Rétrospective Marie Chouinard : Retour aux sources
Après la rétrospective de ses pièces de groupe, Trois fois Marie, en janvier dernier, MARIE CHOUINARD a regroupé les meilleurs solos qu’elle a créés depuis 1978. La danseuse CAROLE PRIEUR va redonner vie à ces créations toujours troublantes.
A une vingtaine de jours de la première, le mystère plane toujours sur le programme du spectacle de la Compagnie Marie Chouinard qui, chose sûre, comprendra une dizaine de solos créés principalement pendant les années 80 et deux, peut-être trois, solos inédits. Même les danseurs ignorent ce qu’ils vont danser et qui de la troupe fera partie de cette rétrospective présentée, du 21 octobre au 8 novembre, au Musée d’art contemporain. «C’est ça, travailler avec Marie Chouinard, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre. L’important, c’est de rester calme», lance dans un grand éclat de rire Carole Prieur, danseuse au sein de la compagnie depuis trois ans.
Lorsque Marie Chouinard est montée sur scène pour présenter son tout premier solo intitulé Cristallisation, en 1978, Carole Prieur jouait avec ses poupées dans sa maison à Dublin, en Irlande. Elle entendit parler pour la première fois de la controversée chorégraphe québécoise lors de ses études en danse à l’école du Winnipeg Contemporary Dancers, à la fin des années 80. Mais c’est en assistant au spectacle Les Trous du ciel que la jeune femme fut envoûtée par le singulier langage de Marie Chouinard. Ce qui l’a alors le plus impressionnée, c’est la folie et la liberté qui se dégageaient de l’ouvre. C’était décidé, elle danserait pour cette artiste "flyée".
En janvier dernier, la danseuse de 23 ans fut de la rétrospective des pièces de groupe, Trois fois Marie. Cet automne, elle risque de se retrouver seule sur scène à danser des solos qui ont choqué, bouleversé, étonné, dérangé ou charmé le public d’autrefois. Des solos qui ont aussi contribué à la réputation de l’enfant terrible de la danse contemporaine québécoise. C’est vrai qu’il y avait matière à alimenter les ragots qui couraient, et courent encore, sur Marie Chouinard, comme ces soirées où la chorégraphe-danseuse invitait un spectateur à terminer la nuit avec elle. Pour Carole Prieur, les anciennes performances de la chorégraphe ne font pas que provoquer. «Il y a une virilité et une force de vie incroyable, explique-t-elle. Je dirais aussi qu’il y a une innocence, une naïveté et une très grande ouverture à la création. Le travail de Marie est à la fois simple et complexe, comme peut l’être la vie.»
En se mettant dans la peau de la chorégraphe-danseuse d’il y a vingt ans, la jeune femme comprend mieux les récentes ouvres de Marie Chouinard. Mais il y a plus: «Il y a quelque chose d’intime et de vulnérable dans le fait de remonter aux origines de sa carrière. D’une certaine manière, ce projet me permet de renouer avec l’histoire de la danse au Québec. Pendant ces années-là, il y avait beaucoup de performance art. Et ça, je le sens dans les mouvements et le choix des costumes.» Malgré tout, cette expérience l’effraie un peu. «C’est sûr que je ne suis pas Marie Chouinard, et je n’aurai pas le support et l’énergie de mes partenaires sur scène. Mais c’est une expérience que je veux goûter.»
Si la chorégraphe hésite encore quant au contenu de son spectacle, elle n’a toutefois presque pas touché à la gestuelle et aux costumes des pièces. Tout ce qu’on sait, c’est que la troupe livrera Cristallisation, STAB, Crue et L’Après-midi d’un faune, des ouvres majeures du répertoire de la chorégraphe-danseuse, qui a mené une carrière solo jusqu’à la création de sa compagnie, en 1990.
Est-ce que Carole Prieur juge certains morceaux plus osés que d’autres? Elle réfléchit longuement avant de répondre. «Ils ont tous leur propre personnalité. Prenez STAB, par exemple; c’est beau et puissant. Toute cette peinture rouge sur le corps, c’est comme si on voyait les muscles du corps bouger.» Et les autres solos? Elle éclate encore une fois de rire. «Je ne peux pas le dire parce que le choix de Marie n’est pas arrêté.» Enfin, tout ce qu’elle accepte de confier, c’est la possibilité que les gars de la troupe fassent partie de la rétrospective. Et Marie Chouinard? «Ça non… enfin, pas à ce que je sache.»
Du 21 octobre au 8 novembre
Au Musée d’art contemporain
Colloque sur la santé du danseur
Les danseurs ont de superbes corps minces, musclés et … amochés. Parce qu’ils se donnent à fond dans leur entraînement ou accomplissent un mouvement complexe en omettant les exercices de réchauffement, plusieurs sont incapables d’exécuter des gestes aussi simples que de lever un bras au-dessus de leur tête. Pour les sensibiliser et les informer de leur condition physique, le Regroupement québécois de la danse organise un colloque sur la santé du danseur qui aura lieu, les 24 et 25 octobre, au département de danse de l’UQAM. On s’informe au 849-4003.