Deux jours après m'être penché sur l'engouement aveugle des blogueurs face à Mathias Mental, je suis tombé sur cette chronique d'Olivier Lalande parue dans la nouvelle édition du Night Life: «Je poursuis sur ma lancée du mois dernier en m'attardant à d'autres points sur lesquels les blogueurs, animateurs de radios communautaires et autres critiques du dimanche s'égarent lorsqu'ils nous font des comptes-rendus de concerts.»
Assisterait-on au début d'une rivalité entre journalistes (publiés et payés pour écrire) et blogueurs (mélomanes se créant leur propre tribune sur le Web)?
Les journalistes verraient-ils une menace en cette meute de nouveaux scribes bénévoles? Les blogueurs ont-ils la connaissance et surtout le recul pour pondre des critiques justes et étoffées?
Dans un commentaire laissé sur Rock'n Doudou, j'écrivais qu'«un blogueur, sauf exception, n'est pas journaliste ou critique. Il donne son point de vue pour le simple plaisir de s'exprimer et obtenir de l'attention. Faut pas en faire un plat. Son niveau d'analyse accroit ensuite sa pertinence, comme sa faculté de trouver des scoops.»
Ainsi, sous prétexte qu'il permet d'écrire nos impressions premières sur tout, et ce sans censure, est-ce que le blogue est inattaquable?
Il me semble évident qu’on ne doit pas avoir les mêmes attentes d’un billet qu’une blogueuse écrit en deux minutes à trois heures du mat, en revenant saoule d’un show, que d’un papier qu’un journaliste passe plusieurs heures/jours à préparer, écrire et peaufiner. Le problème, ce n’est pas que les blogueurs puissent parfois écrire n’importe quoi, c’est que les lecteurs prennent ça trop au sérieux.
«Ainsi, sous prétexte qu’il permet d’écrire nos impressions premières sur tout, et ce sans censure, est-ce que le blogue est inattaquable?»
Le blogue comme médium n’est pas inattaquable; on le critique partout. Par contre, le contenu des blogs, lui, est inattaquable puisqu’il est fait des impressions de l’auteurs et que les impressions ne se discutent pas.
(Voir l’extraie de René-Daniel Dubois à bazzo.tv http://media.telequebec.tv/emissions/bazzotv/extrait/bazzo_974.wmv)
Naturellement, les journalistes de profession ne sont pas à l’abris de cette attitude. Eux aussi peuvent très bien livrer leurs impressions en laissant de coté la rigueur d’une recherche approfondie. L’exemple des journalistes culturelles l’illustre bien; ces derniers ne sont pas nécessairement des experts dans un domaine donné, ils sont, au mieux, des experts de la communication et amateur d’un domaine donné.
Cette rivalité blogueurs/journalistes n’est probablement que le fruit de l’imagination de quelques professionnels qui peuvent effectivement se sentir menacés et croient que le blogueur cherche à s’élever à leur niveau. Alors que rares sont sans doute les blogueurs qui ont cette prétention. Et il me semble qu’à trop vouloir taper sur la tronche des simples blogueurs, on a tendance à prendre le lecteur internaute pour un con.
L’internaute doté d’une intelligence au moins moyenne devrait savoir faire la différence entre la critique d’un pro des médias, et celle d’un blogueur qui écrit par pure passion sans se soucier le moindrement d’entrer dans le moule d’un journal. Alors si risque il y a effectivement pour les journalistes, c’est que nombre de lecteurs préfèrent aujourd’hui lire le compte-rendu honnête d’un blogueur que rien ne censure, plutôt que de se renseigner auprès d’un journaliste qui ne pourra pas écrire crûment ce qu’il pense de peur de se heurter à la barrière imposée par le rédacteur en chef de son journal.
Et l’internaute peut avoir envie de connaître davantage l’avis d’une personne plus proche de lui, un vrai fan qui s’exprime sur le sujet parce qu’il le passionne, plutôt que de s’emmerder à lire le texte d’un journaliste à qui on a imposé le sujet alors que le musicien qu’il est allé voir en concert ne l’intéresse pas vraiment.
