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Soirée de fous au Zoo!

Ça n'est pas pour rien qu'en fait de dynamisme et de créativité, la scène anglophone prend souvent les dessus sur la scène francophone, à Montréal. Quand les jeunes anglos fêtent, ils fêtent fort! Fêtent-ils bien? Alex Lemieux, gérant du Zoobizare (et des Silly Kissers) était en droit de se poser la question, hier, en nettoyant les dégâts laissés par les quelques 150 fêtards venus se trémousser devant les Silly Kissers, les Makeout Videotape, Tonstartssbandht (là, enfin, je crois avoir le bon orthographe) et les Pop Winds. Bilan de la soirée: plusieurs bouteilles brisées sur le trottoir, des haut-parleurs et des projecteurs malmenés, un fêtard blessé par une voiture en traversant la rue et pas moins de quatre voitures de police, une ambulance et deux camions de pompiers appelés sur les lieux pour veiller au grain!

Au moins, l'ambiance était au rendez-vous! Le bal a commencé doucement avec les Pop Winds, dont j'ai beaucoup aimé le premier EP lancé récemment. Le trio – un guitariste, un claviériste et un saxophoniste, qui chantent tous (et bien – bonjour les belles harmonies!) et manipulent des effets sonores – est sur scène comme il est sur disque: appliqué, précis, mais tout de même vivant et dynamique. Ça fait toujours du bien d'entendre un groupe se donner la peine d'amener des effets sonore live. Voix et claviers étaient agréablement baignés d'écho et de reverb. Comme on a pu l'entendre sur le EP, le groupe emprunte beaucoup à Animal Collective mais il a aussi un petit côté jazz bien intégré. Sur ses nouvelles chansons, on peut aussi entendre quelques clins d'œil aux Talking Heads. Très bien. Public attentif, un peu blablatteux sur les bords mais encore assez calme. Par contre, c'est déjà rempli à ras bord.

The Pop Winds

J'avais très hâte d'enfin voir Tonstartssbandht (on prononce apparemment «tâhne-starts-bandit»), après avoir beaucoup aimé leur album, An When, mais je ne m'attendais pas du tout à ce qui a suivi. An When est après tout un disque assez space, éparpillé, expérimental, qui rappelle vaguement Animal Collective (encore?) sur les anti-douleurs… Je m'attendais à voir les deux frères Andy et Edwin White gosser sur des machines et chanter occasionnellement, de façon décousue et distante. Je m'attends à une prestation de nerds. J'ai plutôt vu une espèce de version absurdiste de House of Pain. Ou une version hardcore de Ween, je ne sais plus. Les frères White (deux Américains établis à Montréal) chantent avec tonus, gueulent parfois et prennent beaucoup de place. À mi-parcours, ils ont troqué le sampler et les micros pour la batterie et la guitare pour offrir une portion vaguement grunge/noise/punk. Il n'y a pas à dire, la pop fantaisiste et déconstruite qu'on entend sur disque est rendue de façon vivante. Mais le gros du show était donné par les fans… Car le groupe en a, même s'il s'agit encore d'une affaire confidentielle. Après quelques minutes, quand les morceaux plus rythmés sont sortis, ça s'est mis à «moshpitter» et à «crowd-surfer» joyeusement, pieds au plafond et tout! Tendance qui s'est maintenue jusqu'à la fin de la soirée.

Voici quelques images prises juste avant que ça ne dégénère:

Ah oui, le groupe rejoue ce mercredi, 23 septembre au Friendship Cove avec Wavves, Ganglians et les Little Girls.

Légère accalmie durant Makeout Videotape, de Vancouver (seule présence non-locale de la soirée). Et pour cause: le duo, un guitariste et un batteur debout qui chantent tous deux, joue à bas volume. J'ai d'abord peine à me laisser accrocher par leurs morceaux crus, minimalistes et interprétés maladroitement mais en m'approchant, je découvre de bonnes mélodies et j'arrive à entrer dans leur trip. Il y a un peu de Velvet Underground et de Vaselines dans tout ça. La paire reçoit divers choristes plus ou moins invités sur scène et, avec un peu de nudité en prime, leur set finit par lever.

The Makeout Videotapes

Quant aux Silly Kissers, ils n'ont eu évidemment aucune difficulté à animer et «moshpitter» à nouveau un public longuement mariné et mijoté. En revanche, ils n'ont pas donné leur meilleur concert. Primo, la sono n'était pas de leur côté – on n'entendait à peine les claviers, les trames programmées ni la voix de la chanteuse Jane Penny.  Secundo, la séquence des pièces était discutable et ils ont omis plusieurs morceaux importants. Soit, le groupe est toujours passablement tout croche, sur scène (leurs chansons sont beaucoup plus soignées sur disque), mais ce soir, il l'était encore davantage. Au moins, la pièce-titre de l'album Love Tsunami est revenue sur le set list. Et leur fun est toujours contagieux. En effet, on ne va pas voir les Silly Kissers pour assister à une démonstration de rigueur musicale, mais plutôt pour danser et déconner. Ce qui fut fait.

The Silly Kissers 

Fait étrange: Sean Nicholas Savage, ex-voix masculine de la troupe, qui a levé les voiles en juin pour s'occuper de son trip solo, était dans la salle durant la première partie de la soirée. Il n'était toutefois plus visible quand les Kissers sont montés sur scène… Weird! Et moi qui espérait qu'il monte sur scène le temps d'un ou deux morceaux…