Les Nouveaux Zurbains : Grands et petits
C’est le public le plus ingrat pour les comédiens. Et, paradoxalement, c’est aussi le plus chaleureux… «Au départ, les adolescents abordent toujours une pièce de théâtre de façon réticente. Mais quand un spectacle les déstabilise, c’est doublement plus valorisant pour nous.»
Benoît Vermeulen a mis en scène et joué dans plusieurs productions pour le public ado, dont des hits comme Tu peux toujours danser, et Jusqu’aux Os! Il a d’ailleurs reçu, en mai dernier, le prix John Hirsh, remis à un jeune metteur en scène dont «la démarche artistique est particulièrement originale et précise». Nous l’avons rencontré au Carrefour de Québec, où il jouait dans La Salle des loisirs. Mais c’est pour un autre festival, Les Coups de théâtre, qu’on avait fixé cette rencontre. Dans le cadre des cinquièmes Rendez-vous international de théâtre jeune public, Vermeulen a mis en scène Les Nouveaux Zurbains. Porté par le succès des Contes urbains à La Licorne, le Théâtre Urbi et Orbi. a adapté le concept pour un public plus jeune. Après avoir organisé la première édition, l’an dernier – non sans controverse auprès de certaines écoles -, les gens d’Urbi et Orbi ont demandé au Théâtre Le Clou, l’une des plus importantes compagnies québécoises de théâtre de création pour adolescentrs, de s’occuper de l’événement. En collaboration avec le Théâtre Denise-Pelletier, l’édition 98 des Nouveaux Zurbains a été lancée avec succès en avril dernier à la salle Fred-Barry. Le spectacle reprend l’affiche pour deux jours seulement au Théâtre La Chapelle.
Au programme, des textes de Stéphane Laporte, Yvan Bienvenue, Hélène Ducharme et Alain Fournier, et aussi trois contes écrits par cinq étudiants du secondaire. Benoît Vermeulen a dirigé quatre conteurs (Monique Gosselin, Lucie Paul-Hus, David Savard et Sylvain Scott). «Pour Le Clou, c’est un projet super intéressant, dit le metteur en scène, parce qu’il nous permet de faire participer des jeunes et de leur montrer le processus de création d’un texte. Certains sont très surpris d’entendre leurs mots et de constater que la vision d’un autre peut modifier le sens d’une ouvre. Ils découvrent des choses insoupçonnées à l’intérieur de leur ouvre propre.»
Selon Vermeulen, les contes de cette année sont moins sombres et violents que ceux de l’an dernier. «Les auteurs sont un peu tannés de la provocation pour la provocation. On passe à autre chose.»
Reste que la censure n’est jamais loin lorsqu’on veut créer pour un public qui ne choisit pas lui-même les spectacles qu’il va voir. «Trente ans après la crise du joual provoquée par Les Belles-Sours, on se fait encore reprocher la qualité de la langue par des professeurs défenseurs du bon français, qui amènent leurs étudiants au théâtre.»
Comme quoi, parfois, les adultes peuvent être un public encore plus ingrat que les ados…
Les 1er et 2 juin
Au Théâtre La Chapelle
Dans le cadre des Coups de théâtre
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