Les blogues imposent petit à petit une nouvelle norme : écrire sans censure, sans mener le lecteur en bateau par souci de ne pas déplaire à une autre partie du lectorat ou aux entreprises dont la publicité finance le journal. Aux médias traditionnels de prendre le train en marche. Sinon, ils vivront peut-être ce que l’industrie du disque vit depuis 10 ans : à trop vouloir nier l’évolution liée au désir de changement du public qu’Internet permet, ils seront lamentablement à la traîne et y perdront leurs plumes.
Autre chose aussi qui menace les médias traditionnels : les sujets !
Le blogueur écrit sur les artistes qui, selon lui, valent réellement la peine qu’on les mette en lumière. Il se fout des critères que rencontrent les journaux et les magazines. Il ne cherchera pas à appâter son lectorat en mettant Céline Dion en première page parce que ça va vendre de la copie, il parlera plutôt d’un jeune musicien talentueux que les médias traditionnels ignorent totalement. Et grâce à ça, le blogueur peut avoir un réel impact sur la carrière d’un musicien !
Si les journaux et les magazines n’en ont pas conscience, les musiciens sont bien plus clairvoyants ! Je ne suis moi-même pas une journaliste professionnelle, mais j’ai pu réaliser des entrevues avec Alexandre Varlet, Fred Vidalenc, l’ancien bassiste de Noir Désir, Savage Resurrection, un groupe culte psyché des années 60. Et même Bert Jansch et son fils Adam (entrevue en ligne bientôt) ! Voir ici : http://www.rock6070.com/blog/
Les artistes ont tout à gagner en faisant confiance à leurs fans blogueurs. Ils savent surtout que le blogueur qui leur demande une entrevue le fera parce qu’il est réellement passionné par leur musique. Ils ont donc une relation totalement différente avec les blogueurs que celle, bien plus froide, qu’ils ont avec les journalistes dont ils peuvent craindre les écrits. On peut alors en retirer le constat suivant :
– blogues et critiques professionnelles ne sont pas rivaux, ils sont complémentaires. Le lecteur sait qu’il trouvera sur un blogue un avis partisan livré par un fan, mais s’il veut une critique moins complaisante, il se tournera vers les pros. Qui, il faut toutefois le reconnaître, sont pour certains moins doués et plus contestables que le simple blogueur… Et c’est là que le danger se trouve pour la presse écrite… Les journaux et magazines, surtout au Québec, embauchent soyvent des journalistes qui sont nettement moins bons que nombre de blogueurs. Une sélection plus rigoureuse et moins partisane sera peut-être la clé d’un regain d’intérêt du public.
Il y a véritablement un double standard ici.
Le journaliste est forcé par l’industrie à parler d’artistes qu’il n’aime pas. Tandis que le blogueur est déjà un fan. Finalement, ce qu’on reproche au journaliste, on le célèbre chez le blogueur. Le résultat est par contre le même pour l’industrie : on donne du crédit à l’artiste (qui ne le mérite pas souvent). La différence positive du blog pour l’industrie c’est qu’il a l’apparence d’être authentique puisque le blogueur est apparament indépendant (surtout, n’allez pas pensé que des blogueurs puissent être payé par les compagnies…).
« Le journaliste est forcé par l’industrie à parler d’artistes qu’il n’aime pas. »
Pas par l’industrie, mais par sa rédaction. Ce n’est pas le journaliste, en général, qui va décider de parler de tel ou tel musicien, mais son rédacteur en chef qui lui commandera un article sur un sujet précis, choisi par la rédaction en fonction de l’actualité musicale du moment (sortie d’album, concert à venir). Et c’est là encore que se distingue le blogueur. Il choisira son sujet en fonction de ses propres goûts, sans se le faire imposer, et pourra parler d’un musicien dont l’album n’est pas encore sorti, ou n’est pas disponible au Québec. Ce que ne pourra pas faire le journaliste professionnel.
