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The US versus John Lennon – critique

Les artistes multimillionnaires veulent tous changer le monde.
Ce n'est pas suffisant pour eux d'avoir des châteaux, des jets privés et des milliers de femmes dans leur lit. Ils veulent prouver qu'ils sont intelligents, influents, sérieux.

C'est ce qui arrive avec Bono. Et c'est ce qui est arrivé avec John Lennon.

À la fin des années 60, John Lennon était plus populaire que Jésus. Or, qu'est-ce qu'on fait quand on atteint un tel statut? On ne veut pas chanter I Wanna Hold Your Hand devant des adolescentes hystériques, non, on veut faire des miracles, marcher sur l'eau, ressusciter les morts.

Le miracle que John Lenon voulait accomplir était d'arrêter la guerre du Viet-Nam, rien de moins. Il a organisé des bed-ins, il s'est fait pousser les cheveux, il chantait Give Peace a Chance avec le fondateur des Black Panthers.

Le documentaire The US Versus John Lennon nous fait vivre cette époque magnifique où il suffisait de gratter un yukulélé et de se faire photographier en pyjama pour passer pour un révolutionnaire.

On dirait une Musicographie produite et réalisée par Québec Solidaire. Au lieu de dire : "Après la pause, John Lennon sombre dans l'enfer de la drogue", on dit : "Après la pause, John Lennon est espionné par des agents du FBI."

Ce documentaire dépeint John Lennon comme un héros. Son téléphone était sous écoute, le FBI et Richard Nixon voulaient l'expulser des États-Unis. Bref, l'ex-Beatle était une idole révolutionnaire comme Che Guevara.

Si vous aimez la musique de Lennon, et si vous trouvez que les années 60 étaient la plus grande décennie de l'Histoire de l'humanité, vous allez adorer ce documentaire. On entend les propos et les témoignages de plusieurs personnalités, comme l'écrivain Gore Vidal, le journaliste Carl Bernstein, l'activiste Ron Kovik, qui a inspiré le film Born on the Fouth of July.

Personnellement, je dois avouer que je suis resté sur ma faim. Pas parce que le film est mal fait, au contraire. Mais parce qu'il ne m'a pas convaincu que John Lennon a vraiment changé le monde.

Lennon a milité pendant des décennies contre Richard Nixon. Il a organisé des concerts-bénéfices, multiplié les entrevues, fait placader des affiches anti-guerre aux quatre coins du monde. Or, en 1972, Richard Nixon a été réélu avec une majorité écrasante, historique.

Quel a été l'impact politique de John Lennon? Zéro.

Pas fort pour un Messie, non?

Preuve qu'il faut plus qu'une bonne toune (et une bonne coupe de cheveux) pour changer le monde. Ce n'est pas un artiste qui a fini par avoir la peau de Richard Nixon, mais deux journalistes, Carl Bernstein et Bob Woodward.

C'est bien beau, chanter "Libérez-nous des Libéraux" au gala de l'ADISQ, mais ça prend plus qu'un bon "riff" pour jeter Jean Charest dehors. Ça prend des faits, des enquêtes. Les gens ne votent pas en fonction d'une toune, aussi entraînante soit-elle.

John Lennon a voulu changer le monde. Tout ce qu'il a changé, c'est la musique. C'est déjà ça, bien sûr. Mais regardons la réalité en face. Il a eu une influence sur la CULTURE, mais pas sur la POLITIQUE.

On ne change pas le monde avec une guitare.