Ma grosse chum de fille : Comédie de taille
Scène

Ma grosse chum de fille : Comédie de taille

Dans le lot des théâtres d’été de la région montréalaise, qui offrent des comédies en tous genres, la production du Théâtre des Érables de Saint-Eustache apparaît comme un bon divertissement. Si la pièce Ma grosse chum de fille, de l’auteur britannique Charles Laurence, traduite et adaptée par Louise Latraverse, ne casse rien au niveau du contenu et de la construction dramatique, elle comporte néanmoins des dialogues rythmés, drôles, et des personnages attachants. Guy Jodoin notamment y incarne un homosexuel taquin et débridé tout à fait crédible.

Le directeur artistique du théâtre et metteur en scène, Serge Thibodeau, a traité ses personnages avec une tendresse certaine, jouant sur leur complicité et une humanité à laquelle on ne peut demeurer indifférent. Voici l’histoire d’une grosse fille, Christiane, libraire et propriétaire d’une maison qu’elle partage avec deux garçons célibataires: l’un, gai, Henri, dans la trentaine, et l’autre, écrivain en herbe et beau jeune homme, Jacques. Grosse mais gentille, bonne nature, Christiane va tomber amoureuse d’un client, Robert, qui le lui rend bien, mais qui doit malheureusement s’expatrier pour quatre mois à cause de son travail.
Le coloc, Henri, s’investit alors du rôle d’entraîneur et médecin de Christiane pour l’aider à perdre de la graisse et ainsi faire une surprise de poids à Robert à son retour. On se met donc à la course à pied, à la diète, Henri va jusqu’à louer un mini-sauna de salon pour sa grosse chum de fille, pendant que Jacques, l’écrivain qui passe plus de temps à cuisiner qu’à écrire, observe les choses en témoin incrédule. Pour lui, Christiane est très bien comme elle est, et la taille n’importe pas dans l’amour ou l’amitié. Le retour de l’amoureux, Robert, lui donnera raison.

Mis en scène avec dynamisme, le spectacle multiplie les surprises en s’appuyant sur la relation entre les deux protagonistes principaux, Christiane et Henri. Martine Francke y est plus vraie que nature, d’une bonhomie contagieuse, bien en chair mais obnubilée par une promesse d’idylle qui justifie ses efforts pour maigrir. Il faut dire qu’Henri ne lui donne pas trop le choix, usant de tous ses talents pour la convaincre.

Guy Jodoin brille d’un humour mordant, n’en manquant pas une sur les livres en trop de son amie, et l’avenir radieux que lui assurera la minceur. Sa composition, réaliste, est d’une extrême fantaisie. Il aurait été facile, dans le contexte, de tomber dans le cliché et la facilité, mais son homosexuel est à la fois touchant et dérangeant, sympathique et baveux. Personne, d’ailleurs, n’échappe à sa faconde dévastatrice, ni le timide Jacques ni le «beau Robert».

Ce dernier, dont les deux interventions, au moment de la rencontre avec Christiane et à son retour de voyage, donnent peu de latitude au comédien, est interprété avec naturel par Martin Dion. Quant au personnage de Jacques, incarné par Sébastien Delorme, il paraît plus difficile à cerner. Naïf et enthousiaste, il est difficile de croire qu’il soit romancier. Avec de bons moments, comme celui où il entre saoul d’une virée avec Henri, il paraît souvent trop coincé.

Finalement, ce spectacle, sans prétention, produit son comptant de rires et on ne s’y ennuie pas une minute.

Au Théâtre des Érables
Jusqu’au 29 août
Voir calendrier Théâtre d’Été