Attention, je parle évidemment des articles écrits par le journaliste pour une publication imprimée. Pas des cas de journalistes qui ont eux-mêmes des blogues et peuvent choisir d’y écrire plus librement. Mais là encore, il faut impérativement séparer la blogosphère ! Souvent, le journaliste tiendra un blogue parce que son employeur le lui impose, et non par désir personnel. Il est donc évident que, d’une part, il risque de pondre des billets vides de passion par pure obligation. Et que, d’autre part, il écrira toujours avec cette épée de la censure qui pend au dessus de sa tête. Puisqu’il est payé, puisque son blogue est hébergé sur le site de son journal ou de son magazine, il se verra dans l’obligation de respecter une étiquette dont le simple blogueur se passe heureusement.
« Tandis que le blogueur est déjà un fan. »
Ou pas. La liberté d’expression du simple blogueur va dans les deux sens. Il peut autant encenser à outrance qu’il peut se faire féroce ennemi quand il n’aime pas.
« Le résultat est par contre le même pour l’industrie. »
L’industrie n’a ni à perdre ni à gagner de l’arrivée des blogues. Les blogues peuvent toutefois ajouter un poids supplémentaire à celui que le téléchargement illégal est déjà pour l’industrie du disque : les internautes se laissent de moins en moins imposer leurs découvertes musicales par l’industrie ou les médias.
L’industrie va tout simplement se transformer, investir dans le médias ou le médium plutot que d’investir dans les artistes. Si on prend un site comme myspace, on sait que plusieurs artistes se lancent en carrière avec ce médium. On dit souvent que myspace est subversif pour l’industrie de la musique; or myspace (google et ses actionnaires) font énormément d’argent avec cela et ce, sans investir dans les artistes.
Les blogs aussi suivent cette même logique. Les publications sont abandonnés, les experts boudés et les sites d’hébergements de ces blogs font des gros sous. L’industrie a donc, selon moi, tout à gagner avec cette transformation parce que du moment où la musique est distribué et critiqué par des blogs, c’en est fini de la remise en question de l’industrie car elle ne s’impose plus directement à tous. Elle triomphe alors indirectement car plus personne ne peut y échapper.
L’industrie se transforme déjà parce qu’elle n’a pas le choix. De plus en plus, elle comprend qu’il est impossible de faire machine arrière en contrant le piratage. Elle tente alors d’imposer une norme qui saura peut-être rejoindre les internautes : la gratuité de la musique, possible par la publicité. Ainsi, MySpace justement devrait être en mesure de permettre à ses utilisateurs de proposer du contenu audio protégé sans risque de fermeture de leur compte. L’industrie du disque sera dédommagée par le versement d’une part des revenus publicitaires.
We7 a ouvert le bal de la gratuité, Jamendo entre dans la danse avec plus d’efficacité encore. Le téléchargement légal et gratuit est probablement l’avenir proche de la musique. Encore faudrait-il que les gouvernements aveugles, et surtout celui de la France, cessent de mettre des bâtons dans les roues virtuelles en continuant d’imposer des lois qui criminalisent ce que l’industrie accepte enfin.
Quant à MySpace, c’est du donnant-donnant. Certes, News Corp n’investit pas dans les artistes et s’enrichit considérablement sur leur dos (on parle de millions de dollars en revenus publicitaires). Mais les artistes ne payent pas non plus pour profiter de cette tribune. Le danger qui était lié à MySpace venait principalement du fait que MySpace souhaitait ouvrir son propre Music Store pour faire concurrence à iTunes. Les musiciens auraient pu alors vendre leur musique par le biais de leur page, mais une trop grosse part du prix du MP3 serait allée dans la poche de News Corp. Ça ne devrait finalement pas se faire, alors c’est aux musiciens de décider s’ils ont bonne conscience en enrichissant la compagnie d’un milliardairissime homme d’affaires influent proche de Bush ou d’aller voir ailleurs.
