La Ballade du plombier : L’eau à la bouche
Une futile fuite d’eau, voilà qui suffit à l’Illusion, théâtre de marionnettes, pour déclencher un déluge d’imagination! La Ballade du plombier s’est installée à la Maison Théâtre, après une tournée dans le cadre de Jouer dans l’île, couronnée de succès la saison dernière. Ce petit spectacle sans prétention mais débordant de créativité réussit à capter l’attention avec un seul acteur-manipulateur et à peine une histoire: un plombier descend dans la cave d’une cliente pour réparer une fuite d’eau et, d’une vieille baignoire à pattes (de vraies pattes… à orteils!) et de quelques tuyaux, il fera surgir une baleine, un océan, au gré de son imaginaire… et du nôtre. Les bambins de quatre à huit ans acceptent volontiers l’invitation au voyage, les yeux grands ouverts sur la scène et l’esprit à la dérive.
Il faut dire que Petr Baran, qui joue le plombier Ernest et manipule les marionnettes (aidé en cela par Diane Choquette, dissimulée), prête au personnage un indéniable charisme. Fantaisiste joyeux, très proche du public et de ses réactions (il improvisera une réplique pour répondre à un petit adepte de l’interaction), ne sacrifiant pas le jeu au devoir, son Ernest a décidément tout pour plaire aux enfants.
Si le texte de Claire Voisard ne bouleverse rien, sa «mise en images» est beaucoup plus éloquente: ombres, lumière et musique nous baignent dans une atmosphère marine, tout à fait apaisante. Éloquente aussi, la scénographie de Petr Baran, riche de métamorphoses et de surprises. La cave représentée ici n’est pas grise et poussiéreuse mais gaie, aux couleurs vives, cachant échelle et chaises de plage, un tuyau devenant périscope et une baignoire, navire.
Dans le secret d’une cave, tout peut arriver, chuchote Ernest. Et nous le croyons sur parole à l’issue de sa balade (avec un seul «l», car c’est bien plus d’une promenade qu’il s’agit, en effet), lorsqu’il nous ramène à bon port, arrimés de nouveau à la réalité. Il a un peu l’effet d’un bain flottant, ce spectacle zen (c’est la mode) où l’on voit danser les gentils hippocampes avec, comme environnement sonore, le chant des baleines et le bruit de l’eau.
Jusqu’au 18 octobre
A la Maison Théâtre