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FME 2009 – jour 3 / vendredi 4 septembre: L’apogée

Ce troisième jour renfermait pas mal tous les ingrédients qui font qu'on veut bien faire neuf heures de route pour revenir au FME: de l'abondance, de l'atmosphère et rien de moins que les meilleurs bands de Montréal, déplacés dans un contexte dépaysant et intimiste. Première escale: l'Écart (la fameuse galerie d'art gérée par le tandem absurdiste Geneviève et Matthieu) pour un 5 à 7 bien pété avec Géraldine et les Cagoules Duguay (le nom varie pour chaque concert). Les excentricités ne manquent pas: une barbie roulante et chantante se fait massacrer au bat de baseball, un ventilateur sert de microphone, Jo des Breastfeeders vient chanter en duo sur une reprise de «Qu'est-ce que t'es belle» de Catherine Ringer et Marc Lavoine et le groupe joue la pièce «Lance le sapin (à Géraldine)» trois fois. Comme toujours, c'est loufoque, tout croche, mais le délire est adroitement articulé. Dans l'assistance d'une trentaine de personnes, il y a un égal mélange de confusion et de bonne humeur.

La soirée est lancée par Le Nombre sur une scène extérieure montée devant le Petit Théâtre sur la septième rue. Les vétérans son égaux à eux-mêmes: fougueux, charismatiques, la pédale dans le tapis du début à la fin. Le public est réceptif mais on sent qu'il est surtout venu pour la suite. Malajube apparaît sans tarder mais débute son concert plutôt mollement, avec des tubes légèrement affaiblis: «Porté disparu», «Pâte filo»… Ça ne commence vraiment à lever que lorsque le quatuor plonge dans ses moments plus prog et planants. On sent qu'il a maintenant davantage la tête à cela qu'aux brûlots de trois minutes, ce qui n'est pas plus mal. En seconde moitié de concert, il a retrouvé toute sa force enveloppante, pour le plus grand plaisir des quelques centaines d'adeptes sagement massés devant la scène.

Après une brève escale chez Morasse ‒ greasy spoon du coin et rendez-vous nocturne par excellence puisqu'il s'agit d'un des rares restos 24h de la ville ‒, c'est direction avenue Carter pour la première visite en ville de Lake of Stew, qui se produit bien ironiquement dans un bar nommé «Salle des patriotes». Cette fois, par contre, pas d'indépendantistes enragés en vue: juste des curieux d'un peu tous les âges, qui remplissent rapidement la salle à pleine capacité. Ils prennent peu de temps à se rallier au country-bluegrass rustique à souhait du sextuor. Ça tape des mains, ça yodelle, ça chante en chœur… Un solide party. C'était à prévoir: les Rouynorandais aiment leur country. On a pu le constater lors des éditions précédentes, marquées de premiers contacts semblables avec Lil' Andy & Karaoke Cowboy, The Sadies et O'Death.

Au Cabaret de la dernière chance, j'attrape la dernière demi-heure de Clues, qui fait hocher les têtes et lever les poings à qui mieux mieux, à ma grande surprise. Jamais vraiment pareil d'un concert à l'autre, le combo se montre ici sous son jour plus rock et la salle semble conquise. La scène indie-rock anglophone de Montréal étant en général peu portée sur les visites en région, parions que le groupe ne serait jamais passé par là si ce n'était du FME. Les fans autant que le groupe donnent l'impression d'en profiter pleinement.

À l'Agora des arts, située dans une ancienne église sur Murdoch (la main d'un des deux centre-villes de Rouyn-Noranda), le festival a aménagé un chouette lounge où ont lieu des after-partys peu annoncés. C'est Afrodizz qui prolonge la soirée dès 2h30 et en-dedans, ça danse ferme. Plutôt discret ces derniers mois, le groupe semble avoir pris du gallon. Je me laisse aller pour une petite demi-heure mais déjà, il est temps de partir si je veux attraper la dernière navette en direction du camp. Il y a de la bière à boire et un feu à nourrir, là-bas…