BloguesScène locale

FME 2009 – jour 5 / dimanche 6 septembre: La fin

Dernière entrée tardive. Mine de rien, ces départs hâtifs dans la nuit vers Montréal, immédiatement suivis de l'obligatoire retour à la réalité des échéances, ont tendance à ralentir les ardeurs d'un blogueur. Et puis, revenir d'un FME, c'est réapprendre à dormir, à vivre à des heures normales… Ma parole, on jurerait que je me plains!

Ce dernier jour aura débuté un peu abruptement itou. Le patron (ORL) et moi devons nous rendre à Rouyn de bonne heure (1h, tout de même…) pour participer à un iPod Battle à la taverne chez Bob. C'est l'honorable Éric Parazelli, ancien locataire de la présente chronique et maintenant fier Rouynorandais, qui organise. À Montréal, on s'est lassé de ces événements dès 2007 mais ici, c'est le premier du genre. Y'a du monde mais pas un monde venu prendre un coup, se faire voir ni danser sur le dernier tube branché et/ou la pochade kitsch la plus surprenante, comme à Montréal. Comme ça a été le cas pour presque tous les événements du festival, le public est varié – étudiants, baby boomers, trentenaires, jeunes familles – et on est venu pour écouter. Je ferai donc tristement patate avec «J'lâche pas» de Corbeau et «Donnez-moi de l'oxygène» de Diane Dufresne, mais aurai plus de chance avec La Roux, NOFX et André Gagnon. «Les Oliviers» font bonne figure et se rendent en demi-finale mais se font hélas éliminer au dernier tour par des programmateurs d'un festival français et un «1990» de Jean Leloup bien placé. Vaincus par nos propres armes… Je persiste à croire que cette soudaine affluence de supporteurs français en dernière manche était louche et arrangée.

Détour par la salle de presse, où je tombe par hasard sur un concert privé d'Oliver Jones! Ça ne se refuse pas, même si le jazz et moi avons une relation tendue… Puis, retour au camp pour un dernier souper. On jase écologie, végétarisme et valeurs morales avec les gars de Radio Radio et on s'attarde quelque peu. On reviendra donc un peu tard à Rouyn, mais à temps pour attraper le discours de clôture du président Sandy Boutin, au Paramount. Il remercie presque un à un les nombreux bénévoles qui oeuvrent pour le festival, fait chanter les dignitaires français puis introduit Oliver Jones –  concert officiel de clôture et dernier candy pour les oreilles moins coriaces.

Ailleurs en ville, ça se poursuit jusqu'à plus tard. On écoute un ou deux morceaux de M. Jones puis on file vers le Petit Théâtre, où Movèzerbe se produit sur la scène extérieure. Il n'y a pas foule mais l'ambiance est bonne. Le band prend même une demande spéciale. Sa prestation, en revanche, est plutôt bordélique, confuse. L'octuor mêle hip-hop, reggae et funk de façon ambitieuse et signait plutôt cette année un premier album plutôt réussi, mais sur scène, son affaire ressemble encore à une ébauche. Sons qui manquent de caractère, manque de cohésion entre les musiciens, jams superflus, séquençage hirsute… Difficile, toutefois, d'en tenir rigueur à Movèzerbe… Le groupe fait l'effort d'apporter un peu de vie et de fraîcheur au monotone paysage hip-hop local et on continuera par conséquent de le suivre.

Brève incursion dans le Petit Théâtre pour entendre Valet, un combo métal-hardcore du coin qui rassemble des membres d'Archons et de Despised Icon. Bon son, attaque brutale et précise, le problème étant seulement qu'après cinq jours de défonce, on a les tympans un peu moins résistants à ce genre d'assaut. Il ne reste en effet que juste assez d'énergie pour un bon petit dernier party facile… Ça tombe bien: Radio Radio est sur la scène du Cabaret de la dernière chance. On y retrouve la salle remplie, festive, dansante par moments… La scène étroite transforme le clan (maintenant un trio, Timo n'y étant définitivement plus) en combo de hip-hop old-school échangeant accolades et pitreries. Y'a les tubes («Cliché hot», «Forme elliptique», «Brume sous les streetlights», «Lève tes mains»…), mais y'a aussi beaucoup de nouvelles pièces. Qui augurent bien pour le prochain album.

C'était, hélas, notre dernière escale au FME 2009. On rentre au camp épuisés, rassasiés… Pas le temps de faire dodo, on a un avion à prendre à 5h. Après avoir bouclé nos bagages, on va donc s'asseoir quelques heures autour du feu pour échanger quelques dernières blagues/bières.

Mon post-mortem est déjà paru dans la dernière édition du journal donc inutile de répéter qu'il s'agissait, encore une fois, d'une édition réussie. On a l'air répétitifs et complaisants à conclure la même chose, d'une année à l'autre, mais c'est que le festival tient tout bêtement une recette gagnante: le meilleur de la relève, des salles intimistes dans une ville festive où les visiteurs sont, de toute façon, captifs tout au long de leur visite, une organisation accueillante et relativement efficace… If it ain't broke, don't fix it, comme on dit en bon français.

Ce qui ne veut pas dire que le FME fait tout parfaitement. On a appris, avec le temps, à éviter la nuit électronique du Paramount, qui lève rarement. Le festival a clairement une spécialité rock et gagnerait à garnir un peu mieux sa programmation urbaine. Pour sa nuit électronique, il pourrait inviter un ou deux DJ de renom pour rallier le public aux convives plus cérébrales qu'il place en tête d'affiche. Même pas besoin d'aller chercher à l'international: on aurait bien vu des Jordan Dare, Megasoid, Duvall, Tiga, Cherry Cola, Thomas von Party ou même les Nu Ravers on the Block mettre un peu de piquant dans l'affaire. Idem pour l'événement hip-hop… Soit, le bassin québécois est un peu étroit de ce côté et son public est pratiquement impossible à rassembler complètement, mais parions que des Canadiens comme K'naan, k-Os ou Kardinal Offishall auraient transformé le petit rassemblement de dimanche soir en party majeur, si on les avait jumelé avec des pointures locales.

Reste à savoir si des noms comme ceux-là sont vraiment à la portée d'un petit festival artisanal. En attendant, le FME réussit admirablement à faire beaucoup avec relativement peu et vient encore de boucler un autre foutu bon party dans l'nord.

Le FME, c'était aussi:

-Un voyage d'aller des plus sympathiques et un premier feu de camp sans feu avec Chinatown;

-Des contrastes cocasses: quand d'autre peut-on apercevoir les gars d'Omnikrom à un show de Malajube, ou bien la gang du Nombre au Picnik électronik?

-Des feux de camps mémorables avec les gangs de Géraldine, Hollerado, Lake of Stew, Ariane Moffatt et j'en passe;

-Des trajets Rouyn-Lac Flavrian plein de rires avec les gangs de Bang Bang, Rue Frontenac et La Bouche croche;

-Une inévitable hâte à l'année prochaine.