Nous vivons dans une drôle d'époque. Tout le monde veut changer de place.
Regardez les émissions de télé-réalité, par exemple. Les gens ordinaires veulent devenir des stars, alors que les stars, comme Michèle Richard ou Ozzie Ozbourne, veulent montrer qu'elles sont des gens ordinaires.
C'est comme un gros jeu de chaise musicale, tout le monde veut s'asseoir dans le fauteuil de son voisin.
Cette réalité est le sujet du dernier film de Danielle Thomson, Fauteuils d'orchestre, une comédie qui met en vedette Valérie Lemercier, Claude Brasseur et Albert Dupontel.
Fauteuils d'orchestre ressemble à un film de Robert Altman. On suit les destins de plusieurs personnages qui fréquentent le même restaurant: une serveuse, un pianiste de concert, un collectionneur d'art et une comédienne.
La comédienne joue dans un soap à la télé, mais rêve de faire du cinéma. Le pianiste est couvert d'éloge, mais rêve de devenir anonyme. Le collectionneur d'art rêve de vivre dans un appartement vide, et la serveuse rêve de devenir une star.
Personne n'est bien dans peau, et tout le monde trouve que l'herbe est plus verte dans la cour du voisin.
Le restaurant que tous les personnages fréquentent est situé en face d'un théâtre. Et qu'est-ce qu'on joue dans ce théâtre? Une pièce de Feydeau.
Le film ressemble d'ailleurs à une pièce de Feydeau. Léger, pétillant et sophistiqué. Une sorte de théâtre d'été pour les abonnés du Musée des Beaux Arts. Il y a un personnages qui n'arrête pas de chanter des chansons de Bécaud et d'Aznavour. Et ça colle parfaitement au film. Le ton n'est pas aussi profond que Jacques Brel, mais il est plus consistant que Sacha Distel.
Disons que c'est entre Eric Rohmer et Claude Lelouch.
Si vous aimez les comédies françaises, vous allez passer un très bon moment. Et puis il y a Valérie Lemercier, qui est hilarante dans le rôle d'une comédienne complètement hystérique qui rêve de jouer Simone de Beauvoir. Le film parfait pour combattre les blues de l'automne.
C'est comme un steak frites. Ça ne révolutionne pas la gastronomie, mais "ça fait la job"…