David Pressault : A la croisée des chemins
Entre l’interprétation et la création, DAVID PRESSAULT a roulé sa bosse à travers le Canada au cours des dix dernières années. Revenu à Montréal depuis peu, le chorégraphe présente à Tangente un programme porteur d’une charge dramatique sujette à diverses interprétations.
Le chorégraphe David Pressault fait ses premières armes à Montréal en présentant, du 5 au 8 novembre, ses deux dernières créations dans le cadre de la série des Majeurs à Tangente. Si son nom ne nous est pas encore familier, il circule depuis quelque temps déjà parmi les critiques de Toronto et de Vancouver qui connaissent bien le travail de cet artiste d’origine montréalaise.
En 1988, après des études en danse au cégep Saint-Laurent, David Pressault poursuit sa formation en Ontario, à l’école de la populaire compagnie de danse moderne Toronto Dance Theater. «A l’époque, l’enseignement de la danse n’était pas très au point au Québec. Et comme j’avais besoin d’une bonne base, je suis allé apprendre la technique Graham, qui est axée notamment sur la gravitation.» Plus tard, la compagnie torontoise l’engage comme interprète. Il y reste cinq ans, jusqu’à ce que le désir de créer son propre matériel chorégraphique s’immisce dans ses pensées.
Quelques solos plus tard, la direction du Festival Canada Danse l’invite d’abord à présenter son travail dans le cadre d’une soirée partagée avec un autre artiste, puis, deux ans plus tard, elle lui offre une soirée complète. De fil en aiguille, Pressault tient l’affiche de festivals ayant lieu à Vancouver, Toronto et Montréal (au FIND notamment). Malgré une carrière bien amorcée du côté du Canada anglais, le cour du chorégraphe reste accroché à sa ville natale. «C’est plus motivant d’être à Montréal que partout ailleurs au Canada. Il y a plus de compagnies et aussi plus de collaborateurs avec lesquels je veux travailler. Et surtout, le public y est plus nombreux», explique-t-il.
Ce week-end, David Pressault présente une pièce de groupe, Croix, et un solo, Tantale. Difficile de lui soutirer de l’information sur ses créations, car il tient mordicus à ce que le spectateur «se laisse guider par ses intuitions». A l’exemple des chorégraphes formalistes, il croit que la danse en soi est porteuse d’une charge dramatique sujette à diverses interprétations. Ce n’est donc pas pour rien qu’il consacre autant de temps à polir sa gestuelle. «Il y a une certaine précision et une certaine agressivité dans ma danse qui vont sans doute surprendre bien des spectateurs.» Puis, il ajoute: «Mon travail demeure avant toute chose personnel. Il y reste peu de traces de mon passage au Toronto Dance Theater, sinon l’essentiel.»
Installé dans notre ville depuis juillet dernier, David Pressault aimerait danser pour des collègues québécois tout en poursuivant parallèlement son travail de chorégraphe (il a déjà été interprète pour Hélène Blackburn et Irène Stamou). Il sait toutefois que les deux occupations sont difficilement conciliables, car l’envie de créer l’emporte souvent sur celle de danser. Peu importe ce que lui réserve l’avenir, il se dit heureux d’être revenu parmi les siens. Ce qui le fait rêver, ces temps-ci, c’est la possibilité d’aller présenter ses chorégraphies de l’autre côté de l’Atlantique, où l’on se montre ouvert au travail des Québécois. «Si j’étais resté à Toronto, je n’aurais pu envisager un tel projet. J’aurais tourné surtout au Canada.»
Du 5 au 8 novembre
A Tangente