Le Quatuor : En avant la musique!
Scène

Le Quatuor : En avant la musique!

Humoristes, musiciens, chanteurs, danseurs et performeurs, les membres du Quatuor ont plusieurs cordes à leur archet. Taquinant avec virtuosité le répertoire, tant classique que populaire, ils roulent à travers le monde un spectacle comique et musical.

Que serait la musique dite sérieuse si elle ne pouvait pas regarder de haut sa consour plus olé olé? Inversement, sans les classiques, où les artistes populaires puiseraient-ils leur inspiration? Dans la sempiternelle guerrre entre les arts majeurs et les arts mineurs, il est difficile de trancher… Mais on peut simplement en rire!

A sa façon, le groupe français Le Quatuor répond à ce vieux débat avec Il pleut des cordes, un spectacle créé au Théâtre du Palais Royal, à Paris, en 1996, et qui fait un tabac partout où il passe. Après une tournée européenne, Le Quatuor débarque à Montréal, dans le cadre du Festival Juste pour rire, au Monument-National, dès le 11 juillet.

Nous avons vu ce spectacle en juin dernier, à Marseille, alors que la troupe faisait une tournée dans le Sud la France. Si on rit durant Il pleut des cordes, on est aussi étonné par les prouesses scéniques et musicales des quatre artistes en grande forme physique. Vêtus dans la pure tradition des concerts classiques (tenue de soirée), ces musiciens-comédiens entrent en scène cérémonieusement avec leurs instruments: deux violons (Jean-Claude Camors et Laurent Vercambre), un alto (Pierre Ganem), et un violoncelle (Laurent Cirade). Ils entament alors quelques mesures classiques… puis décollent et empruntent ici et et là dans le répertoire, rendant hommage à des monstres de la musique aussi dissemblables que les Frères Jacques et Jimi Hendrix.
Dans une succession de sketchs inspirés de pièces d’un éclectisme musical sans pareil (on passe de La Jeune Fille et la Mort à I’m Just a Gigolo, du Boléro de Ravel aux tubes des Beatles), Le Quatuor a orchestré une brillante comédie. Un spectacle digne de Broadway, qui plaira à un (très) large public.

A la fin de cette course folle dans les dédales des références musicales, Le Quatuor a touché à tout: la musique sacrée de la Renaissance, les symphonies de Beethoven, le Stabat Mater de Pergolèse, les concertos de Bach, les airs de Cole Porter, le folk, la chanson française, le jazz, le rock et le rap. Le clou de la soirée est le Rap’sodie: une pièce où les musiciens classiques se transforment en rappeurs pour rendre un hommage, disons saccadé, aux grands compositeurs tels Debussy et Toscanini. Hilarant!
Grâce au metteur en scène Alain Sachs, homme de théâtre amateur de music-hall, Le Quatuor livre un spectacle sans temps morts et, au bout du compte, aussi théâtral que musical. Alain Sachs travaille avec le groupe depuis 1992. Il a contribué à faire reconnaître Le Quatuor qui, après avoir reçu la bénédiction du milieu théâtral avec un Molière en 1994, a décroché, en 97, le Victoire du meilleur spectacle d’humour de l’année.

«Nous ne sommes pas des virtuoses, mais nous pouvons donner l’illusion d’en être, confiait Laurent Vercambre, un des fondateurs avec Pierre Ganem, lors d’une entrevue après le spectacle. «Au fil des ans, le Quatuor a développé un art bien à lui, et un savoir-faire qui compense le fait que nous n’avons pas de formation musicale, sauf l’un de nous.» (Des quatre membres de ce groupe formé en 1980, seul Laurent Cirade, le dernier arrivé, est passé par le Conservatoire).

« Cette "faille", c’est la force du groupe», ajoute Cirade qui réfute l’académisme musical. «Nous profitons donc de la complémentarité de nos formations, et de nos intérêts artistiques. Nous sommes quatre personnalités totalement différentes sur scène. On peut donc aborder tous les répertoires sans gêne, contrairement aux musiciens classiques qui n’oseraient jamais se permettre de tels sauts dans le répertoire. Finalement, on met la grande musique à la portée de tout le monde.»

Effectivement, le public embarque tout de go, certains ne se gênant pas pour fredonner un air reconnu au passage. D’autres s’émeuvent d’un souvenir heureux que tel morceau de musique évoque. Mais le plus souvent, c’est le fou rire général, provoqué par les gags et les fantaisies de ces musiciens pas comme les autres.

La formule marche si bien que Le Quatuor lorgne du côté des États-Unis, peut-être Broadway?.. avec un spectacle adapté au répertoire américain et universel. Déjà, le très sérieux critique musical du New York Times leur a consacré un papier louangeur lors d’un bref passage des quatre Français au Florence Gould Hall. Start spreading the news…

Au Festival Juste pour rire
Du 11 juillet au 2 août
Au Monument-National