Lorsque les oies sont blanches : Tel qu'ailes
Scène

Lorsque les oies sont blanches : Tel qu’ailes

Elle est à présent mieux connue en France qu’ici, mais n’oublions pas que CATHERINE MARTIN a commencé sa carrière d’interprète à Québec. Il y a 20 ans, avec la compagnie Danse Partout. De retour d’exil depuis deux ans, elle nous présentera ce qu’elle considère véritablement comme sa première création chorégraphique.

«C’est en France que je suis née en tant qu’artiste»ª, considère Catherine Martin. Auparavant, elle avait été interprète pour de nombreux chorégraphes, notamment les Montréalais Jean-Pierre Perreault et Michael Montanaro, mais elle se limitait à ce rôle. Sa rencontre avec Philippe Genty a été déterminante pour sa carrière. «Philippe nous demandait souvent d’improviser. On a beaucoup travaillé avec la matière, le latex, l’argile, le papier kraft.»ª Cette pratique lui a fait prendre conscience de son besoin viscéral de créer.

La conception de Lorsque les oies sont blanches – quatuor pour une plume a commencé à travers les tournées. «Quand j’avais la chance, dit-elle, je trouvais refuge dans des studios. Je voulais m’assurer que j’étais toujours vivante en tant qu’artiste.»ª A Paris puis à Québec, elle en présente des versions préliminaires. C’est une danseuse très précise et subtile dans ses mouvements et ses expressions. Elle a le don de faire travailler l’imagination en installant une atmosphère bien palpable. Elle conçoit d’ailleurs ses pièces en fonction du lieu. L’an dernier, c’était la mezzanine de la Rotonde. Cette fois-ci, le spectacle débutera dans la vieille prison du Musée du Québec.

On ne s’étonnera pas qu’elle ait des choses à exprimer sur les rencontres de voyage. De tels souvenirs, Catherine Martin en a plein la tête, puisqu’en tournée elle a eu l’occasion de visiter 25 pays, sur les cinq continents: une fête en Roumanie, une femme qui l’a soignée à Tel-Aviv, une personne qui lui a offert un poème en Russie… Même si tous ces gens ont marqué sa vie, elle constate que leur souvenir s’estompe à mesure qu’une rencontre en relègue une autre en arrière-plan. Dans la pièce, son personnage Zoé fait, en parallèle, l’apprentissage de la maturité et de la peur de vieillir. En pensant aux oies, ces grandes voyageuses qu’elle adore, la danseuse a développé un tableau sur le bonheur de prendre soin de soi et des autres. «Les oies sont solidaires dans leur vol. Pour moi, c’est l’idéal de la vie: être soi et entourée à la fois.»ª

Même si elle est seule en scène, la danseuse est, elle aussi, bien entourée. Elle espère d’ailleurs que les spectateurs considéreront la pièce comme un tout, au lieu de porter toute leur attention sur elle. Au cours des trois tableaux, elle utilise des personnages en papier kraft, un fragile tapis de plumes d’oies, un grand voile… La trame sonore de Jean-Sébastien Côté promet d’être riche. Il y a intégré, entre autres, des sons et des ambiances que la danseuse a enregistrés partout dans le monde. Les costumes de Marie-Chantale Vaillancourt et les éclairages de Jean Soucy complètent la mise en scène.

Comme Catherine Martin insiste beaucoup sur la mise en contexte, on peut dire qu’elle a un style théâtral. Un qualificatif qu’elle endosse… jusqu’à un certain point. «Je pense que ma force, c’est ça, la théâtralité. Mais ça me fait de la peine quand on dit que ce que je fais, c’est plus du théâtre que de la danse. Je me sens vraiment danseuse. De toute façon, je me sens beaucoup plus près des arts visuels que du théâtre.»ª
N’empêche que notre oiseau a été recruté par Ex-Machina pour la tournée de la Géométrie des Miracles de Robert Lepage. Moins d’une semaine après la fin de son spectacle, celle qui affirme: «Je ne suis pas une voyageuse, mais une curieuse»ª aura donc l’occasion de redéployer ses ailes.

Les 24, 25, 28 octobre, 7 et 8 novembre
Au Musée du Québec