Scène

Pierre et Marie… et le démon : Le diable est aux anges

Les histoires de couple font souvent le pain et le beurre du théâtre en été. La pièce Pierre et Marie… et le démon, présentée au Théâtre La Dame blanche ne fait pas exception à cette règle. Et c’est tant mieux, puisque le texte de MICHEL MARC BOUCHARD nous présente un triangle amoureux qui n’a rien de banal. Une comédie légère mais pas du tout idiote, mise en scène de façon fort dynamique par PHILIPPE SOLDEVILA.

L’action débute un beau matin de lendemain de cuite. Pierre et Marie, couple BCBG bien engagé dans la course au succès et à l’endettement, ont fêté solidement la promotion de madame à titre de nouvelle attachée politique de la ministre des Relations internationales. Avant même que le Tylenol ait le temps de faire effet, nos deux tourtereaux découvrent un troisième personnage dans le lit conjugal. Ange ou démon? Peu importe, le beau bonhomme a l’air particulièrement satisfait de sa nuit et prendrait bien racine dans le douillet et dispendieux appartement de Marie et Pierre. Elle est plaisamment troublée. Lui a plutôt du mal à avaler qu’il ait pu participer activement aux ébats… Et voilà que la ministre débarque inopinément.

L’intérêt de ce spectacle se retrouve d’abord dans le sujet. Ce couple qui devra reconsidérer ses valeurs et ses acquis face à cet accident de parcours ressemble à des milliers de couples du même genre. On est ensemble depuis plusieurs années, la routine est installée et plutôt confortable et on ne se remet pas en question. Il y a bien des accrochages ici et là, mais la vie suit son cours et on s’endort toujours ensemble à chaque soir. Métro, boulot et dodo en pyjamas. Jusqu’à ce que le destin balance un boulet dans des jambes qui s’entrelacent de moins en moins souvent. Attention, personne n’est à l’abri! Disons que ça donne une perspective inusitée… Évidemment, le sujet est traité avec bonne humeur et drôlerie. Les ressorts traditionnels de ce type de comédie sont présents mais n’apparaissent généralement pas éculés. Il y a bien la sempiternelle utilisation des portes comme prétexte à quiproquos mais on serait presque déçus qu’il en soit autrement…

Le décor de Jean Hazel convient parfaitement à la situation et les éclairages de Lucien Deschêne modulent agréablement le tout. Les personnages sont en général bien servis par les comédiens. Marie-Josée Bastien (Marie) est primesautière et spontanée à souhait, Yves Amyot (Pierre) s’avère irrésistible en homme aiguillonné dans sa sexualité et Normand Poirier (Blaise) se défend honorablement en charmant tentateur. Lorraine Côté, qui campe le rôle d’Angela, l’extravagante amie de Marie, dévoile ici son côté comique de façon fort convaincante et Linda Laplante compose avec succès une ministre qui apparaît comme un amalgame de Lise Bacon et de Lucienne Robillard, tailleur «madame» et cheveux figés compris.

Une agréable soirée ponctuée de quelques longueurs dont on s’accommode très bien pour peu que l’on soit dans un état d’esprit estival.

Jusqu’au 29 août
Au Théâtre La Dame blanche
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