José Navas : Raison passion
Scène

José Navas : Raison passion

Après une pause estivale, le chorégraphe JOSÉ NAVAS ouvre la saison avec, entre autres, un trio qui a fait sensation à la dernière édition du Festival Canada Danse. Tour d’horizon.

Depuis deux ans, il s’est passé pas mal de choses dans la vie de José Navas. Côté professionnel, le chorégraphe n’a cessé de créer et de conquérir un public de plus en plus vaste. Selon lui, il est à un tournant majeur de sa carrière. Exit, la course effrénée vers la création, le chorégraphe veut désormais prendre son temps. Tout son temps.

A la question: «Quoi de neuf depuis la dernière fois que l’on s’est vus?» Les pupilles sombres de l’artiste pétille. «J’ai pris de longues vacances cet été. Cela faisait des années que ça ne m’était pas arrivé. Ce fut fantastique!» Ce repos du guerrier fut bénéfique à plusieurs niveaux. Il a refait le plein d’énergie, vu amis et famille, et réfléchi à l’évolution de sa compagnie, Flak, née au début des années quatre-vingt-dix en même temps que la carrière du chorégraphe. Un puissant désir s’est alors imposé. Navas souhaite désormais élargir les horizons de sa compagnie en misant, notamment, sur la collaboration de divers artistes, un peu à la façon du célèbre chorégraphe américain, William Forsythe. Loin de lui l’idée d’imposer une vision unique. «Je veux que le public décèle la touche des collaborateurs. Je livre de cette façon une signature plus personnelle.»

Cette envie de travailler en collaboration s’est manifestée à la suite de son récent passage à la compagnie Montréal Danse, où il a conçu une chorégraphie pour huit danseurs, qui sera présentée au printemps 1999. «C’est la première fois que je crée une pièce dans laquelle je ne danse pas.» Mais elle est d’abord née lors de la conception de One Night Only 3/3, l’année dernière. Avec les interprètes Che Long et Dominique Porte, Navas a jeté les bases de cette ouvre qui boucle un triptyque intitulé One Night Only. Plus tard, Estelle Clareton a remplacé au pied levé Che Long. Ce fameux trio, qui a fait sensation à la dernière édition du Festival Danse Canada, fait partie d’un programme triple à l’affiche de l’Agora de la danse, du 15 au 26 septembre. Il comprend aussi un solo inédit, Abstraction, ainsi que la reprise du solo Bosquejo.
Ce spectacle ouvre avec force la saison en danse. Le trio One Night Only 3/3 vaut à lui seul le détour: les interprètes évoluent à moitié nus sur une scène où tourbillonne un nuage de plumes enveloppé d’une lumière rouge vif. Preuve que Navas a laissé énormément de jeu aux interprètes: le spectateur familier du travail d’O Vertigo notera des traces légères de la gestuelle de Ginette Laurin dans l’interprétation d’Estelle Clareton, autrefois interprète chez cette compagnie et chorégraphe depuis peu.

José Navas aime bien s’entourer de caractères bien trempés, expérimentés il va de soi, qui adorent le risque comme le Montréalais Benoît Lachambre et la Torontoise Yvonne Ng, pour lesquels le chorégraphe a créé les deux premiers spectacles de la série One Night Only. Même si l’improvisation en studio l’intéresse énormément, cela ne l’empêche pas de savoir où il va. Il est préoccupé depuis longtemps par la clarté du propos de son ouvre. «Souvent, j’ai à l’esprit un concept de scénographie. Pour la série One Night Only, par exemple, je désirais une couleur dominante, la présence de plumes et l’utilisation de la même musique pour chaque pièce.»
Malgré son désir impétueux de multiplier les projets artistiques, le chorégraphe de 33 ans est nettement moins boulimique de travail qu’auparavant. A la disparition de son conjoint, le chorégraphe William Douglas, il y a trois ans, José Navas s’était en effet jeté à corps perdu dans la création et la tournée de spectacles, espérant de cette façon balayer son chagrin. Le temps a fait son ouvre, et le sentiment de deuil a disparu. Aujourd’hui, c’est un homme en paix avec lui-même, et ouvert au monde. «Ce qui m’importe c’est que mon travail se déroule bien et qu’il demeure passionnant. Mais pour cela, je dois être patient.»

Cet été, il a décliné l’invitation de participer à des festivals de danse prestigieux afin de se reposer. C’est lors de ce repos qu’il a redécouvert la passion d’antan. «Je compte les jours qui me séparent de la première montréalaise. J’ai hâte de danser, de voir comment va réagir le public au spectacle. Après tout, je fais ce métier pour toucher les gens.»

Du 15 au 26 septembre
A l’Agora de la danse
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