Scène

Lorsque les oies sont blanches : Les 7 et 8 novembreAu Musée du Québec

Sachant que Catherine Martin avait mis quatre ans de sa vie dans son ouvre, on pouvait s’attendre à une surcharge de matériel ou, au contraire, à quelque chose de très pur. Lorsque les oies sont blanches est à la fois l’un et l’autre.

Les spectateurs sont autorisés à monter à la prison du musée alors que la danseuse a déjà commencé à bouger. Prise dans une rigide robe d’aluminium noir, elle exécute des mouvements angulaires avec ses bras. On sent le spectre de la vieillesse et de la mort rôder. Elle se débat affolée pour se sortir de cette enveloppe sèche. S’échappant continuellement, elle est poursuivie à travers la prison par les spectateurs. On se croirait dans un de ces spectacles de rue où les gens rient en se demandant, un peu inquiets, ce qui va se passer. Particulièrement pour ce tableau, la thématique complexe aurait mérité d’être développée plus longuement, notamment sur le plan chorégraphique. Il faut dire que l’exiguïté des lieux et la dureté du sol ne se prêtent pas très bien à la danse. En fait, même si le lieu est magique, il n’est guère praticable au-delà de vingt spectateurs. Après s’être chargée très rapidement d’une douzaine de personnages en papier chiffonnés, la danseuse s’enfuit dans l’escalier.

Nous la retrouvons dans l’auditorium, en train de se balancer dans une douce ambiance bleutée. En fond scénique, les images de vol d’oies se figent quand elle se met à faire de petites courses espiègles. Ses piétinements sur demi-pointe avec les genoux fléchis lui donnent l’air d’un oiseau mal assuré. Si ces mouvements en viennent peu à peu à exprimer le bien-être et la sérénité, son visage demeure cependant tendu jusqu’à la fin. C’est le moment qui nous permet le mieux d’apprécier la danseuse et de se laisser pénétrer de l’atmosphère.

Comme nous devons nous déplacer pour le dernier tableau, le rythme est cassé pour une seconde fois. D’abord enroulée dans une longue écharpe de soie blanche, elle se déballe progressivement. Sur la trame sonore, une fillette parle de sa vie et de ses rêves. Malheureusement, le discours de l’enfant nous distrait des discrets mouvements de la danseuse.

Dans l’ensemble, l’ouvre de Catherine Martin a le grand mérite d’être sincère, sensible et personnelle. Par contre, on a parfois l’impression qu’elle s’est laissée submerger par la mise en scène et qu’elle ne prend pas assez sa place comme danseuse. Dommage… Comme interprète, elle est profondément émouvante. Son regard demeure cependant lointain. Espérons que cette timidité ne soit qu’un effet du stress de la première.