Maintenant, pour les blogues, il est vrai que nombre d’entre eux sont hébergés par les mêmes plateformes, qui s’enrichissent aussi avec la publicité (mais pas tous. Le mien, par exemple, est hébergé sur mon propre serveur pour lequel je paye). Ça n’a toutefois aucune incidence sur leur contenu. Qu’un blogue soit hébergé sur google ou ailleurs ne dicte pas les écrits de celui qui est en l’auteur.
«Ça n’a toutefois aucune incidence sur leur contenu. Qu’un blogue soit hébergé sur google ou ailleurs ne dicte pas les écrits de celui qui en est l’auteur.»
À vrai dire, je ne vois aucune différence entre ce qui motive un blogueur et celui qui signe le chèque de paie d’un journaliste. La différence entre le contenu d’un blog et d’un journal est relativement le même (tout dépend des qualités de l’auteur). Par contre, entre le blog et le journal, il y a une très grande différence. Le blog est plus convivial, l’illusion de la proximité est plus convaincante, la séduction est plus efficace. Aucun journal, malgré tous les artifices utilisées (envoyer ses journalistes sur des blogs) n’arrivera à égaler le blog. Inversement, le blog n’arrivera jamais à imiter les qualités du journalisme (code de déontologie, possibilité pour le public d’intervenir auprès de certaines institutions).
Malgré la prétention à la vertu des blogs (plus de liberté), la réalité est bien différente. Le public est moins libre d’agir sur le médium (le blog). On peut, bien sur, laisser des commentaires, par contre, l’auteur du blog a lui-même le pouvoir de supprimer des commentaires, de bloquer l’accès à certains usagers. Aussi, le blogueur a ses fidèles sur qui il peut compter pour discréditer le discours dissident d’un visiteur. Cette vertueuse liberté apparente du blog est un leurre qui cache l’hameçon d’un égoïsme sans limite fleurtant avec ignorance.
«Tu n’est pas d’accord avec moi, vas voir ailleurs.»
«Tu penses autrement, crée ton propre blog.»
La liberté n’est pas un élément du médium « blog », ce dernier évolue au-delà des considérations morales de ce genre. Attention, je ne dis pas que les blogueurs sont des individus égoïstes et amoraux dans leurs intimités ; simplement, le médium « blog » n’est pas un lieu où les individus peuvent échanger une responsabilité morale. Tous y évoluent (auteurs et usagers) indépendament des autres.
Alors si on revient à la question de la musique et de l’art en général, je dirais que les blogs s’inscrivent dans la logique même de l’industrie plutot que d’être son anti-thèse. Le médium « blog » est la quintessence du « chacun pour soi » qui est le leitmotiv des consommateurs « libres ». La musique et l’art dans ces conditions sont réduits à l’état de produits de mode, tout simplement.
« À vrai dire, je ne vois aucune différence entre ce qui motive un blogueur et celui qui signe le chèque de paie d’un journaliste. »
Ce qui motive le blogueur, c’est la passion pour l’écriture et pour son sujet. Ce qui motive celui qui signe le chèque de paie d’un journaliste, ce sont les états financiers de son journal.
Maintenant, il faut impérativement nuancer quand il est question de blogues tant il en existe de différentes familles. Il y a :
– le blogue du Jo Tremblay-Tibodeau-Dunylon dont la vie réelle se résume à trois fois rien et qui cherche un semblant de notoriété en racontant sa vie sur le Web. Son repas du dimanche midi chez grand-maman, sa réflexion philosophique sur le trou que l’ongle trop long de son gros orteil a fait dans sa chaussette, son interprétation freudienne du comportement de son camarade de classe qui met du ketchup dans sa poutine…
– le blogue imposé du journaliste qui se dit « Oh putain de bordel de merde, faut que j’écrive une saloperie d’entrée sur ce blogue à la con » s’il est français, ou « Câlisse de tabarnak, kossé ma écrire dans cet ostie de blogue à la saint-cibouaire » s’il est québécois, ou « $%?&?%$ de *&?%$%?& de &?%$%?& » s’il est trop étranger ou défoncé pour s’exprimer correctement.
