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bouffe, histoires et pas beaucoup de musique

Depuis deux jours, nous avons accès à des trucs qu'aucun touriste ne peut imaginer. Nous visitons des plantations tenues par de riches tenanciers prêts à tout pour qu'une délégation de journaliste passe un séjour fantastique. Entourés de ministres du tourisme, de représentants de ci et ça, nous soupons dans des salles à manger datant du 18ième normalement fermées au public. Nous engouffrons des repas riches et copieux: Champagne, bisque de citrouille d'endive, poisson, agneau, fromage, vin, caviar.Vous pouvez m'expliquer ce qu'un critique musique fait au milieu de ce cirque gastronomique?

En écoutant les bijoux de textes de Cohen chantés de sa voix apaisante (Columbia vient de rééditer ses disques), j'écris depuis une ancienne maison d'esclaves d'Oak Alley, une autre de ses plantations que compte la Louisiane.

 
Oak Alley

Précédée d'une allée de chênes légendaire, et si saisissante qu'un paquet de réalisateurs hollywoodiens l'ont choisie comme lieu de tournage, la maison principale du domaine est sans comparaison. Servant de référence à travers la planète, le bâtiment principal, aux colonnes magistrales, est d'une beauté remarquable. Une preuve du génie humain tout comme l'avion qui nous mène en ces territoires remis de Katrina.

L'horaire est plutôt chargé. Trop à mon goût. Outre Oak Alley, nous avons visité deux plantations aujourd'hui : celle très bien préservée du Rural Life Museum qui vaut franchement le détour pour son côté plus authentique et moins tape à l'oeil, et celle de Laura, une femme qui vécut jusqu'à 102 ans.


Maison d'esclaves du Rural Life Museum
 

L'histoire de cette plantation créole située à 45 minutes de Baton Rouge est intriguante. Contre toute attente, elle fut dirigée par trois femmes différentes dès le milieu du 18ième. Un récit magnifique rapporté par Laura elle-même via ses mémoires publiés dans un livre illustré. On y raconte des histoires d'esclaves à faire brailler, comme celle d'un homme marqué au front des initiales de sa maîtresse après une tentative d'évasion (une marque au fer rouge!).

 
Disque de d'or de Jimmie Davis

Capitale de la Louisiane, Baton Rouge est une ville de fonctionnaires et de raffineries. Elle porte un pan de l'histoire louisianaise comme celle de Huey P Long, gouverneur mort après s'être fait tirer dans les couloirs du sénat, et celle d'un autre gouverneur, Jimmie Davis, celui même qui composa le classique You are my sunshine. Dans les années 1940, il se pointa un jour au capitole à dos de cheval après que le sénat lui ait refusé d'avoir une limousine pour faire le trajet entre sa résidence et son bureau séparés par un gros 5 minutes de marche. Sa monture blanche, première à entrer dans un édifice gouvernemental en Amérique, s'appelait justement Sunshine, d'où la chanson.


Jimmie Davis sur cheval
 

Je pars demain vers Lafayette pour le Festival International de Louisiane. Je quitterai donc tout ce clan clan instructif, agréable et d'une beauté formidable, mais tape à l'oeil et un brin artificielle.