Les Mecs comiques : Mâle à l'âme
Scène

Les Mecs comiques : Mâle à l’âme

Bons comédiens, exsudant le naturel et la complicité sur scène, capables de se relancer et d’improviser avec aisance: Les Mecs comiques possèdent plusieurs atouts pour des débutants. Et les trois jeunes humoristes savent déjà doser leurs effets pour plaire à un large public, concoctant un spectacle où l’audace se pondère de beaucoup de prudence, où un zeste de méchanceté cohabite avec un flot de bonhomie.

Le trio présente au Box Office (un petit Club Soda) un show très varié: stand-up, sketchs, enfilade de one-liners, forte participation du public. Et une savoureuse parodie de cérémonie religieuse, revue sous le règne du sacro-saint capitalisme. Au menu: commandite, blagues et «confession à l’auto». Pas toujours original, leur matériel, cependant. Le personnage du nerd complexé (probablement le numéro le plus faible du spectacle) ne se distingue en rien de tous ces pauvres losers dont se moque le tout-venant des humoristes; tandis que, dans un registre infiniment plus réussi, le délicieux conte de fées à la sauce réaliste et anti-politically correct est raconté par un émule d’oncle Georges.

Là où Les Mecs comiques se démarquent le plus, c’est lorsqu’ils jouent sur les rôles très stéréotypés qu’ils se sont attribués: le Jeune (Jean-François Baril), le Fif et le Macho. Sauf erreur, Alex Perron est le premier humoriste québécois ouvertement gai, un titre qu’il assume avec un panache culotté. Ses remarques acidulées ajoutent une touche «bitch» des plus rafraîchissantes au groupe. Le trio n’évite pas le terrain potentiellement glissant de l’homosexualité, même s’il l’aborde avec des précautions qu’on espérerait superflues en 1998. Afin de faire réagir la salle, le Macho (Louis Morissette) se met ainsi en bouche un discours plus primaire que nature, voire rétrograde («mais qui fait la fille dans le couple?»). Disons qu’on part de loin…
L’homme, la grande cible du groupe, est d’ailleurs vu comme un être assez borné, incapable d’exprimer ses émotions, même à 25 ans, et répugnant à toucher ses congénères (encore?). C’est pourquoi Alex, déguisé en thérapeute flyée, incite chacun des «mongols» dans la salle (lire les mâles) à se lever, à prendre la main de son voisin et à lui déclarer son amour… Les jeunes humoristes ont manifestement choisi de ne rien brusquer et fait le pari de changer les mentalités à petits pas.

En constatant la bonne humeur qui accompagne ce rituel, en voyant Alex sauter au cou d’un spectateur, on se dit que, qui sait?, à leur façon soft et consensuelle, les talentueux Mecs auront peut-être réussi à enjamber quelques barrières malgré tout.

Les 16 et 17 octobre
Au Box Office
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