– le blogue d’internautes intéressants et passionnés qui s’expriment sur leur tribune virtuelle pour y véhiculer leurs opinions parfois bien plus instructives, mieux formulées, et moins censurées que celles qu’on lit dans les éditoriaux de nombre de journaux, ou qui font pencher la balance du côté du bon goût en opposant à la médiocrité musicale imposée par les médias leurs propres goûts musicaux. Et dans ce dernier cas, je ne suis pas d’accord avec vous quand vous écrivez : « La musique et l’art dans ces conditions sont réduits à l’état de produits de mode, tout simplement. »
Car il existe une multitude de blogues qui mettent justement en lumière des artistes hors mode, souvent même totalement oubliés, et leur permettent parfois de devenir des musiciens cultes des décennies après l’enregistrement de leurs albums, qui n’avaient eu qu’un succès relatif à une lointaine époque.
Il y a un nombre incroyable de blogues musicaux hébergés par Google (les blogspots) qui proposent en téléchargement sur Rapidshare des albums des années 60 et 70 méconnus ou tombés dans l’oubli, numérisés parfois à partir des vinyles par des dingues de musique. Et ces blogues ont un poids gigantesque dans le paysage musical actuel ! À tel point qu’ils permettent à des musiciens comme Vashti Bunyan de sortir de l’ombre près de 40 ans après y être entrés, et de renaître artistiquement parce que les internautes les ont découverts grâce aux blogspots.
Je connais des musiciens des années 60 et 70 qui m’ont dit n’avoir jamais vendu autant de disques que depuis que ces blogues musicaux ont permis à la nouvelle génération de les découvrir. Il y a des gamins de 15 ans qui se passionnent pour le rock des années 60 grâce au Net ! C’est ça aussi, les blogues ! Pas seulement quelques personnes qui utilisent égoïstement ce moyen virtuel pour des raisons futiles.
À lire sur le sujet : mon article dans Québec Micro
http://www.rock6070.com/Imagesforum/Vinyl.jpg
«Ce qui motive le blogueur, c’est la passion pour l’écriture et pour son sujet. Ce qui motive celui qui signe le chèque de paie d’un journaliste, ce sont les états financiers de son journal.»
J’imagine que cela n’est pas discutable? Ça fait parti des évidences de la vie, comme la rotation de la planète Terre? Personnellement, derrière mon écran, je n’arrive pas à me convaincre de l’honnêteté de l’un ou l’autre. Donc, je m’abstiens d’en faire une variable dans le débat opposant les journalistes et les blogueurs.
«Car il existe une multitude de blogues qui mettent justement en lumière des artistes hors mode, souvent même totalement oubliés[…]»
Vous ne m’avez pas compris je crois. La musique est ici consommé comme un objet de mode. On adore la musique des années 60 parce qu’elle est des années 60. Et donc, si l’on peut dénicher quelques oubliés ou négligés de l’Histoire, ça fait de nous de meilleur « trippeux » des années 60. C’est ça l’effet de mode à l’inverse de l’amour de la musique comme fin en soi, comme plaisir d’écouter de la musique.
«Pas seulement quelques personnes qui utilisent égoïstement ce moyen virtuel pour des raisons futiles.»
Encore une fois, vous m’avez mal compris. L’égoïsme ne se rattache pas simplement au futile « qu’est-ce que j’ai mangé pour déjeuner ». C’est une attitude d’esprit qui veut voir partout son propre reflet ; que ce soit de se complaire dans l’idée qu’on se fait de l’utopie politique idéal ou de la meilleure musique au monde. Ça aussi c’est de l’égoïsme.
Rien ne vous empêche de discuter jusqu’aux petites heures de la nuit de la démarche purement altruiste d’un éditeur de journal, Éric, mais il vous faudra trouver un autre interlocuteur que moi. Un journal, c’est du business, comme diraient les Frenchies. Croire que ce qui dicte la conduite d’un patron des médias est semblable à l’intérêt d’un internaute blogueur relève de la fantaisie.
