La Salle des loisirs : La mort louvoie si bien
Scène

La Salle des loisirs : La mort louvoie si bien

Une salle de loisirs transformée en salon funéraire, mort d’un père oblige. Un fils qui renoue pour l’occasion avec sa famille. La parole qui déferle, mais la vérité qui se défile. Les retrouvailles inconfortables. Voilà le lieu et la trame de cette pièce de REYNALD ROBINSON, mise en scène par CLAUDE POISSANT et présentée dans le cadre de la série Création Les Arts du Maurier.

Créée l’an passé au Théâtre d’Aujourd’hui, La Salle des loisirs s’est attirée maints éloges, tant pour la qualité de son écriture que pour la richesse du travail des artistes qui lui ont donné vie. Conversation avec un homme de théâtre passionné et… passionnant.

«Lorsque j’ai écrit cette première pièce pour public adulte, je ne pensais même pas qu’elle serait jouée, explique Reynald Robinson. Cela ne faisait pas partie de mes préoccupations. Je me suis abandonné à l’écriture, à mon imaginaire, sans chercher à faire dans un genre ou un style littéraire particulier.» Cette intégrité et cette volonté organique de dire les choses l’auront mené là où il ne croyait pas aller. Sortie des mains de son auteur, la pièce a fait son chemin jusque sur les planches, portée par l’accueil enthousiaste de ceux qui la découvraient tour à tour. N’empêche que notre homme doutait toujours. «L’idée de l’heure tend plus vers le théâtre international, urbain. Mes personnages sont des gens de la campagne, avec le langage et le vécu que ça implique. Je craignais que ce soit trop spécifique, trop particulier. Ils sont faits à partir de moi-même, ainsi que de gens que je connais bien. Je les ai construits, c’est vrai, mais ils sont authentiques. Et c’est eux qui ont mené le processus d’écriture. Je sais que ça fait très "mots d’auteur" que de parler ainsi, mais c’est la vérité. Leur cheminement, leur discours étaient implacables. Je m’y suis abandonné, malgré une opposition rationnelle parfois. Mais émotivement, j’étais d’accord.» Et il n’a pas cherché à faire porter l’action dramatique sur un seul protagoniste. Chaque personnage sert de relais à l’angoisse fondamentale nichant au sein de cette pièce.

La mort, la vie, la vérité, le mensonge. Tous des thèmes que l’auteur explore. Consciemment, oui, mais sans préméditation. Reynald Robinson n’a pas cherché la formule à symboles, le truc qui fait «message». Et que son grand copain Claude Poissant prenne la relève et mette le tout en scène s’inscrit comme suite logique. «Claude est un metteur en scène qui donne dans la simplicité. Il ne cherche pas à vendre la marchandise. Son approche est très pure, tout en respect et en mesure. Il ne veut pas imposer une vision ou une idée. J’ai été surpris du résultat. Là où je croyais que ça passerait difficilement, Claude m’a montré que ça pouvait être simple.» Prometteur… Lorsqu’un metteur en scène ne ressent pas le besoin d’appuyer fortement ou de souligner à gros traits, on peut imaginer que le texte recèle sûrement toute la vérité et la profondeur nécessaires. Du particulier à l’universel…

Du 21 au 23 mai
Au Grand Théâtre
Voir calendrier Carrefour international de théâtre