Coppélia : A poupée le souffle
Les Grands Ballets Canadiens retournent aux sources avec un classique du ballet. Coppélia, c’est du grand divertissement. Une histoire simple et efficace avec des personnages typés. Une chorégraphie rythmée et vive dans des costumes et des décors colorés. Suivons notre guide, le danseur DAVID BUSHMAN qui incarne le docteur Coppélius.
Créé en 1870,Coppélia figure parmi les ballets les plus populaires de l’histoire de la danse. Plus léger que d’autres classiques du XIXe siècle, comme Gisèle ou Le Lac des cygnes, il se rapproche davantage de Casse-Noisette. Tous les deux sont tirés de contes d’Hoffmann et s’adressent à toute la famille.
L’histoire tourne autour de Coppélia, la mystérieuse fille du docteur Coppélius, qui intrigue le petit village polonais. Jalouse de l’intérêt que porte Franz à l’inconnue, Swanilda découvre que la fameuse Coppélia n’est qu’une poupée mécanique. Elle s’amuse alors à se glisser dans ses habits. Avec la complicité de Franz, elle fait croire à Coppélius que sa créature a pris vie. Comblé de bonheur, Coppélius est par la suite amèrement déçu. Les amoureux sauront cependant se faire pardonner et tout se terminera par une fête.
La production des Grands Ballets exige la participation d’apprentis pour soutenir les 35 danseurs professionnels. Elle est presque identique à celle de 1988. La compagnie fait appel, une fois de plus, au chorégraphe Enrique Martinez, un spécialiste de Coppélia. Il a monté ce ballet aux États-Unis, en Europe et en Amérique latine, toujours à partir de la partition chorégraphique de Marius Petipa. Quant à la musique de Léo Delibes, nous aurons malheureusement droit à un enregistrement, puisque l’orchestre ne sort pas de Montréal cette année.
Pour l’interprétation de Coppélius, David Bushman a travaillé à prendre la posture et les gestes d’un vieillard. Danseur élancé au visage juvénile, il se transforme en vieil homme rabougri. Un rôle théâtral aux antipodes de l’agilité. N’est-ce pas frustrant pour un danseur? «Oui, surtout quand on voit danser les autres, avoue-t-il en riant. Mais c’est un défi intéressant. Lawrence Rhodes, le directeur artistique, m’a beaucoup aidé à développer mon personnage. ª Après avoir étudié l’interprétation de ses prédécesseurs, il a trouvé son propre Coppélius. Au-delà de l’aspect comique, il tient à faire ressortir le côté humain et triste de cet homme.
Les amateurs de prouesses techniques ne seront pourtant pas déçus par Coppélia. La grande vedette, c’est Swanilda, très présente pendant les trois actes. Exigeant à la fois équilibre, force et sensibilité, c’est un des rôles les plus stimulants du répertoire classique pour une danseuse. De l’avis de monsieur Martinez, il se compare à ceux de Roméo et Juliette, Gisèle ou La Fille mal gardée. Un rôle à la mesure de la grande Annick Bissonnette. Quant à Franz, il sera interprété par Alexi Lapshin, une nouvelle recrue, ex-danseur du Bolchoï.
Pour les Grands Ballets, ce genre de spectacle est devenu l’exception ces dernières années. «On est habitués à un répertoire très contemporain où on travaille avec le chorégraphe et on fait la création ensemble. C’est plus ou moins notre vie. Coppélia, c’est très différent. Mais je trouve ça important pour nous et pour les spectateurs de retourner aux origines du balletª.» Faisant preuve d’une grande capacité d’adaptation, les danseurs se sont tapé, en alternance, le programme contemporain et Coppélia en septembre dernier pendant leur tournée dans l’Ouest. Tout ankylosé par son rôle de Coppélius, David Bushman en a été quitte pour des séances d’étirement intensives avant d’attaquer les trois pièces contemporaines qu’il dansait.
Le 4 novembre
Au Grand Théâtre