Quant à votre vision du regain d’intérêt pour la musique des années 60 et 70, je ne la partage aucunement. Je baigne moi-même dans la passion musicale de ces années-là depuis ma plus tendre enfance. Si le rock et la folk des années 60 et 70 retrouvent leurs lettres de noblesse aujourd’hui, c’est purement et simplement parce qu’aucune autre décennie n’aura su égaler l’âge d’or de la musique moderne.
Et ce ne sont pas ces musiciens folks et rock d’aujourd’hui qui me contrediront. Si Fionn Regan, Espers, Devendra Banhart, Noah Georgeson, The Quarter After et tant d’autres se réclament de l’héritage de Bert Jansch, de Linda Perhacs ou des Byrds, ce n’est pas pour suivre bêtement une tendance, mais par pure et simple passion pour l’oeuvre de leurs aînés.
Écoutez ces groupes exceptionnels de cette période-là, et vous comprendrez pourquoi nombre de blogueurs passent leurs nuits et leurs lunes à tapisser les murs de leurs tribunes de couleurs pastel ou psychédéliques.
Pub !
http://www.rock6070.com
«Croire que ce qui dicte la conduite d’un patron des médias est semblable à l’intérêt d’un internaute blogueur relève de la fantaisie.»
Pourquoi allez-vous à l’extrème? Si je suis votre logique, tous les journalistes seraient lucides et malheureux ou innocents et heureux. Je ne crois pas que ce soit si simple que cela. Et c’est ce qui me conduit à ne pas comparer les blogs et les journaux selon une prétendu liberté et/ou authenticité des auteurs. Pour vous, c’est peut-être une évidence puisque vous êtes vous-même blogeuse; mais croyez-vous que tous sont exactement comme vous? Et surtout, espérez-vous que tous fassent actes de foi de cette honnêteté des blogs? Peut-être suis-je cynique, je préfère dire que je suis sceptique. Et je le suis autant envers un journal qu’envers un blog. Pour moi, c’est du pareil au même puisque c’est de l’information qu’on me transmet via un médium.
Pour vous, il semble que le blog soit l’extension d’une personne de chair et d’os, contrairement au journal qui est l’extension du capital. Malgré que cela soit en partie vrai, ce n’est pas la fin de l’histoire. Le blog et le journal ne se résument pas uniquement à cette opposition entre la personne et le capital; c’est aussi l’opposition entre l’individuel et le lieu public.
Un journal, c’est un point de rassemblement d’idées qui créent un lieu commun pour les citoyens. Le journal, c’est un point de départ de la démocratie. Le blog, au contraire, c’est l’éclatement du lieu commun, son franctionnement infini. On ne peut pas dire que le blog soit un lieu démocratique. Si ces jours-çi, des sites comme facebook influent la politique, c’est que les autres médias font écho à ce phénomène. Malgré tout, facebook demeure un simple outil de sondage et non un lieu d’échange intelligent entre des parties opposées d’un même débat. Facebook c’est le lieu des polarisations idéologiques et d’oppositions irrationnels entre des parties. Ce n’est pas un lieu de conversation et de délibération.
Bonjour vous deux,
Comme dans bien des discussions, il semble que la fin est loin dans le sujet auquel vous partagez votre opinion en ce moment.
Quoi qu’il en soit, j’aimerais bien insérer mon commentaire, tant qu’à y être.
Nous vivons présentement dans une société ou l’internet est rendu tout simplement un besoin essentiel. Mais ce besoin a évolué si rapidement que nous éprouvons encore beaucoup de problèmes à s’y adapter.
Dans notre cas, il sagit des articles de journaux et les blogues d’internautes. Nous pouvons clairement affirmer qu’il sagit d’une bataille qui ressemble étrangement au problèmes des disques musicaux et les fameux »MP3 ». Les deux jouiront d’une vie très longue, c’est certain, incluant journaux et blogues.
Bien des gens adorent avec le boitié original du disque compact en main tandis que d’autres diront qu’ils préfèrent acheter les MP3 en ligne, question d’aider la sauvegarde de l’environnement. L’illégalité du téléchargement est aussi un sujet bien important, mais pas le principal de Olivier Robillard Laveaux.
