Scène

Showtime : Que le grand cirque me croque

La pièce commence avec un monologuiste amateur qui s’est attaché une bombe sur l’estomac; plus loin, une comédienne jappe, affublée d’une tête de chien, avant qu’elle ne nous explique de quelle façon elle s’y prendrait pour se suicider. Régulièrement, ce qui se passe sur scène est interrompu par des machinistes – déguisés en arbres, rien de moins – qui argumentent bruyamment. Pour sa part, Robin Arthur traverse Showtime en tenant ses tripes sanglantes à deux mains, protestant que ce n’est pas ce que le public demande à voir. Voilà quelques-uns des éléments qui composent le spectacle du regroupement britannique Forced Entertainment, proposé au Carrefour international de théâtre.

Quand on demande à Robin Arthur de quel genre de pièce il s’agit, il n’a guère le choix des réponses: «C’est un spectacle plutôt chaotique et exubérant, j’en conviens. C’est encore un spectacle théâtral, mais non narratif, sans intrigue, sans développement de personnages. Il s’agit plutôt d’un collage de tableaux étranges qui appartiennent davantage à un monde psychédélique.»

De fait, Showtime est caractéristique du travail de Forced Entertainment. Chaque pièce se construit à partir de flashes ou d’images qu’apportent les six comédiens formant le noyau artistique principal du collectif. On assemble, on développe et puis finalement on épure, après une dernière étape qui consiste à trouver une structure à l’ensemble. «Pour Showtime, nous sommes partis de quelques idées concrètes, explique Arthur: un homme avec une bombe, les mauvais costumes d’arbres – la mère de l’un de nous est institutrice et colle aux élèves turbulents les rôles d’arbres dans ses pièces scolaires. L’enfance aussi, parce que quelques membres du groupe ont eu des enfants, et leur univers a changé du jour au lendemain: ils se sont retrouvés avec des canards en plastique dans leur salle de bains. Bref, notre travail se construit comme de la musique, avec des rythmes, des contrepoints. On vise de rapides changements de scènes, des revirements radicaux d’atmosphère. Le tout fonctionne comme une suite continue de courtes crises théâtrales, en passant rapidement de l’une à l’autre par effet de contraste.»

Trois thèmes forment la trame de Showtime: l’enfance, qui donne au spectacle son énergie juvénile, la mort, qui émaille le discours de bien des personnages, et la présence scénique. «Pendant le spectacle, on s’adresse directement au public, annonce Robin Arthur. A travers la pièce se développe un questionnement sur cette convention théâtrale: le fait d’être face à l’auditoire, d’être présents, public et acteurs, en même temps dans un même lieu.» Le décor de Showtime va un peu dans ce sens: que des boîtes de carton, parce qu’elles donnent justement l’impression d’un décor de quatre sous et que, peu solides, elles s’écraseront facilement lorsque nécessaire. Car c’est là un autre élément important de la pièce: l’humour. «Effectivement, c’est un spectacle très amusant, conclut Robin Arthur. C’est un bon mélange de thèmes sérieux et d’une énergie comique indéniable.»

Du 28 au 30 mai
Au Théâtre Périscope
Voir calendrier Carrefour international de théâtre