Ibo Migrant : Premiers de classe
Scène

Ibo Migrant : Premiers de classe

Avec Ibo Migrant, la chorégraphe GINETTE PRÉVOST et le musicien LUC BOIVIN se paient la traite: une création mettant en vedette quinze étudiants en danse et autant en musique. Une aventure un peu folle, née dans les arcanes de l’UQAM…

La chorégraphe Ginette Prévost et le musicien Luc Boivin se paient un méchant luxe. Celui de monter Ibo Migrant, un spectacle mettant en scène quinze musiciens et quinze danseurs, qui sera présenté ce week-end, à l’Espace Go. Et ça, sans avoir eu à faire de courbettes pour obtenir une aide directe de l’État.

Chargés de cours à l’Université du Québec à Montréal, les deux artistes, qui ne se connaissaient que de nom, ont été invités par la direction de la Famille des arts à créer, en quelques semaines, un spectacle avec des étudiants en musique et en danse. «Ce type de projet est une première à l’université. Il n’y avait que nous d’assez fous pour embarquer dans une telle aventure», lance en riant Ginette Prévost.

A quelques jours de la première du spectacle, étudiants et professeurs répètent, entassés dans un studio surchauffé de l’école de musique de l’UQAM. Pendant que Luc Boivin ramène à l’ordre ses musiciens, sa collègue m’explique rapidement les étapes du projet. Directrice artistique et générale de La Femme 100 têtes, une compagnie de diffusion et de production de danse établie à Longueuil, elle a débuté dans le métier de chorégraphe sur le tard. L’année dernière, au Théâtre de la Ville, elle signait une première création, Le Fou. Son second spectacle diffère du précédent, d’abord par le nombre de danseurs, puis par le choix musical. «Quand on m’a parlé d’une musique de percussions, j’ai freaké. Je n’ai aucune formation musicale. Comment allais-je faire pour me débrouiller?»

Ses craintes se sont rapidement dissipées. Les rythmes envoûtants des timbales, tambours, caisses et autres instruments à percussion lui ont fourni des idées plein la tête. Avec l’aide des seuls danseurs professionnels de la pièce, Julie Beaulieu, Julie Slater et Peter James, elle s’est mise à l’ouvrage. Deux cents heures plus tard, une quinzaine de tableaux formaient ce spectacle hybride qui évoque l’errance culturelle – Ibo désigne une tribu guinéenne déportée et réduite à l’esclavage. «Bien que différente d’un tableau à l’autre, ma danse reste assez physique et dynamique», me glisse-t-elle au moment où son collègue donne le signal indiquant la reprise de la répétition.

Connu du grand public, grâce notamment à son travail accompli à la direction musicale de l’émission de télé Beau et chaud, Luc Boivin a réuni des créations inédites et des extraits de musiques composées pour des séries télé. A l’instar de sa partenaire, il a invité des collègues professionnels à se mêler aux étudiants sur la scène. Parmi eux, le musicien Alain Labrosse, le chanteur d’origine indienne Ganesh Amandan, et le musicien-chanteur d’origine arménienne et italienne Raffi Niziblian. A écouter chants et percussions et à voir bouger les danseurs, on se dit que tout ce monde s’est payé la traite avec ce projet qui aurait difficilement pu voir le jour à l’extérieur des murs de l’université. «C’est un laboratoire pour nous. On mélange toutes sortes de jus et on espère que le résultat goûtera bon», conclut Luc Boivin.

Du 11 au 14 juin
A l’Espace Go
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