Il y a ceux qui aiment lire le journal durant leur temps libre au boulot ou autre que de passer la soirée devant l’écran en arrivant du travail tandis que bien d’autres aiment vraiment passer des heures à faire des recherches et s’instruire avec la technologie actuelle.
Je peux malheureusement constater par contre que plusieurs se renferment sur leur ordinateur et passe trop, beaucoup trop de temps à y être. Tellement qu’ils perdent la notion, qu’ils croient être seul sur la planète et que tout est virtuel. Malheureusement, il y a diverses opinions, et il faut s’y faire. C’est une question de respect,et pas nécessaire de partir une autre commission Bouchard-Taylor!
En toute chose, c’est une question de temps, de passions, de diversité.
Tant que les journaux feront vendre avec les enfants violents de joueurs de Hockey, des nouveaux souliers de Céline, de la nouvelle religion de Madonna…il y aura de la place aux critiques. Et à ce que j’ai pu parfois lire, certains chroniqueurs commentent les réactions des gens dans leurs propres articles…C’est un cercle vicieux à mon avis…
Comptez-vous chanceux, pensez-y, pendant qu’ici nous avons le libre arbitre de nos commentaires…en Chine, plusieurs se font tuer s’ils critiquent quoi que ce soit!
Bref, tant que vous aimez ce que vous faites et qu’il y a respect envers vous-même et les autres, je vous encourage sans tarder…
Sur ce, au revoir et au plaisir de vous relire!
Je trouve qu’il s’agit d’un faut débat.
Je suis une blogueuse sans formation ni expérience journalistique. Je n’utilise absolument pas un style critique, objectif, je ne fais qu’écrire mes impressions comme elles sortent. C’est parfois décousu, saccadé, cru, vendu, mais j’estime que mes lecteurs ont l’intelligence suffisante pour faire la différence entre mon petit blog et le Voir, par exemple.
Même si je peux donner de nouvelles informations à certains, mon but premier est de m’exprimer. Si je ne suis lue par personne, tant pis. Je m’alimente quand même chez les «vrais» journalistes de temps à autres. La preuve? Je suis ici!
En fait, j’ignore s’il s’agit d’un faux débat, mais je pense que le débat est stérile. Parce que lorsque les médias québécois parlent de possible rivalité entre les blogueurs et les journalistes, ils semblent trop souvent se centrer uniquement sur la blogosphère de la province. Les Rock’n’doudou dont parle Olivier Robillard Laveaux dans son billet, les Nicolas Langelier, les blogues des journaux d’ici. Mais comment parler avec objectivité et de façon constructive de la blogosphère si on ne sait pas de quoi elle se compose dans le reste du monde ?
Souvent, les blogues québécois ne sont que divertissement plus ou moins réussi. On y parle de scène locale sans chercher à changer quoi que ce soit dans ce paysage culturel-là puisqu’il est généralement toujours question des mêmes musiciens, du cercle de potes qui gravite autour de ce monde-là. Ou on parle de l’actualité très québécoise, des bastons du hockey, de ce dont les nouvelles nous bassinent à longueur de journée. Rien de révolutionnaire, en somme. Alors qu’il y a ailleurs, aux États-Unis ou en Europe, des blogues qui dénoncent, qui prennent des risques, qui tentent réellement d’apporter un contrepoids constructif à ce qu’on nous dit faussement ou qu’on nous cache.
Alors si les journalistes veulent réellement se pencher sur le débat, il faudrait qu’ils fassent l’effort de comprendre l’enjeu posé par la blogosphère en allant tâter le pouls en dehors de nos toutes petites frontières.
Les bloggeurs sont déjà en guerre entre eux, alors je ne crois pas qu’ils s’attarderont à un magazine qui publie des critiques de shows 6 semaines après l’événement.
also: « le chef de pupitre – musique » du Nightlife n’aime pas ce qu’il lit sur les blogs? What’s next? Un photographe de carrière écrira un billet sur la piètre qualité des photos téléversées sur Flickr?
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