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FME 2009 – jour 2 / jeudi 3 septembre : L’envol

Déjà, on sent que le Festival a atteint son rythme de croisière. Après un méchoui d’ouverture quelque peu abrégé par la pluie, ceux qui ont envie de douceur se rendent au Paramount, pour entendre Barnabé Pomerleau, Élisapie Isaac et Martin Léon, tandis que ceux qui sont d’humeur plus rock traversent la ruelle pour se rendre au Petit Théâtre, où Hollerado et Xavier Caféïne doivent jouer un peu plus tard. Je me range avec le second groupe et fais d’entrée de jeu une fort agréable découverte: le quintette français Montgomery, qui donne dans un rare mélange de shoegazing britannique et d’indie-pop dansant chanté en français. Textures denses, effets sonores abondants, mélodies accrocheuses et rythmes légers avec attaques occasionnelles à deux batteries… Fort. Le tout n’est pas sans rappeler le groupe de Hamilton Sianspheric, qui donnait dans un mélange semblable durant les années 90. Aux trois-quart pleine, la salle ne s’embrase pas mais on sent que le courant a passé.  

 Certains artistes cadrent plus naturellement que d’autres avec l’ambiance du FME. Le quatuor ontarien Hollerado (qui a brièvement vécu à Montréal l’an dernier) vient s’insérer comme une pièce de puzzle en seconde manche. Son rock festif, mi-classique, mi-punky, livré avec fougue et bonne humeur, allume immédiatement la salle. On pourrait faire la fine bouche en notant l’inégalité des morceaux ainsi qu’une austérité très canadian, qui évoque parfois le moins bon côté de la scène de Halifax des années 90 (Trush Hermit, quelqu’un?) mais des tubes comme «Got to Lose»  nous laissent sur une bonne note. Xavier Caféïne clôt la soirée, entouré de quelques «nouveaux» adjuvants: Alex Crow de retour à la guitare, Sandy Belfort aux claviers (une judicieuse addition) et Pat Sayers à la batterie, en plus de l’éternel complice Vincent Peake. À la veille de lancer son second opus, Bushido, la bande joue plusieurs nouveaux morceaux. Vincent m’avait parlé d’un son plus pop et Xavier, de structures plus complexes, mais j’ai simplement l’impression d’entendre une suite logique de l’album Gisèle. Ce qui n’est pas mauvais en soi. Bons refrains, textes astucieux, aisance de vieux pro… Du Xavier Caféïne égal à lui-même, avec l’égal mélange de moments de brillance et d’excès de théâtralité un peu frisquets qu’on lui connaît. Le public embarque, surtout lorsque les vieux tubes ressortent, mais la chaleur qui règne dans le Petit Théâtre en amène plusieurs à déserter avant le temps. 

Après un peu de blabla sur le trottoir, c’est direction Le Groove pour les Cougarettes. Le quatuor semble plus ou moins à sa place dans ce bar étroit et anonyme, visiblement pas fait pour accueillir des concerts, mais ne tarde pas à s’approprier les lieux. La chanteuse Cardi crache bière et autres liquides sur le public, vient chanter à quelques pouces du nez de plusieurs membres de l’assistance, se perche sur le bar… Certains trouvent cette attitude quasi-menaçante un peu calquée sur celle d’Annie-Claude de Duchess Says. Je trouve pour ma part que c’est le complément idéal à la musique: un mélange de punk électroïde 8-bit à la Crystal Castles et de new french-touch à la Justice. On peut difficilement parler d’une proposition vraiment originale mais puisque les arrangement sont rudement bien conçus, que tout est joué 100% live et que l’énergie est au rendez-vous, on danse et on se laisse aller. Même quelques habitués de l’endroit nettement plus âgés s’y frottent vers la fin.

 Je quitte à l’instant la salle de presse pour me rendre à l’Écart, où Géraldine doit être en train de mettre le feu. Grosse soirée ensuite : Patrick Watson au Paramount, Le Nombre et Malajube sur une scène extérieure devant le Petit Théâtre, les Burning Brides au Petit Théâtre, Clues au Cabaret de la dernière chance, Lake of Stew à la scène des Patriotes. Réussirai-je à voir tout ce monde? À «suire», comme disait RBO…