Quand Pierre Légaré est allé faire de la promotion à l’émission de Marie-France Bazzo, à la radio, l’animatrice lui a demandé si c’était une conférence ou un show d’humour qu’il présenterait au Théâtre Maisonneuve! L’anecdote en dit long sur l’impassible humoriste qui se sert de la tribune du comique pour analyser la société dans laquelle il vit. Depuis dix ans, il signe des spectacles développés autour d’un thème, d’un fil conducteur, dans le but de susciter la réflexion du public sur les relations humaines. Avec succès. Car la complicité qu’il crée avec le public est exemplaire.
Pour Légaré, l’humour est un miroir de la société. Caricatural, certes. Mais miroir quand même. «J’aime l’humour qui me remue, et me fait réfléchir longtemps après la tombée du rideau. Pour moi, l’humour est un contenant, pas un contenu. Les gags me permettent de toucher à n’importe quels sujets. L’humour doit être le véhicule, pas le but. Les humoristes qui ont duré – comme Yvon Deschamps – se sont servis des blagues pour aborder des thèmes sérieux. Si un humoriste fait seulement des gags pour faire des gags, il ne durera pas.»
Communication, perception, rapports sociaux, le plus psycho-pop des humoristes québécois passe à la loupe le choix de ses thèmes afin qu’ils touchent tout le monde et sa sour. «Un humoriste peut aborder un thème comme la haine en tout temps, car le sujet ne sera jamais démodé.»
Avec Rien, son quatrième spectacle à l’affiche du Théâtre Maisonneuve ce week-end, Pierre Légaré traite d’un sentiment intemporel et universel: la peur. «Avec Rien, je constate que la peur décide de 90 pour cent de nos actions. C’est un sentiment éprouvé par tous, de l’enfance à la mort. Dans mon show, j’analyse nos peurs pour rendre compte du fait que nous n’avons pas peur, en général, de ce qui arrive, mais de ce que nous imaginons qui pourrait arriver… Un homme a peur de rouler à 200 km/h sur l’autoroute, parce qu’il a peur d’avoir un accident, ou d’avoir un ticket. Une femme a peur de sauter en parachute, parce qu’elle a peur de s’écraser. Un couple décide d’aller en voyage avec des amis, parce qu’il a peur de le regretter s’il reste à la maison. On a peur de perdre sa job, d’être jugé par ses amis, d’être abandonné, etc.
«Finalement, on ne craint jamais la réalité, mais une situation anticipée.On a peur de ce qu’on imagine qui pourrait arriver (ou ne pas arriver). La peur est donc virtuelle. C’est le fruit de notre imagination. Un film qui défile dans notre tête. On a peur de quelque chose qui n’existe pas; donc on a peur de "rien"!»
En nous faisant rire et réfléchir sur nos peurs, Pierre Légaré veut aussi nous prévenir contre le réflexe du troupeau qui est le propre de l’humain. «Pour avoir moins peur, on suit le groupe comme des moutons… Etre plus nombreux, ça enlève la peur. Mais plus la foule est nombreuse, plus bas est son niveau d’intelligence. Pour en finir avec la peur, il ne faudrait pas tous devenir épais.»
Pour se rassurer, on ira voir Pierre Légaré en spectacle.
Les 15, 16 et 17 octobre
Supplémentaires à confirmer
Au Théâtre Maisonneuve
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