Ces enfants terribles : La règle du jeu
En s’inspirant du roman Les Enfants terribles, de Cocteau, la danseuse NANCY LEDUC a signé une chorégraphie qui flirte avec le théâtre et le cinéma. Pour sortir de l’ordinaire.
En entrevue, il y a deux ans, la danseuse Nancy Leduc jurait de ne pas être attirée par le travail chorégraphique. Tout ce qui l’intéressait alors, c’était de danser des solos conçus expressément pour elle par des chorégraphes réputés. Aujourd’hui, la jeune femme change son fusil d’épaule. En collaboration avec Dave Saint-Pierre et Sandrine Lafond, elle signe sa première pièce, Ces enfants terribles, qui sera présentée du 24 au 27 septembre, à Tangente. «Je me suis rendu compte que j’avais des idées précises sur le type de danse que je souhaitais interpréter. Je me suis dit alors: "Pourquoi ne pas faire le travail moi-même?"» S’inspirant du roman Les Enfants terribles, de Jean Cocteau, elle a invité Dave Saint-Pierre, un ancien collègue de classe des Ateliers de danse moderne de Montréal, à lui donner la réplique dans une chorégraphie qui flirte avec le théâtre et le cinéma. «Il y a autant de paroles que de mouvements. Un comédien aurait de la difficulté à tenir l’un des rôles en raison de la complexité de la gestuelle», dit-elle. «A moins qu’il ne se nomme Marc Béland», ajoute Dave Saint-Pierre avec un sourire.
Rapidement, le danseur a débordé du cadre de ses fonctions en ajoutant son grain de sel dans la conception. C’est que la jeune artiste n’est pas collet monté quant au travail de chorégraphe. Tout ce qui lui importe, c’est de créer en prenant son pied. Suivant un parcours similaire, Nancy Leduc et Dave Saint-Pierre partagent la même phobie de reproduire une gestuelle semblable à celle des chorégraphes avec lesquels ils ont dansé, comme Danièle Desnoyers, Hélène Blackburn, Harold Rhéaume ou les filles de Brouhaha Danse. «Il faut être vigilants. Ce n’est pas un défaut de créer un mouvement qui évoque une signature connue, mais c’est important que l’on sache se démarquer de nos aînés», explique Nancy Leduc.
Pas de doute, ce que nous présente le duo dénote une volonté indéniable de sortir de l’ordinaire. Dans Ces enfants terribles, les danseurs expriment la relation frère/sour par une série de flashs décousus, souvent humoristiques, parfois déroutants. Le cinéaste Bernar Hébert (La Nuit du déluge), pour qui Nancy Leduc a déjà travaillé, est venu ajouter une touche cinématographique à la chorégraphie. Amateurs de septième art, Leduc et Saint-Pierre seraient aux anges si leur création arrivait à toucher le spectateur comme eux le sont à la sortie d’un film fétiche. Mais ils restent lucides… dans la mesure du possible: «Il y a une scène qui, je l’espère, va bouleverser le public», avance prudemment Nancy. Pour le moment, il n’est pas question pour le duo que la création prenne le pas sur l’interprétation. «Nous sommes des danseurs avant tout.»
Ces jours-ci, Nancy Leduc répète pour Le Carré des Lombes et bientôt pour Montréal Danse, alors que Dave Saint-Pierre fera partie de la distribution du prochain spectacle d’Harold Rhéaume. Cette volonté professionnelle ne les empêche toutefois pas de poursuivre en parallèle leur travail de chorégraphe, histoire de cultiver leur imaginaire et, surtout, l’envie de se faire plaisir!
Du 24 au 27 septembre
A Tangente