Bernard Meney : Entre deux eaux
Scène

Bernard Meney : Entre deux eaux

Danse-théâtre, théâtre-danse… Le comédien BERNARD MENEY aime passer d’une discipline à l’autre. Il signe les chorégraphies de la dernière création du Ballet-Théâtre du Québec, Atlantique, qui a fait le pari de marier les mots et les mouvements.

Quiconque s’intéresse un tant soit peu à la danse sait l’importance du théâtre dans cette forme d’art. L’inverse n’est cependant pas toujours vrai. Des metteurs en scène font parfois appel à des chorégraphes afin de régler les mouvements de certains passages de leur ouvre. Mais plus rares sont les pièces de théâtre qui accordent un rôle majeur à la danse, à moins qu’il ne s’agisse de comédie musicale, et encore. Atlantique, la dernière création du Ballet théâtre du Québec, qui sera à l’affiche de la salle Fred-Barry, tient le pari de marier mots et mouvements pendant presque deux heures.

Danse-théâtre, théâtre-danse, allez donc savoir! Bernard Meney, chorégraphe d’Atlantique, ignore à quelle catégorie appartient cette histoire portant sur la mémoire signée par les auteurs Manon Moreau et André Frappier (aussi metteur en scène). «Les amateurs de danse qui assisteront au spectacle devront s’attendre à se faire raconter une histoire au sein de laquelle se glissent des morceaux chorégraphiques.»

Chose sûre, de nombreux artistes de théâtre gravitent autour d’Atlantique. A commencer par les comédiens Lise Roy, Roger Blay et Stéphane Archambault, qui incarnent de vrais personnages en risquant quelques mouvements ici et là. En fait, la partie chorégraphique est assumée par France Deslauriers, qui a déjà dansé pour le Ballet British Colombia et Les Ballets Eddy Toussaint, et par Youri de Wilde, danseur aux Ballets Jazz de Montréal. «Les comédiens ont une peur bleue de la danse parce que, souvent, ils ne sont pas à l’aise avec leur corps. C’est surtout vrai lorsqu’ils sont appelés à évoluer aux côtés de danseurs», explique Bernard Meney.
Ce dernier sait de quoi il parle. Il a appris le métier de comédien au Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Au cours de la même période, il étudiait le ballet à l’École supérieure de danse du Québec. Après quelques années à vivre du métier de danseur pigiste en Europe, où il fut interprète pour le chorégraphe Maurice Béjart, il revient au pays et fonde Le Théâtre Ubu avec des copains du Conservatoire. C’est au sein des spectacles de cette compagnie que les chorégraphes Édouard Lock, Daniel Léveillé et Ginette Laurin sont invités à créer des mouvements pour lui.

La collaboration de Bernard Meney avec ces artistes de la danse colore aujourd’hui son travail chorégraphique. «Chaque créateur subit des influences et je n’échappe pas à cette règle. Il n’y a rien que je fasse qui réinvente la roue. J’ai travaillé par instinct», dit-il. Pour éviter que les mouvements collent trop aux textes, le chorégraphe a conçu sa gestuelle loin du travail de mise en scène. «Je suis surpris de voir comment les chorégraphies prennent une nouvelle signification depuis qu’elles sont intégrées au spectacle. Tout devient cohérent.»

Après avoir passé presque vingt ans à faire du théâtre et de la danse, il devient par la suite difficile de se restreindre à une seule forme d’art. Bernard Meney rêve de faire de la mise en scène et de la scénographie. «Quand on crée, tout est possible. L’important, c’est de ne pas perdre de vue le spectateur.»
Du 13 au 24 octobre
A la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier