Encore une fois, si vous le permettez : Vue sur la mère
Scène

Encore une fois, si vous le permettez : Vue sur la mère

La dernière création de MICHEL TREMBLAY, Encore une fois, si vous le permettez, est un ultime hommage à l’héritage maternel. RITA LAFONTAINE, qui incarne Nana, nous entretient de la pièce et des retrouvailles du légendaire trio complété par ANDRÉ BRASSARD.

«Michel Tremblay est un homme très pudique, réservé sur ses sentiments. C’est par l’écrit qu’il s’exprime», confie Rita Lafontaine, comédienne tremblaysienne par excellence. Si l’homme s’avère discret, l’auteur en revanche ouvre son cour et revisite en public la route des souvenirs tendres avec sa dernière création, Encore une fois, si vous le permettez. Ultime hommage rendu à une mère disparue trop tôt pour mesurer les bienfaits et l’inestimable impact de son influence, la pièce réunit de nouveau le triumvirat Tremblay-Brassard-Lafontaine. Une réunion touchante au possible. «Se retrouver ensemble au Rideau vert, trente ans après la création des Belles-sours, fut extrêmement émouvant, explique Mme Lafontaine. J’ai été choyée dans ma carrière de comédienne, particulièrement par Michel et André. Revenir en "famille" dans ce lieu m’a donné l’impression d’un cycle qui s’achevait, d’une boucle qui se bouclait.»

L’approche privilégiée par Michel Tremblay dans cette ouvre est celle de la confidence versée dans l’oreille du spectateur. Des tranches de vies, principalement sous forme de monologues, peignent par touches le tableau impressionniste de la relation d’un fils et de sa mère. André Brassard, alter ego de l’auteur, tient le rôle du Narrateur en plus de signer une mise en scène que l’on qualifie de minimaliste. «Le texte en soi suffit à rendre toute l’émotion. Et la rencontre avec le public s’est fait tout naturellement», poursuit la comédienne.

Rita Lafontaine n’a pas connu Rhéauna (la mère de Michel Tremblay), Nana pour l’occasion. «Quand j’ai rencontré Michel, en 1963, elle était déjà décédée. Mais j’ai toujours senti l’influence que cette femme avait eue dans sa vie. Elle était drôle et possédait un sens de l’exagération et du dramatique propre aux artistes. Et c’est ce que l’on retrouve dans la pièce à travers les discussions qu’elle a avec son fils à 10, 13, 16, 18 et 20 ans.» Lorsqu’un auteur met en scène sa mère et son propre double, cherche-t-il à recréer une illusion mimétique? «Pas Michel. Il ne m’a pas demandé de lui ressembler, au contraire. Il ne m’a pas donné de directives, d’indications sur l’attitude physique ou morale de Nana. J’aurais peut-être aimé qu’il le fasse, mais je savais qu’il n’en serait rien. Michel a un immense respect et une grande affection pour les comédiens. Il m’a fait confiance et m’a laissé toute la latitude voulue», répond Rita Lafontaine. A-t-elle l’impression, connaissant si intimement l’auteur, que celui-ci vient de passer à une autre étape dans sa dramaturgie? «Je ne sais pas, il faudrait lui demander. Mais je ne vois pas ce qu’il pourrait faire de plus complet et de plus signifiant au sujet de sa mère que cette dernière pièce.»

Et lorsqu’en fin d’entrevue téléphonique la journaliste se transforme en admiratrice de longue date de cette comédienne extraordinaire qu’est Rita Lafontaine, cette dernière semble rougir à l’autre bout du fil. «Vous êtes bien gentille, mais je ne voudrais pas que vous soyez déçue!» Insécurité légendaire des acteurs… Ne vous en faites pas, Mme Lafontaine, même si vous vouliez être moyenne, vous n’y arriveriez pas…

Les 27 et 28 octobre
Au Palais Montcalm