Michel Nadeau : Ecce Homo

On va finir par le prendre pour un cinéphile, celui qui a pondu son Terrain vague d’après Rashomon, porté à l’écran par Kurosawa, et qui présentera Ecce Homo, d’après une idée inspirée du Septième Sceau de Bergman. Pourtant, Michel Nadeau, auteur, metteur en scène et directeur artistique du théâtre Niveau Parking, plaide qu’il s’agit là d’un hasard. Terrain vague était une commande et Ecce Homo, dont le Carrefour de théâtre accueille la création, se veut l’aboutissement d’un projet vieux de plus de dix ans.

«Le questionnement du Septième Sceau m’a toujours remué: la mort, la guerre. Je trouvais intéressant, quarante ans après, d’écrire sur la même trame, comme un palimpseste. J’aime l’idée de m’inscrire dans quelque chose qui vient avant moi», confie Michel Nadeau. A l’époque, son projet consistait à jouer sur scène le scénario du film; aujourd’hui, Ecce Homo ne lui emprunte plus que l’argument, à savoir qu’un soldat obtient de la mort un délai suffisant pour dresser un bilan de vie.

Michel Nadeau en profite donc pour émettre ses propres inquiétudes à travers le personnage de Vallier, ce soldat en sursis. «Nous ne sommes pas en guerre, dit-il, mais nous restons en état de siège. L’information continue nous garde en alerte sur tous les conflits de la planète. Même si nos dirigeants disent que tout va bien, le monde tel qu’on le connaît se réorganise complètement, à tous les niveaux. Notre univers ne connaît plus de grandes idées, elles ont fait place à la gestion. La pièce fait donc le constat de ce désabusement ambiant.»
Du 19 au 24 mai
Au Théâtre Périscope
Voir calendrier Carrefour international de théâtre