ces nouveaux petits mecs de l’acabit de Robitaille et sa gang.
Donc, cette conversation me paraît d’une insignifiance assez époustouflante et ressemble plus à une scéance de taï-chi new-age entre mâles en manque d’amour.
À l’heure où les débats québécois ne savent s’articuler qu’autour de la table de Guy A., je suis inquiet de l’intérêt de mes concitoyens à propos de sujets plus significatifs…
Ce fait divers est insignifiant.
Un autre artiste incompris se frustre d’une critique qui n’est pas flatteuse.
Normal, nos petits bébés gâtés sont tellement habitués d’être encensés en toutes circonstances, qu’un infime morceau d’esprit critique se voit automatiquement lapider sur la tribune d’une émission populaire.
Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Mentalité de québécois vraiment moyen.
J’ai toujours trouvé drôle les acteurs qui critiquent les critiques. Ils ont cette espèce de prétention d’être les artistes de l’heure, les modèles les plus modernes qui soient. « Tu oses me critiquer? Viens donc faire mieux! Ah, tu ne peux pas? Alors chut. »
Personne n’est invincible Robitaille. Et ce n’est pas parce que tu as réussi avec un rôle, qu’il est infaillible, à l’abri de toutes critiques.
Et qui lit les critiques de films pour ensuite en évaluer leur « style » et leur « effet »? On ne lit les critiques que pour les critiquer à notre tour.